Redouane DJAMOURI : « Emploi des signes numériques dans les inscriptions Shang »
Cet article donne une analyse détaillée du rôle des nombres dans la grammaire du chinois archaïque. Il propose une hypothèse selon laquelle la formation du système de nombres fut étroitement liée, et en un sens déterminée, par la fonction grammaticale des nombres. Il contient de nombreuses mises au point sur des thèses antérieures, relatives à la forme écrite des nombres sur les os oraculaires.
Karine CHEMLA : « Nombre et opération, chaîne et trame du réel mathématique. Essai sur le commentaire de Liu Hui sur Les neuf chapitres sur les procédures mathématiques »
L’auteur propose une nouvelle interprétation du sens du mot shu, “nombre”, fondée sur l’analyse de plusieurs fragments des commentaires de Liu Hui (fl. 263) au traité mathématique Les neuf chapitres sur les procédures mathématiques. Elle suggère que le commentateur a utilisé consciemment la polysémie de certains mots chinois pour appliquer les mêmes procédures générales aux nombres et aux algorithmes. Cela lui permet d’avancer une hypothèse sur la signification du mot shu dans la mathématique de l’époque.
Alexeï VOLKOV : « Grands nombres et baguettes à calculer »
Cet article traite du problème de la finitude des nombres, tel que formulé par le traité du IIIe siècle (?) Shu shu ji yi, de Xu Yue, sur lequel Zhen Luan rédigea un commentaire au VIe siècle. L’auteur suggère que le traité a pu être repris dans le cadre des débats sur la notion bouddhiste de réincarnation. Il discute également la construction théorique, similaire à celle d’Archimède dans l’Arénaire, permettant d’obtenir des nombres aussi grands que l’on veut, aussi bien que le rôle des instruments de calcul dans l’établissement d’une notion générale de nombre.
Isabelle ROBINET : « Le rôle et le sens des nombres dans la cosmologie et l’alchimie taoïstes »
L’auteur fournit d’abondantes données sur l’usage des nombres dans les textes du Daozang. Elle montre comment les nombres furent utilisés symboliquement et met en évidence comment les opérations arithmétiques (représentation comme somme ou comme produit de plusieurs termes) ont permis d’articuler, via les nombres, les pratiques rituelles et alchimiques avec la cosmologie taoïste dans ses aspects temporels aussi bien que spatiaux.
John S. MAJOR : « Cycles célestes et harmonie mathématique dans le Huainanzi »
Cet article est consacré aux relations entre le calendrier et la gamme musicale, et contient une traduction complète du passage du Huainanzi (chapitre III) concernant le calcul de la longueur des tubes musicaux étalons. L’auteur y discute également le rôle joué par l’instrument que l’on a appelé ” cosmographe” ou “table cosmique” (shi) dans la mise en place de correspondances entre plusieurs séries de données calendériques et de phénomènes astronomiques.
Hans Ulrich VOGEL : « Aspects de la métrosophie et de la métrologie à l’époque Han »
L’article étudie la mise en oeuvre de corrélations symboliques dans le système des unités de mesure standard élaboré par Liu Xin au début du premier siècle de notre ère. L’auteur y discute en détail le chapitre XXI du Hanshu consacré au système d’unités de longueur, de poids et de contenance, lequel ouvre sur la construction d’une cosmologie reposant sur des correspondances numériques strictes.
Geoffrey LLOYD : « Apprendre par les nombres »
L’auteur compare les sujets traités par les divers articles de ce recueil consacré aux notions chinoises de nombre avec les sujets semblables développés en Grèce ancienne. Il envisage essentiellement des traités grecs de philosophie, d’astronomie et de mathématiques, et insiste également sur les aspects sociaux de la “science des nombres” en Chine et en Grèce.