Paris 8 - Université des créations

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Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/05/2001
EAN : 9782842920920
Première édition
CLIL : 3147 Linguistique, Sciences du langage
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842920920

Études diachroniques – Histoire du français

N°30/2001

La linguistique, après s’être longtemps cantonnée dans la synchronie, revient aux problème d’évolution historique avec de nouveaux outils, particulièrement en syntaxe.

Patrick Bellier
Présentation. Variations dans la structure de la phrase

 

Paul Hirschbuhler et Marie Labelle
La position des clitiques par rapport au verbe à l’impératif dans l’évolution du français

 

Pierre Jalenques
Quand la diachronie renvoie à la synchronie : études des emplois idiomatiques du préfixe re en français (renier, remarquer, regarder, etc.)

 

Yves-Charles Morin
Le statut des consonnes flottantes dans la morphologie du verbe français depuis le Moyen Âge

 

Tobias Scheer, Philippe Segeral,
Les séquences consonne + yod en gallo-romain

 

Article Hors thème

Ilan Hazout
Le contrôle d’argument et la notion sémantique de but

 Patrick BELLIER : « Variations dans la structure de la phrase »
Parler de syntaxe diachronique est un paradoxe dans un cadre où la syntaxe est inerte. On ne peut qu’étudier ses interactions avec son environnement lexical et morphologique. L’ancien français est caractérisé entre autres par son caractère V2 et par l’effacement du sujet pronominal dans les contextes d’inversion. Pour comprendre le passage au français moderne, on ne peut sans doute pas faire l’économie d’un détour par la phonologie (l’accent de mot), la morphologie (les valeurs des formes verbales) et la pragmatique discursive (topique et focus).

Paul HIRSCHBÜHLER et Marie LABELLE : « La position des clitiques par rapport au verbe à l’impératif dans l’évolution du français »
Après avoir passé en revue l’évolution de la position des clitiques objets par rapport au verbe conjugué dans l’histoire du français, en particulier dans les impératives, nous étudions les développements les plus récents du français pour les impératives négatives sans ne, ce qui nous permet de mettre en évidence des contrastes qui n’avaient jamais été notés jusqu’ici. L’article propose une analyse de la linéarisation des clitiques par rapport au verbe qui repose en partie sur des propriétés lexicales de ceux-ci. Les changements dans la position des clitiques sont attribués pour une part à des changements dans leurs propriétés lexicales, pour une autre à des changements syntaxiques indépendants.

Pierre JALENQUES : « Quand la diachronie renvoie à la synchronie : étude des emplois idiomatiques du préfixe RE en français (renier, remarquer, regarder, etc.) »
Cet article s’intéresse aux verbes du français dont la forme préfixale est morphologiquement identifiable au préfixe RE, mais dont le sens n’est pas intuitivement perçu comme compositionnel par rapport au sens de RE et à celui de la base (tels que renier, remarquer, regarder). Cette “non-compositionnalité” apparente, en français contemporain, est généralement expliquée comme le résultat d’une évolution diachronique.
Dans un premier temps, nous montrons que l’explication diachronique traditionnelle postulant une “usure” du sens de RE à partir d’un sens originel d’itération ne tient pas. Dans un deuxième temps, nous montrons que le principe même d’une explication diachronique de l’opacité sémantique de ces verbes ne tient pas. Dans un troisième temps, nous esquissons une explication synchronique de cette opacité sémantique.

Yves Charles MORIN : « La troncation des radicaux verbaux en français depuis le Moyen Âge »
Les verbes du français moderne dont les infinitifs se terminent par -ir, -oir ou -re font typiquement intervenir deux radicaux, un radical court et un radical long; p. ex. pour battre, les radicaux °ba (il bat) et °bat (qu’il batte). Cet article montre que le radical court à la 1sg du présent de l’indicatif s’observe très tôt dans certains dialectes de l’ancien français, bien avant qu’il n’est normalement admis. Deux mécanismes sont impliqués: une analogie traditionnelle sur le modèle de devoir pour les verbes du type recevoir, fondée sur l’identité phonique des terminaisons, et une généralisation à la pause de la forme de sandhi devant consonne, qui affecte d’abord les verbes dont les radicaux se terminent par plusieurs consonnes, comme pendre ou garder. Enfin, une autre analogie rend compte de ce qui constitue probablement la première forme de liaison du français: l’apparition d’un [z] après les formes du 1sg du présent de l’indicatif devant un mot à initiale vocalique, comme dans je ri z-et pleure. Dans de nombreux usages, ce [z] de liaison n’avait pas de contrepartie sourde à la pause; ainsi (je) ri se prononçait [ri], contrairement à (tu) ris qui se disait [ris].

Tobias SCHEER et Philippe SÉGÉRAL : « Les séquences Consonne + yod en gallo-roman »
Dans un cadre syllabique “CVCV”, une séquence Cj issue de la consonification de i / e brefs latins en hiatus est une séquence hétérosyllabique, de type “Coda-Attaque”. Ceci implique que j est en position forte (“appuyée”) et C en position faible (Coda syllabique). L’évolution en gallo-roman des séquences [labiale + j] confirme l’analyse: yod se renforce en position forte (> dJ) et la labiale s’affaiblit en position faible (> ø). Partant de ce cas, nous montrons qu’il en va de même pour tous les groupes Cj. Le renforcement de yod revêt deux formes différentes: la fortition (affrication en dJ), et la gémination de yod. (Les séquences t + i / e en hiatus appartiennent à une phénoménologie différente.) La substance phonétique apparaît ainsi comme secondaire (non causale) dans les “palatalisations”. Ces “palatalisations” impliquant yod sont, fondamentalement, la manifestation d’un processus positionnel.

Ilan HAZOUT : « Le contrôle d’argument et la notion sémantique de But »
Le DP ha-mexonit “la voiture” dans (i) est interprété comme l’objet du nom dérivé tikun “réparation” enchassé dans le PP qui suit.

(1) Dan hiS’ir et ha-mexonit [le- tikun
Dan laissa Acc la voiture pour réparation
Dan laissa la voiture pour réparation.

Nous faisons l’hypothèse que cette relation de dépendance référentielle est un phénomène d’interprétation sémantique n’ayant aucune relation correspondante de dépendance syntaxique. Notre proposition principale concerne le contenu sémantique de la préposition le “pour”, la tête du PP, qui est associé avec la notion sémantique de but. Ce PP, ayant comme complément de le “pour” un NP qui dénote un événement, est un prédicat sémantique. Une relation de dépendance référentielle entre un argument du nom dérivé et le sujet de ce prédicat est dérivée par l’intermédiaire du contenu sémantique de le “pour”. 

 Patrick BELLIER : « Variations dans la structure de la phrase »
To talk about diachronic syntax is a paradox in a framework where syntax is essentially inert. The only way out is to study its interactions with its lexical and morphological environment. Old French is a V2 language that drops pronominal subjects in inversion contexts. An understanding of the evolution towards Modern French seems to involve phonology (word stress), morphology (verbal forms) and discourse theory (topic and focus).

Paul HIRSCHBÜHLER et Marie LABELLE : « La position des clitiques par rapport au verbe à l’impératif dans l’évolution du français »
After having reviewed the evolution of the position of object clitics in the history of French, in particular in imperative clauses, we study the most recent developments in negative imperatives without ne, pointing out facts which had escaped attention to this date. The article proposes an analysis of the linearization of clitics with respect to the verb based in part on lexical properties of the clitics. Changes in clitic position are attributed in part to changes in their lexical properties, in part to independent syntactic changes.

Pierre JALENQUES : « Quand la diachronie renvoie à la synchronie : étude des emplois idiomatiques du préfixe RE en français (renier, remarquer, regarder, etc.) »
In this article, we study French verbs whose prefixal component is morphologically identifiable to the prefix RE, but whose meaning cannot be intuitively analyzed from the meaning of RE and that of the verb stem (verbs like reconnaître, remarquer, regarder). This semantic opacity is usually explained as the result of a diachronic evolution.
We start with showing that the traditional diachronic explanation, which postulates an erosion of the meaning of the prefix from an original meaning of iteration is inaccurate. Then, we show that the very possibility of any diachronic explanation of the semantic opacity of verbs like regarder must be rejected. Finally, we outline a synchronic explanation of semantic opacity.

Yves Charles MORIN : « La troncation des radicaux verbaux en français depuis le Moyen Âge »
In Modern French, verbs with infinitive endings in -ir, -oir or -re normally have two stems, a long stem and a short stem, e.g. for battre, stems °ba (il bat) and °bat (qu’il batte). This article shows that in some Old French dialects the short stem appeared in 1sg present indicative forms much earlier than is commonly assumed. Two mechanisms are involved: a classical analogy for verbs such as recevoir, based on the phonic identity of their endings with devoir, and the generalization at the pause of preconsonantal sandhi forms, first observed for verbs with stems ending in two consonants, e.g. pendre or garder. A third analogy is responsible for what is probably the first attested form of liaison in French, viz. the [z] found after 1sg present indicative forms before a vowel-initial word, as in je ri z-et pleure ‘I laugh and cry’. In many dialects, this liaison [z] did not alternate with a voiceless [s] at the pause; thus (je) ri ‘I laugh’ was pronounced [ri], unlike (tu) ris [ris] ‘you laugh’.

Tobias SCHEER et Philippe SÉGÉRAL : « Les séquences Consonne + yod en gallo-roman »
In a ‘CVCV’ syllabic framework, any Cj cluster resulting from the consonantification of Latin short i / e’s in hiatus is a heterosyllabic cluster, of the type ‘Coda-Onset’. This implies that j is in the strong position (Onset after a consonant) and C in the weak position (syllabic Coda). The evolution of [labial + j] clusters in Gallo-Romance confirms this analysis: yod is strengthened in the strong position (> dJ), while the labial is weakened in the weak one (> ø). We show that this is true for any Cj cluster as well. The strengthening of yod has two different forms: fortition (affrication to dJ) and gemination of yod. (The case of t + i / e in hiatus belongs to a separate phase.) In so-called ‘palatalizations’, the phonetic nature of the adjacent segments turns out to be secondary ‘palatalizations’, and are clearly not the cause of the evolutions. ‘Palatalizations’ which involve yod essentially instantiate a positional process.

Ilan HAZOUT : « Le contrôle d’argument et la notion sémantique de But »
The DP ha-mayim ‘the water’ in (i) is understood as the object of the derived nominal Stiya ‘drinking’ embedded in the following PP.
(1) Dan hevi et ha-mayim le- Stiya
Dan brought Acc the water for drinking
Dan brought the water for drinking.
It is claimed that this relation of referential dependence is an effect of semantic interpretation which involves no syntactic dependency between constituents in a syntactic representation. The main point of the analysis is a proposal concerning the meaning of the preposition le ‘for’ which heads the PP in such constructions. Le ‘for’ is associated with the notion of purpose. It takes an event-denoting nominal as a complement to create a predicate. A relationship of referential dependence between an argument of the complement of le ‘for’ and the subject of this predicate is mediated by the meaning of this preposition.

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Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/05/2001
EAN : 9782842920920
Première édition
CLIL : 3147 Linguistique, Sciences du langage
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842920920

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