Paris 8 - Université des créations

Partager

ajouter au panier

Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/05/1999
EAN : 9782842920562
Première édition
CLIL : 3146 Lettres et Sciences du langage
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842920562

La linéarité

N°28/1999

La question de la linéarité traverse la grammaire, et les contributions de ce numéro l’abordent depuis des points de vue très divers – phonologiques ou syntaxiques – et dans des champs variables – discursifs ou textuels.

 Patrick Sauzet
La linéarité

 

Anne Abeillé et Danielle Godard
La position de l’adjectif épithète en français : le poids des mots

 

Sabine Boucheron
Ponctuation, sujets et linéarité : le foisonnement paranthétique dans l’incipit du Palace de Claude Simon

 

David Houghton
Relinearizing phonology : an edge feature account of tone in Shona

 

Patrick Sauzet
Consonnes latentes : liaison et linéarité

 

Tobias Scheer
L’alternance schwa-zéro : syllabes et adjacence

 

Philippe Schlenker
La flexion de l’adjectif en allemand : la morphologie de haut en bas

 

Sophie Wauquier-Gravelines
Segmentation lexicale de la parole continue : la linéarité en question

 

 

Rubrique hors thème

 

Jung-Sup Bak
Portées de quantificateurs et ordres des mots en coréen

 

 

Rubrique ‘Patalinguistique’

 

Gérard Zamioune
La critique littéraire scientifique, surgeon de la linguistique générale. Une illustration à partir de trois inédits critiques d’un poème de Stéphane Mallarmé

 Anne ABEILLÉ et Danielle GODARD : « La position de l’adjectif épithète en français : le poids des mots »
Nous proposons une analyse de l’ordre des adjectifs épithètes par rapport au nom en français qui dépend crucialement de la notion de Poids syntaxique. Dans notre approche, les adjectifs appartenant à certaines sous-classes sémantiques ou morphologiques sont marqués comme de poids léger, et doivent être antéposés, sauf s’ils sont coordonnés ou modifiés. La notion de légèreté permet aussi de rendre compte de l’impossibilité d’avoir des syntagmes adjectivaux complets (avec des compléments ou des modifieurs syntagmatiques) en position antéposée.

 

Sabine BOUCHERON : « La ponctuation dans le texte : parenthèses, sujets et linéarité dans l’incipit du Palace de Claude Simon »
Nous proposons d’aborder la problématique de la linéarité par le biais de la ponctuation, et particulièrement grâce à la parenthèse. Dans l’incipit du Palace de Claude Simon, on peut en effet observer que la linéarité langagière se dédouble. Un premier niveau, qui obéit aux normes scripturaires du nouveau roman, offre une description hyperréaliste d’un pigeon ; un second niveau, ménagé par les parenthèses, réintroduit des traces de subjectivité : des personnages de roman, la subjectivité modalisante d’un narrateur et le fil de l’écriture qui revient au coeur du texte. Un texte qui s’écrit donc sur plusieurs lignes, et qui permet de laisser croire qu’il est enfin possible d’échapper à cette linéarité langagière qui, d’ordinaire, contraint l’écrivain.

 

David HOUGHTON : « Relinearizing phonology : an edge feature account of Shona »
Dans cet article, un nouveau système de description des tons est présenté dans lequel la mélodie tonale est caractérisée en termes de frontières de plateau. On compare cette analyse avec l’analyse autosegmentale dans laquelle ce qui est décrit ce sont les tons exprimés sur les noyaux syllabiques. Les deux systèmes sont appliqués chacun à un ensemble de problèmes dans la tonologie de la langue Shona : la règle de Meeussen’s, la règle de Stevick, et un sous-ensemble de la tonologie du radical verbal. L’analyse en termes de frontières de plateau est plus semblable aux analyses linéaires dans la mesure où il ne contient pas de liages multiples des tons aux syllabes. Il est plus simple formellement dans la mesure où il a besoin de moins de stipulations. Il est moins puissant dans la mesure où les règles peuvent affecter moins de traits et de moins de façons : toute règle remet le ton au niveau de défaut aux jointures morphologiques. Ainsi, cette analyse révèle plus clairement la présence de schèmes tonals en Shona. De plus, ses règles sont motivées fonctionnellement et on peut les appliquer lors de la production du discours, contrairement aux règles de l’analyse autosegmentale.

 

Patrick SAUZET : « Linéarité et consonnes latentes »
Soit l’hypothèse que la linéarité n’est pas constatée et utilisée, mais bien construite par la syllabation dans les morphèmes, à partir d’une accessibilité différenciée des segments. D’une part cela permet de poser que la phonologie produit aussi pour partie l’ordre des morphèmes, et se trouve ainsi à l’origine de la morphologie et du mot. D’autre part cela autorise à poser, de manière dérivée ou lexicale, des morphèmes dont le contenu phonique est plus connexe qu’une concaténation ou, inversement, dont le contenu phonique est discontinu. Utilisant cette dernière possibilité, on caractérisera la déficience des consonnes latentes du français, non comme un flottement (statut plus problématique qu’il ne semble), mais comme une dissociation. Une telle analyse permet d’envisager, outre la latence constante (“petit, petit-t-ami, petitesse”), la latence variable (“grand, grande, grand-t-ami”, “vert, verte, verdure”), ainsi que d’autres faits de supplétisme (“beau, bel”) et de variabilité finale (“sec, sèche”).

 

Tobias SCHEER : « Aspects de l’alternance schwa-zéro à la lumière de “CVCV” »
Le présent article discute la distribution des groupes consonantiques adjacents à schwa en français métropolitain. L’étude porte sur l’influence qu’ont ces groupes sur la possibilité d’omettre schwa. Celui-ci peut chuter chez au moins un sous-ensemble des locuteurs s’il est suivi d’une séquence à sonorité croissante (“le søcret”) ou si une entrave le précède (“marguørite”). En revanche, schwa est obligatoirement réalisé lorsqu’il est précédé d’une Attaque branchante (“*vendrødi”) (le français ne connaît pas d’entraves suivant schwa). Cet état de fait remet en question des analyses formulées dans le cadre de la Phonologie de Gouvernement. Notamment, les généralisations pivot “le Gouvernement Propre ne peut enjamber des domaines de gouvernement” et “toute tête de domaine de gouvernement non nucléaire doit être licenciée” s’en trouvent falsifiées. Au vu d’autres alternances voyelle-zéro dans diverses langues génétiquement non-apparentées, il apparaît néanmoins qu’une analyse unifiée incluant le français est souhaitable. Une proposition faite dans Lowenstamm (1996) se révèle fructueuse à cet égard. La structure syllabique s’y résume à une consécution stricte d’Attaques non-branchantes et de Noyaux non-branchants. Il est montré que ce modèle “CVCV” accompagné d’une théorie de l’interaction entre consonnes peut fournir une analyse unifiée des cas de figure “marguørite” et “søcret”. Du reste, l’agrammaticalité de “*vendrødi” en est une conséquence naturelle.

 

Philippe SCHLENKER : « La flexion de l’adjectif en allemand : la morphologie de haut en bas »
L’adjectif allemand reçoit une terminaison différente selon sa position dans le groupe nominal : la terminaison exprime de nombreux contrastes de genre/nombre/cas lorsque l’adjectif n’est précédé d’aucun élément fléchi ; dans le cas contraire la terminaison est appauvrie, et nombre de distinctions sont neutralisées. Nous suggérons que : (1) Un unique complexe de traits est transmis séquentiellement du haut au bas d’un groupe nominal. (2) À chaque étape, un morphème est inséré, et les traits qu’il exprime peuvent être retirés du complexe, si bien que les adjectifs suivants héritent d’un ensemble de traits appauvri &endash; ce qui conduit à neutraliser la plupart des contrastes.

 

Sophie WAUQUIER-GRAVELINES : « Segmentation lexicale de la parole continue : la linéarité en question »
Les caractéristiques physiques du signal, ainsi que les modélisations de la chaîne parlée le plus souvent retenues dans les modèles psycholinguistiques (représentation orthographique ou phonologique SPE) ont longtemps influencé une conception strictement algorithmique et linéaire du traitement de la parole continue. Néanmoins, la synthèse des plus récentes propositions de la psycholinguistique expérimentale et de la phonologie multilinéaire nous amène à mettre à jour les limites d’une telle conception et nous invite à envisager l’existence de stratégies heuristiques incluant le stockage temporaire et/ou l’existence de calculs rétroactifs permettant l’extraction rapide et efficace de l’information lexicale.

 

Jung-Sup BAK : « Portée des quantifieurs et ordres des mots en coréen »
Cet article vise à décrire la portée des quantifieurs dans diverses constructions à quantifieurs multiples en coréen. Pour ce faire, il adopte la théorie de Diesing qui permet d’expliquer de nombreux phénomènes de quantification dans diverses langues. Il propose par ailleurs une analyse nouvelle d’un déplacement dit “M(iddle)-scrambling” dans des langues comme le coréen. Depuis longtemps, il a été admis dans la littérature que le sujet se comporte comme une exception au regard de M-scrambling. Mais cette idée couramment admise est rejetée dans ce travail. Il est démontré ici que M-scrambling est un déplacement vers une position hors de vP qui concerne tous les syntagmes non prédicatifs. Cette analyse de M-scrambling, combinée avec la théorie de Diesing, permet de rendre compte correctement des faits de quantification en coréen.

 Anne ABEILLÉ et Danielle GODARD : « La position de l’adjectif épithète en français : le poids des mots »
We suggest an explanation of the position of the attributive adjective with respect to the Noun in French, based on the notion of syntactic Weight. In our approach, adjectives belonging to certain morphological or semantic subclasses are marked as being “lite weight”, and must be preposed, except if they are modified or conjoined. The notion of liteness also accounts for the impossibility to prepose full adjectival phrases (with complements or phrasal modifiers).

 

Sabine BOUCHERON : « La ponctuation dans le texte : parenthèses, sujets et linéarité dans l’incipit du Palace de Claude Simon »
We set out to deal with the question of linearity through punctuation, especially through the effects of brackets. In the incipit of Claude Simon’s Palace, it can be noticed that the linearity of language gets double. A first level, subjected to the scriptural norms of the nouveau roman, provides a hyperrealistic description of a pigeon ; a second level, brought about by brackets, reintroduces traces of subjectivity : novel characters, the modalizing subjectivity of a narrator and the thread of writing, which reappears at the heart of the text. This text is thus written along several lines, and makes it as if it was possible to avoid the language linearity which ordinarily constrains the writer.

 

David HOUGHTON : « Relinearizing phonology : an edge feature account of Shona »
In this paper, a new system of description of register tone is presented wherein the characteristic of the melody which is described is the location of edges between tonal plateaus. This is contrasted with the standard non-linear autosegmental account wherein the characteristic described is the tone expressed on syllable nuclei. The two systems of description are each applied to a set of problems in Shona tonology : Meeussen’s rule, Stevick’s rule, and some of the tonology of the verb stem. The edge feature account is more like linear analyses in that it does not involve multiple linking of tones to syllables. It is formally simpler in the number of stipulations it requires. It is less powerful in that its rules are more restricted in the features they can affect and how and where they can affect them : they all reset the pitch to the default tone at morphological junctures. In this, it better reveals patterns in the tonology of Shona. Moreover, its rules are functionally motivated and applicable on-line, unlike the rules of the autosegmental account.

 

Patrick SAUZET : « Linéarité et consonnes latentes »
Suppose linearity doesn’t pre-exist to syllabification but is built by it, within morphemes, on the basis of the relative accessibility of segments. On the one hand, applying syllabification to syntacticlike structures allows deriving, via phonology, part of the order prevailing between morphemes. Morphology and words thus appear as effects of phonology. On the other hand, it makes it possible for morphemes to embody a segmental content more connected than traditional concatenated morphemes are, or, on the contrary, presenting discontinuities. Elaborating upon this latter possibility, latent consonants (as are typically present in the phonology of French) are analysed as dissociated segments, viz. dissociated from the bulk of the phonetic specifications (instead of “floating” which, it is claimed, appears to be more problematic than is currently assumed). The analysis advocated here not only allows dealing with invariable latency (“petit, petit-t-ami, petitesse”), but also with variable latency (“grand, grande, grand-t-ami”, “vert, verte, verdure”), suppletion (“beau, bel”) and other word final variability phenomena (“sec, sèche”).

 

Tobias SCHEER : « Aspects de l’alternance schwa-zéro à la lumière de “CVCV” »
This article discusses the distribution of consonant clusters adjacent to Metropolitan French schwa. Their influence on the possibility of eliding schwa are examined. The French central vowel can be dropped by at least a subgroup of speakers when followed by a sequence of rising sonority (“le søcret”) or preceded by a Coda-Onset cluster (“marguørite”), while preceding branching Onsets enforce its presence (“*vendrødi”) (following Coda-Onset clusters do not occur). This situation casts doubt on previous analyses carried out within the framework of Government Phonology. Namely, the statements “Proper Government may not apply over a governing domain” and “heads of non-nuclear governing domains need to be licensed” are falsified. However, French vowel-zero alternations share crucial properties with similar alternations in many other languages, so that a unified account is called for. I argue that such an analysis may be achieved when assuming a “CVCV” syllable structure, as proposed in Lowenstamm (1996). In this view, constituency boils down to a strict sequence of non-branching Onsets and non-branching Nuclei. It is shown that a unified account may be proposed for both the “marguørite” and the “søcret” case if a theory of consonantal interaction is implemented into the theory. As a by-product, the impossibility of “*vendrødi” falls out naturally.

 

Philippe SCHLENKER : « La flexion de l’adjectif en allemand : la morphologie de haut en bas »
German adjectives may receive different endings depending on their position in a Noun Phrase. An adjectival ending expresses lots of gender/number/case contrasts when it is not preceded by any other inflected element ; otherwise the ending is impoverished, and most contrasts are neutralized. We suggest that : (1) A single feature bundle is transmitted sequentially from the top to the bottom of an NP. (2) At each step a morpheme is inserted, and the features that it expresses can be deleted from the bundle, so that the following adjectives inherit an impoverished set of features &endash; which leads to the neutralization of most contrasts.

 

Sophie WAUQUIER-GRAVELINES : « Segmentation lexicale de la parole continue : la linéarité en question »
Speech signal and phonological representations of speech adopted by psycholinguistical models (SPE model) have supported for a long time a strictly left-right algorithmic linear conception of speech treatment. Last experimental results and last psycholinguistical modelisations, as also proposals of multilinear phonology, invite us to consider that speech treatment could be more heuristic and could include both proactive and retroactive processes.

 

Jung-Sup BAK : « Portée des quantifieurs et ordres des mots en coréen »
This article aims at describing the quantifier scope in various multi-quantifier constructions in Korean. For that purpose, it adopts the theory of Diesing which offers an explaination of many quantification phenomena in different languages. Moreover, it proposes a new analysis of a movement called ” M(iddle)-scrambling ” in languages like Korean. For a long time, it has been thought in the literature that the subjet behaves as an exception with respect to M-scrambling. But this widely admitted idea is rejected in this paper. It is demonstrated here that M-scrambling is a movement toward a position outside vP which concerns all the non predicative phrases. This analysis of M-scrambling, combined with the theory of Diesing, offers a correct explaination of quantification facts in Korean.

Mots clefs :

ajouter au panier

Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/05/1999
EAN : 9782842920562
Première édition
CLIL : 3146 Lettres et Sciences du langage
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842920562

Sur le même thème