Réjean Canac Marquis : « Sloppy identity and abstraction : A view from pronouns of laziness »
Cet article défend la position qu’une analyse du phénomène de référence variable (” sloppy identity “) en terme d’abstraction lambda est inadéquate lorsque qu’elle est étendue à d’autres constructions que l’effacement de VP et l’effacement sous identité (” gapping “), en particulier aux pronoms de paresse (” pronouns of laziness “). Des données originales du français populaire québécois étayent notre proposition que la référence variable provient de deux sources distinctes et mutuellement incompatibles, soit d’une part l’utilisation pragmatique des pronoms comme fonction ouverte au niveau du discours et de la forme logique, et d’autre part, des pronoms structuralement liés et interprétés comme variables liées. Cette proposition contraste avec les traitements antérieurs, tels Cooper (1977), Bach et Partee (1980) et Heim (1990), entre autres, qui ne distinguent que l’interprétation pragmatique des pronoms de paresse. Il est ainsi proposé de formellement distinguer les pronoms libres et liés, et de manière plus générale les éléments anaphoriques libres et liés, sur la base de différents types d’index : les indices liés résultent strictement du liage (c-commande structurale), et les indices libres représentent le cas sous-spécifié, les deux types d’indices étant mutuellement incompatibles.
Brenda Laca, Liliane Tasmowski-De Ryck : « Indéfini et quantification »
Nous montrons qu’un nombre impressionnant de faits plaident en faveur de l’hypothèse avancée par Villalta (1994, 1995) selon laquelle le déterminant espagnol unos n’est pas un quantificateur : sa représentation sémantique exige en effet l’introduction d’une variable de groupe. Cependant, nous montrons aussi que unos prend des propriétés de quantificateur dès que la structure informationnelle de la phrase devient explicitement bipartite (jugement catégorique).
Marie-Thérèse Vinet : « Adverbes de quantification, négation et phénomènes d’accentuation »
Cette étude porte sur les positions variées que peuvent occuper certains adverbes de quantification, notamment (PAS) BENBEN en français québécois et (PAS) DU TOUT en français standard, dans l’ ” espace ” délimité par un NegP et !a position finale accentuée. Si, dans le modèle minimaliste de Chomsky la variation dans l’ordre des mots reflète des options dans différents types de mouvements liés à la vérification des traits et à l’action des principes d’économie invariants, nous voyons que la distribution de ces adverbes ne peut s’expliquer par un mouvement avant le point de rupture des interfaces. Nous présentons un portrait lexical de BENBEN et nous constatons que la différence avec d’autres quantifieurs (BEAUCOUP, BEN, BIEN) est avant tout liée à une focalisation par NegP, au sémantisme du prédicat et au statut mixte de BENBEN en tant qu’intensifieur et quantifieur.
Marie Labelle : «Remarques sur les verbes de perception et la sous-catégorie»
Les propriétés syntaxiques et sémantiques des compléments du verbe de perception voir sont étudiées en fonction des hypothèses de Rochette (1988) sur la correspondance syntaxe-sémantique dans le domaine de la complémentation verbale. Il est proposé que le complément à temps conjugué correspond sémantiquement à une Proposition et syntaxiquement à un CP, que le complément à l’infinitif correspond à un Événement (IP) ou à une Action (VP) et que le complément attributif est un prédicat second sur un NP objet de perception. Les faits sont évalués en regard de propositions d’analyses alternatives.
Anna-Maria Di Sciullo, Mireille Tremblay : « Configurations et interprétation : les morphèmes de négation »
Nous proposons un traitement de la négation dans les structures phrastiques (XP) et morphologiques (X0) qui conduit à la formulation d’une théorie unifiée de la négation. L’unité de notre analyse tient au fait que nous analysons les morphèmes de négation comme des foncteurs, qu’ils soient dans des expressions XP ou dans des expressions X0 et que les expressions XP et les expressions X0 incluant des morphèmes de négation soient toutes deux soumises au Principle d’interprétation complète à l’interface avec le système C-I. Les différences d’interprétation entre la négation phrastique et la négation morphologique suivent de différences structurelles. En retour, les différences de structure sont la conséquence des propriétés configurationnelles des deux interfaces en jeu : la Forme Logique (l’interface syntactico-conceptuelle) et la Forme Morphologique (l’interface morpho-conceptuelle). Finalement, nous proposons de dissocier la catégorie NEG du trait [+neg. Notre argumentation repose sur les faits du français.
Jacqueline Guéron : « Qu’est-ce-qu’une phrase impersonnelle : remarques sur le rôle du clitique se dans les langages romanes »
Consacré aux phrases impersonnelles, et aux constructions pronominales des langues romanes, cet article exploite la théorie de la vérification des traits formels développée dans le programme minimaliste de Chomsky. Nous définissons une phrase impersonnelle comme une phrase dont la tête I° est non spécifiée pour le trait de personne [ pers.]. Cette définition nous permet de rendre compte des différences distributionnelles entre les SE français et italien, et de résoudre le mystère de l’Effet Indéfini associé aux phrases impersonnelles. Nous définissons SE comme la réalisation syntaxique du trait [3ème pers.], dont l’interprétation à LF dépend seulement du contexte syntaxique. Fonctionnant comme un opérateur sur le VP SE sature le thêta-rôle externe de V soit dans le lexique, soit à LF. SE peut aussi fonctionner à LF comme le déterminant d’un pro sujet. La théorie des traits formels ne suffit pas, cependant, à déterminer la grammaticalité de toutes les phrases en SE. Pour rendre compte de l’agrammaticalité des phrases françaises comme *Il se travaille toujours trop, nous utilisons, en tâchant de la développer, la théorie de la Représentation des Événements à LF. Nous faisons l’hypothèse que toute phase qui décrit un événement doit être focalisée sur la partie médiane ou finale de l’événement. La focalisation d’un événement requiert la montée d’un argument hors du VP dans lequel ses traits de nombre et/ou personne sont vérifiés sur un noeud F.