Paris 8 - Université des créations

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/06/2004
EAN : 9782842921514
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921514

Éthique et pratiques médicales aux derniers siècles du Moyen Âge

N°46/2004

La pratique médicale connaît une évolution décisive à partir du XIIIe siècle : constitution d’un cursus d’enseignement, de Facultés, de l’accès à la profession par des instances spécialisées, appointement par les communes de médecins salariés.

Autant de transformations relayées par des autorités publiques soucieuses de disposer d’un corps médical apte à prendre en charge la santé des populations. Dans le droit romain retrouvé, le médecin puise une justification sociale, mais aussi éthique. Les études rassemblées ici privilégient le lien entre patients et praticiens ; c’est cette interaction essentielle qui conduit les médecins à mieux définir l’objet même de leur art, le champ et les limites de leurs compétences, l’éthique à adopter dans leur pratique, ou encore les rapports que leur discipline doit entretenir avec d’autres savoirs proches. Aux côtés d’une médecine appointée par les grands, on assiste ainsi à l’émergence d’une certaine « démocratisation » liée au développement du souci de soi.

Marilyn Nicoud
Introduction

 

Danielle Jacquart
Le difficile pronostic de mort (XIVe-XVe siècles)

Chiara Crisciani
Éthique des
consilia et de la consultation : à propos de la cohésion morale de la profession médicale (XIIIe-XVe siècles)

Michael R. McVaugh
Le coût de la pratique et l’accès aux soins au XIVe siècle : l’exemple de la ville catalane de Manresa

Laurence Moulinier-Brogi
Esthétique et soins du corps dans les traités médicaux latins à la fin du Moyen Âge

Nicolas Weill-Parot
La rationalité médicale à l’épreuve de la peste : médecine, astrologie et magie (1348-1500)

Joseph Ziegler
Médecine et physiognomonie du XIVe au début du XVIe siècle

 

 

Essais et Recherches

 

 

Lydwine Scordia
” Le roi refuse l’or de ses sujets “. Analyse d’une miniature du Livre de bonnes meurs de Jacques Legrand (Ý 1415)

 

Point de vue

 

Christopher Lucken
Les Sarrasins ou la malédiction de l’autre

 

– Notes de lecture
– Sommaires d’ouvrages collectifs
– Livres reçus

Danielle Jacquart : « Le difficile pronostic de mort (XIVe-XVe siècles) »

Le conseil de ne pas traiter les cas incurables, présent dans certains textes de la Collection hippocratique, fut repris par les auteurs médiévaux d’ouvrages de chirurgie. Mais qu’en était-il des médecins ? À travers les propos de deux prolixes auteurs, l’un et l’autre fortement engagés dans une pratique, Bernard de Gordon (fin XIIIe-début XIVe s.) et Jacques Despars (m. 1458), il apparaît que leur réticence ne tenait pas tant à soigner des cas incurables qu’à poser un pronostic fatal. Les signes annonciateurs de mort – sauf si celle-ci était proche – se laissaient difficilement reconnaître. Pour un médecin il semblait plus déshonorant de pronostiquer à tort la mort que l’inverse. La récurrence des épidémies de peste, à la fin du Moyen Âge, força toutefois la réticence des médecins et les mena à poser plus souvent ce pronostic qui leur répugnait.

Maladies – mort – pronostic – médecine – fin du Moyen Âge

 

Chiara Crisciani : « Éthique des consilia et de la consultation : à propos de la cohésion morale de la profession médicale (XIIIe-XIVe siècles) »

Dare consilia est une des activités du médecin savant, formé à l’Université. Mise à part la tradition, typique des praticiens italiens, des consilia (écrits et formulés pour des patients), il est un acte médical important, la consultation, dans laquelle plusieurs médecins sont amenés à conférer sur l’état d’un malade, et à conseiller, pour finir, une procédure. Cette consultation est un des aspects du comportement du médecin qui n’est régulé ni par des normes corporatives ni par des décrets ecclésiastiques ; en d’autres termes, elle fait partie des règles d’éthique ou “étiquette” que tout bon professionnel doit posséder. Sont analysées ici les règles que Henri de Mondeville, dans sa Chirurgia, établit pour cette réunion de médecins définie comme une collatio. Ses instructions sont confrontées tant avec celles que fournit Henri sur le comportement du médecin-chirurgien dans d’autres situations, qu’avec d’autres textes traitant de déontologie ou divers comptes rendus de consultation par des professionnels. Il en ressort que ces directives ou “conseils” d’Henri de Mondeville n’ont pas seulement pour finalité une plus grande efficacité de la pratique professionnelle, mais peuvent aussi être vus comme l’expression de l’éthique spécifique d’une communauté scientifique, celle des médecins du bas Moyen Âge.

Consultation – Chirurgie – Henri de Mondeville – éthique professionnelle – XIVe siècle

 

Michael Mc Vaugh : « Le coût de la pratique et l’accès aux soins au XIVe siècle : l’exemple de la ville catalane de Manresa »

L’étude de l’accès aux soins et de leur coût dans la petite ville catalane de Manresa au début du XIVe siècle révèle que la ville versait un salaire à un médecin et à un chirurgien pour qu’ils soignent gratuitement les habitants, mais aussi que l’on pouvait recourir à d’autres praticiens. En outre, en raison du faible montant du salaire versé par la ville, les praticiens étaient obligés de chercher des patients dans les environs. Les habitants de Manresa semblent avoir également eu recours aux apothicaires pour se soigner ; les remèdes énumérés dans le ” Receptari ” de l’un de ces apothicaires, Bernat des Pujol, suggèrent que toutes les couches de la société venaient le trouver pour des soins de routine, en particulier des purgatifs, qui semblent avoir été peu coûteux. Les soins médicaux semblent donc avoir été d’un accès facile pour les habitants de la ville, mais à cause de leur faible coût, il était difficile pour les praticiens de Manresa de bien gagner leur vie.

Manresa – prix – honoraires – soins médicaux – médecin – apothicaire

 

Laurence Moulinier-Brogi : « Esthétique et soins du corps dans les traités médicaux latins »

Aux derniers siècles du Moyen Âge, les soins de beauté semblent occuper une place croissante dans la pratique médicale, et les auteurs de traités de médecine ou de chirurgie accordent de plus en plus d’importance, sous le nom d’ornatus ou de decoratio, à ce que nous appelons aujourd’hui cosmétique ou cosmétologie. L’Antiquité avait certes légué un certain savoir en matière d’embellissement, mais le haut Moyen Âge s’avère pauvre en traces d’un tel souci, et la cosmétique n’apparaît pas dans la littérature médicale d’Occident avant la fin du XIIe siècle, ou sa deuxième moitié. De cette entrée en scène des soins de beauté, les premiers témoins se trouvent à Salerne, et, à l’origine de ces productions latines d’un genre nouveau, il y a de nouvelles sources, principalement Rhazès et Avicenne, traduits à Tolède par Gérard de Crémone (Ý 1187). L’influence de la médecine arabe en la matière reste certes à évaluer avec précision, mais incontestablement, à partir de cette date, des textes divers, religieux ou profanes, attestent la recherche massive de l’ornatus, que corrobore l’importance du sujet dans la littérature médicale. Or si des médecins s’y intéressent, c’est principalement dans les traités de chirurgiens, spécialistes des opérations manuelles dont relève a priori plus directement ” l’ornement “, que la cosmétique paraît avoir acquis droit de cité ; parmi ces Chirurgies, celles de Henri de Mondeville et de Guy de Chauliac (XIVe siècle) lui font une large part et retiennent donc ici plus longuement l’attention.

Cosmétique – Médecine Arabe – Guy de Chauliac – Henri de Mondeville – Ornatus – Salerne – Chirurgiens

 

Nicolas Weill-Parot : « La rationalité médicale à l’épreuve de la peste : médecine, astrologie et magie (1348-1500) »

Confrontée à la nouveauté que constitua l’arrivée de la peste en Occident, la médecine savante fut apparemment mise à rude épreuve. Son inadéquation n’était-elle pas visible face à ce défi pratique ? Pourtant, l’étiologie astrologique du fléau resta assez strictement naturaliste (la grande conjonction de 1345 fut considérée comme la cause de la putréfaction de l’air tenue elle-même pour responsable de la Peste Noire de 1348). Quant au recours aux empirica merveilleux ou magiques, il fut relativement limité et toujours encadré par une logique d’application respectueuse de la théorie médicale : qu’il s’agisse des gemmes ingérées comme des médicaments ou bien portées en amulettes, ou même des sceaux astrologiques talismaniques.

Médecine savante – peste – rationalité – magie – astrologie

 

Joseph Ziegler : « Médecine et physiognomonie du XIVe au début du XVIe siècle »

La médecine et la physiognomonie étaient entrelacées depuis l’Antiquité. Cet entrelacement s’intensifia énormément à partir de 1300 environ. La physiognomonie savante adopta entièrement le concept de complexion et la théorie humorale comme fondement explicatif de tous les signes physiognomoniques. Le discours physiognomonique ressembla au discours médical et reposa fortement sur des autorités médicales. La pratique physiognomonique en vint à ressembler à un bilan médical. Les physiognomonistes se mirent à vanter l’observation physiognomonique pour les médecins désireux d’améliorer leur savoir-faire dans l’identification d’une complexion.

Physiognomonie – Coclès – Louis XII – Charles VIII – Roland l’Escripvain – complexion

 

Lydwine Scordia : « “Le roi refuse l’or de ses sujets”. Analyse d’une miniature du Livre de bonnes meurs de Jacques Legrand (ca 1410) »

Le Livre de bonnes meurs a été offert en 1410 au duc de Berry par le religieux augustin Jacques Legrand. Vers 1490, un artiste de la vallée de la Loire a orné une copie de ce traité moral de 53 miniatures. L’une d’entre elles est énigmatique : représente-t-elle ” le roi levant l’impôt-or sur ses sujets ” ? Peut-on montrer à la fin du XVe siècle un roi percepteur ? La miniature soulève également la question alors posée par des théologiens, Mendiants pour la plupart, sur la nature du prélèvement fiscal : l’impôt est-il ” le salaire du roi ” ? Certains esprits subtils vont distinguer – comme cela avait été fait pour justifier la rémunération des maîtres ou des prédicateurs – ce qui relevait de la fonction ministérielle du prince, gratuite, de la pratique pénible du gouvernement, à laquelle il n’était pas tenu gratuitement.

Jacques Legrand (Ý 1415) – miniature – impôt – salaire – exégèse

 

Danielle Jacquart : « The difficult death prognosis (14th-15th centuries) »
The advice to not treat incurable cases, present already in certain texts of the Hippocratic Collection, was taken up again by medieval authors of surgery treatises. But what about the physicians ? This paper analyses the utterances of two prolix authors, both of them deeply involved in a practice, Bernard of Gordon (end of the 13th-beginning of the 14th c.) and Jacques Depars (Ý 1458), and it is evident that their reticence had more to do with the giving of a death prognosis than the curing of incurable cases. The signs that death was on the way were indeed not easy to recognize, except if the fatal hour was really near. And in a physician’s opinion, it was more dishonourable to give a wrong prognosis of death than the opposite. Yet at the end of the Middle Ages, the recurrence of plague epidemics forced the reticence of the physicians, and led them more often to give this prognosis for which they had a loathing.

Diseases – death – prognosis – medicine – late Middle Ages

 

Chiara Crisciani : « Ethics of the consilia and of the consultation : about the moral cohesion of the medical profession (13th-14th centuries) »
Dare consilia is one of the activities of a learned, University trained physician. Except the tradition of the Consilia (written and formulated for patients who are not present), used by Italian practitioners, there is another important medical act, namely the consultation, whereby several physicians are brought in to discuss the state of a sick person and to advise on how to deal with the case. This consultation is one of the aspects of a physician’s work that is regulated by neither corporative norms nor ecclesiastical decree ; in other words it forms a part of ethical rules or “etiquette” which every professional should possess. This paper analyses the directives given by Henri de Mondeville in his Chirurgia, established for such a meeting of physicians and defined as a collatio. His instructions are compared with the rules he gives for the behaviour of the doctor-surgeon in other situations, as well as other texts dealing with the deontology or various consultative reports by professionals. It is evident that these directives or “counsels” of Henri de Mondeville not only aim for a more efficent professional practice, but can also be seen as the expression of professional ethics, specific to the scientific community of doctors of the late Middle Ages.

Medical consultation – surgery – Henri de Mondeville – professional ethics – 14th century

 

Michael Mc Vaugh : « The cost and accessibility of medical care in the 14th century : the case of Manresa (Catalunya) »
A study of the cost and availability of medical care in the small Catalan town of Manresa in the early fourteenth century reveals that the town paid the salary of a physician and a surgeon who were required to attend citizens free of charge, and that other practitioners were also available there ; because town salaries were low, practitioners were forced to seek patients in the surrounding countryside as well. Citizens of Manresa seem also to have sought out apothecaries for treatment : the drugs listed in the “Receptari” of one apothecary, Bernat des Pujol, suggests that all sectors of the population came to him for routine medication, typically purges, which again cost relatively little. Medical care was apparently readily available to citizens of the town, and its inexpensiveness meant that medical practitioners in Manresa found it difficult to make much money.

Manresa – prices – fee – medical cares – medical practitioners – apothecary

 

Laurence Moulinier-Brogi : « Aesthetics and body care in latin medical treatises »
During the last centuries of the Middle Ages, beauty cares seem to play an increasing part in the medical practice, and many authors of medical or chirurgical treatises pay allways more attention to the ornatus or decoratio, i. e. what we name today cosmetics or cosmetology. Yet Antiquity had left a certain knowledge in that field, traces of such a concern in the High Middle Ages are hardly to be found, and cosmetics do not feature in the medical western litterature until the late 1100’s, or maybe the second half of that century. This coming out of cosmetology is first witnessed in Salerno, and this new kind of latin writings take their roots in new sources, principally Rhazes and Avicenna, recently translated in Toledo by Gerard of Cremona (Ý 1187). The exact influence of arabic medicine in this sphere is not perfectly known yet, but beyond all doubt, after the 12th century, a huge variety of texts, religious or lay, attest that the “ornatus” seeking was widespread. The subject interested different western doctors, but cosmetics seems to be a greater concern for surgeons, that is to say practitioners specialized in manual operations. This paper considers in particular the Chirurgiae of Henri de Mondeville and Guy de Chauliac (14th century), for the large place they give to cosmetology.

Cosmetics – arabic medicine – Guy de Chauliac – Henri de Mondeville – Ornatus – Salerno – surgeons

 

Nicolas Weill-Parot : « The medical rationality faced with the plague : medicine, astrology and magic (1348-1500) »
Facing the novelty created by the advent of the Plague in Western Europe, learned medicine was apparently put to the test. Was not obvious its inadequacy to the practical challenge ? Yet, the astrological aetiology of the scourge remained quite strictly naturalistic (the great conjunction occuring in 1345 being the cause of the putrefaction of the air responsible for the Black Death in 1348). Concerning the use of marvelous or magical empirica, it was rather limited and always framed by a logical and respectful applying of the medical theory, as shown by the gems ingested as medicines or carried as amulets, or even astrological-talismanic seals.

Learned medicine – plague – rationality – magic – astrology

 

Joseph Ziegler : « Medecine and physiognomy (1300-1500) »
Medicine and physiognomy were intertwined since ancient times. This intertwinement dramatically intensified from c. 1300 onwards. Learned physiognomy fully adopted the concept of complexion and humoral theory as an explanatory basis for the physiognomic signs. Physiognomic learned discourse resembled medical discourse and heavily relied on medical authorities. Physiognomic practice came to resemble a medical check-up. Physiognomers came to boast the usefulness of the physiognomic gaze for physicians, who wished to improve their skill of identifying complexion.

Physiognomy – Coclès – Louis XII – Charles VIII – Rolandus Scriptoris – complexion

 

Lydwine Scordia : « “The King refuses the gold of his subjectS”. Study of a miniature of Jacques Legrand’s Livre de bonnes meurs (ca 1410) »
The Livre de bonnes meurs was dedicated in 1410 by the Augustinian friar Jacques Legrand to the Duke of Berry. Towards the end of the century, an anonymous artist decorated a copy of this moral treatise with 53 miniatures. One of them is enigmatic : is it about the King levying gold taxes from his subjects ? Is it possible to represent the King as a tax collector at the end of the 15th Century ? The miniature also raises the question discussed at that time by the theologians – mostly Mendicants – about tax collecting : is taxation the “King’s wage” ? Some subtle minds answered by taking up the distinction already alleged to justify the remuneration of teachers and preachers : on one hand, the ministerial function of the monarch is free of charge, and on the other hand, the government includes a laborious practical dimension, which is not a king’s free duty.

Jacques Legrand (Ý 1415) – miniature – taxation – remuneration – exegesis

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/06/2004
EAN : 9782842921514
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921514

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