Paris 8 - Université des créations

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 19
Langue : français
Paru le : 10/06/2006
EAN : 9782842921866
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921866

Sociétés nordiques en politique – XIIe-XVe siècles

N°50/2006

Croisant les approches des histoires politique, culturelle et des genres, ce numéro réunit des historiens, français et scandinaves, autour d’une période négligée par la bibliographie française : la Scandinavie après les Vikings.

Sur l’ensemble de l’espace nordique (péninsule scandinave, Islande et Finlande), c’est toute la société politique qui est explorée : acteurs comme discours politiques, stratégies matrimoniales comme imaginaire du pouvoir. Avec une mise au point introductive et une bibliographie complète, ce numéro se présente comme l’instrument de travail sur les sociétés nordiques du Moyen Âge qui manquait en langue française. Il marque l’émergence d’une nouvelle génération d’historiennes et d’historiens de la Scandinavie médiévale.

Elisabeth MORNET et Jean-Marie MAILLEFER
Sociétés nordiques en politique XIIe-XVe siècles. État de la question

 

Stéphane COVIAUX
Les évêques norvégiens et les idées politiques d’Occident au XIIe siècle

Einar Már J”NSSON
aLa Saga de Thordur kakali : une œuvre de propagande ?

Florent LENÈGRE
Légitimer l’intégration à l’Occident chrétien : la politique matrimoniale des rois de Norvège au XIIIe siècle

Corinne PÉNEAU
Révélations et élections. Le corps du roi et la parole dans les Révélations de sainte Brigitte

Raphaëlle SCHOTT
Marguerite, ses officiers et la lettre d’instructions à Erik de Poméranie (1405)

Jenny JOCHENS
La richesse, la sexualité et l’incitation : outils politiques des femmes dans le Nord

 

ESSAIS ET RECHERCHES

 

Béatrice DELAURENTI
La fascination et l’action à distance : questions médiévales (1230-1370)

Germana SCHIASSI
«
Aïmanz » : un chapitre de l’ « encyclopédie lyrique » de Gautier d’Épinal

 

 

 

POINT DE VUE

 

Jenny JOCHENS
Le millénaire de la conversion en Islande

 

Notes de lecture
Sommaires d’ouvrages collectifs
Livres reçus

Stéphane COVIAUX : « Les évêques norvégiens et les idées politiques d’Occident au XIIe siècle »

Cet article a pour ambition d’étudier l’image que les évêques de Norvège avaient de leur pouvoir dans la société du XIIe siècle et comment cette image évolua à mesure que l’Église norvégienne, traditionnellement liée à l’Angleterre, se tournait vers le sud de l’Europe. Au cours de la première moitié du siècle, au contact des archevêques danois de Lund, ils se familiarisèrent avec les conceptions théocratiques issues de la réforme grégorienne. Après la fondation en 1152-1153 de la province de Nidaros, qui les mit directement au contact de la papauté, ils affichèrent clairement leur attachement à ces conceptions. En ce domaine, l’archevêque Eystein Erlendsson (1161-1188) prôna la modération, probablement inspiré par les idées du maître parisien Hugues de Saint-Victor. Son successeur Erik Ivarsson (1188-1205) opta en revanche pour une conception plus radicale de la théocratie, sous l’influence des papes Célestin III et Innocent III.

Évêques – Église et royauté – idées théocratiques – société norvégienne

 


Einar Már JONSSON : « La Saga de Thordur kakali : une œuvre de propagande ? »

Il est couramment admis que parmi les sources de la Sturlunga saga il y avait une « Saga de Thórdur kakali », dont le compilateur aurait coupé le début et la fin pour ne garder que la partie concernant les années 1242-1250. L’article propose une autre hypothèse sur ce texte : il ne serait pas un fragment d’une saga au sens courant de ce mot, mais un écrit politique de circonstance destiné à expliquer l’action de Thórdur, membre de la puissante famille des Sturlungar et à justifier sa domination sur l’Islande. Composé lorsque Thórdur était au sommet de sa puissance, cet écrit se serait arrêté avant son départ pour la Norvège en 1250, qui sonna le glas de ses ambitions politiques.

Aristocratie islandaise – conflits de pouvoir – saga – propagande politique

 

Florent LENEGRE : « Légitimer l’intégration à l’Occident chrétien : la politique matrimoniale des rois de Norvège au XIIIe siècle »

Les rois de Norvège, à partir des années 1240, sous l’impulsion du roi Håkon Håkonsson, cherchent à intégrer durablement leur royaume, converti depuis à peine deux siècles, au sein de l’Occident chrétien. Entre autres stratégies, ils mettent en œuvre une politique matrimoniale visant à les faire entrer dans le vaste réseau familial des souverains occidentaux, et à profiter ainsi des systèmes d’alliances qui leur assureraient une place légitime dans le concert des royaumes occidentaux du XIIIe siècle.
Les efforts des rois de Norvège pour s’aligner sur le modèle des royaumes d’Occident aboutirent à leur reconnaissance sur la scène occidentale en 1247. À partir de là, ils entreprirent une politique matrimoniale ambitieuse dont les effets restèrent néanmoins discrets : après une tentative sans lendemain vers la Castille, le mariage d’Erik de Norvège avec Marguerite d’Écosse en 1281 leur permit d’intégrer le réseau familial du roi d’Angleterre. Mais on retient surtout l’échec du projet de mariage de Marguerite, fille unique d’Erik et Marguerite, avec le fils aîné du roi d’Angleterre en 1290, qui aurait pu rendre durable l’intégration de la Norvège dans les combinaisons diplomatiques et politiques des monarchies occidentales. À la suite de cet échec, la Norvège se tourna davantage vers l’est et ses voisins scandinaves, ce qui entraîna à terme son union avec la Suède.

Politique matrimoniale – alliance – royauté – Norvège et Occident – négociations


Corinne PENEAU : « Révélations et élections. Le corps du roi et la parole dans les Revelationes de sainte Brigitte »

Plusieurs Révélations de sainte Brigitte sont profondément ancrées dans la vie politique suédoise. Le but de cet article est de montrer comment le système électif suédois a pu mener Brigitte à considérer le roi comme une double incarnation de la parole divine et de la parole du peuple qui l’a élu. Brigitte considère le pouvoir en termes d’efficacité de la parole, ce qui la conduit à vouloir discipliner la parole du roi, mais aussi à user elle-même de ce pouvoir lorsqu’elle pense que le roi n’obéit plus à Dieu. Le pouvoir revient dès lors au peuple dont Brigitte fait entendre la voix dans une révélation qui constitue l’épitomé de sa pensée.

Suède – royauté – élection – Incarnation – sainte Brigitte

 

Raphaëlle SCHOTT : « Marguerite, ses officiers et la lettre d’instructions à Erik de Poméranie (1405) »

La lettre que la reine Marguerite adressa en 1405 à son petit-neveu Erik de Poméranie est conçue comme un dialogue entre le jeune roi et les officiers norvégiens. Elle donne un éclairage intéressant sur les relations de pouvoir qui existaient entre la Couronne et les officiers locaux. Elle montre d’une part les résistances de l’aristocratie norvégienne cherchant en priorité à sauvegarder leurs propres intérêts et d’autre part les réformes que la monarchie s’efforçait de promouvoir pour combattre les usurpations de terres et de revenus par cette aristocratie et réaffirmer la souveraineté royale. Cette lettre, qui peut s’apparenter aux manuels de « bon gouvernement », est représentative des stratégies politiques continûment poursuivies par la reine, caractérisées par une volonté de forte centralisation du pouvoir monarchique et par une forme d’autocratie.

Souveraineté – centralisation monarchique – domaine royal – aliénations abusives – personnel politique

 

Jenny JOCHENS : « La richesse, la sexualité et l’incitation : outils politiques des femmes dans le Nord»

Dans la société norroise, les femmes, surtout dans les classes aisées, ont pu obtenir des richesses considérables provenant de leurs parents et de leur mari grâce à un système de succession bilatéral. Même les femmes pauvres ont pu arriver au sommet du pouvoir pourvu qu’elles fussent jeunes et belles en utilisant leur sexualité et leurs capacités reproductives. Pour s’imposer, beaucoup de femmes utilisèrent aussi leurs dons de persuasion ou, comme on dit plus souvent, d’incitation. Ces trois instruments ont pu donner aux femmes du pouvoir politique dans le domaine domestique comme dans les successions royales, notamment en Norvège.

Femmes norroises – inscription runiques – sagas islandaises – sexualité – succession royale

 

Béatrice DELAURENTI : « La fascination et l’action à distance : questions médiévales (1230-1370)»

Le terme fascinatio désignait à l’époque scolastique le pouvoir qu’un homme ou un animal pouvait exercer, à distance, par l’intermédiaire de son regard. Ce phénomène prodigieux a suscité les interrogations des auteurs médiévaux : dans quelle mesure la fascination pouvait-elle avoir une cause naturelle ? De 1230 à 1370, Guillaume d’Auvergne, Roger Bacon, Thomas d’Aquin puis Nicole Oresme ont intégré cette question dans leur réflexion philosophique sur les pouvoirs de la nature. Il s’agissait pour eux d’adapter les principes de la physique aristotélicienne, qui veut que toute action naturelle s’exerce par contact, à la question controversée de l’action à distance, sans contact. Leurs réflexions montrent comment la définition de l’action naturelle s’est construite et précisée au fil de ces débats : l’idée qu’une action à distance pouvait être une action naturelle a été soutenue d’abord en invoquant le rôle des impressions de l’âme, puis par un aménagement de plus en plus substantiel de la doctrine contestée d’Avicenne sur le pouvoir de l’âme en dehors du corps.

Fascination – Avicenne – Aristote – Naturalisme – Action à distance

 

Germana SCHIASSI : « Aïmanz » : un chapitre de l’« encyclopédie lyrique » de Gautier d’Épinal»

Cet article est une analyse de la première strophe de la chanson Tout autresi com l’aïmanz deçoit, de Gautier d’Épinal (XIIIe siècle), qui décrit le charme de la dame par le biais d’une comparaison avec l’aimant. Le choix des mots, des expressions et des renvois à d’autres passages à l’intérieur de la même chanson témoigne du renouvellement de la lyrique du XIIIe siècle dans ses figures au contact des savoirs scientifiques. En essayant de repérer les sources littéraires et scientifiques dans lesquelles Gautier aurait puisé et renouvelé son image, nous constatons que son apport trouve des correspondances très ponctuelles dans le milieu le plus expérimental de l’époque, celui de l’« École » poétique sicilienne de Frédéric II.

Gautier – Épinal – chanson – aimant – encyclopédie

Stéphane COVIAUX : « Norwegian Bishops and Western Political Ideas in the XIIth century”

This article deals with the picture Norwegian bishops had of their power in the society of the twelfth century and with its evolutions as the Norwegian Church, which was from the beginning linked to England, was turning towards Southern Europe. During the first half of the century, through their contacts with the Danish archbishops of Lund, they became acquainted with theocratic theories stemming from the Gregorian Reform. After the foundation of the province of Nidaros, they had frequent contact with the popes and affirmed their attachment to these theories. Archbishop Eystein Erlendsson (1161-1188), probably inspired by the ideas of the Parisian master Hugues of Saint-Victor, was in favour of a moderate theocracy. Through his acts, his follower Eric Ivarsson (1188-1205) developed a more radical idea of theocracy, under the influence of popes Celestin III and Innocent III.

Bishops – Church and kingship – theocracy – Norwegian society


Einar Már JONSSON : « Is the Thórdur kakali Saga a propaganda work ?”

This paper proposes a theory about the « Saga de Thórdur kakali » which is a part of the huge compilation Sturlunga saga. According to the author, this text, which the compilator follows for the years 1242-1250, was not a saga telling the whole life of its hero untill his death in 1256, but a political pamphlet written to explain the action of Thórdur and to justify his domination over Iceland. It was written when he was at the height of his power and stopped before his departure from Iceland in 1250, which put an end to his ambition.

Icelandic aristocracy – power conflicts – saga – political propaganda


Florent LENEGRE : « How to legitimate the integration into the Western Christendom : the wedding policy of the Kings of Norway in the XIIIth century »

Our purpose is to show how the kings of Norway, from the 1240ies on, in the wake of king Håkon Håkonsson, try to incorporate their newly converted kingdom into the Western Christendom. In this purpose, they build a wedding policy whose aim is to gain access to the western kings’ large familial network, so that they can be considered as legitimate members of the XIIIth century Western Christendom.
The kings of Norway’s efforts to shape their kingdom according to western standards get them official recognition from the western community in 1247. From there on, they develop an ambitious wedding policy. Its greatest success is, although it is not commonly thus considered, in 1281, the wedding between King Erik of Norway and Marguerite of Scotland, thanks to which the kings of Norway become members of the king of England’s familial network. But what is mostly remembered from this period is the failure in 1290 of the wedding between Margaret, Erik and Margaret’s only daughter, and Edvard, the English king’s first-born son. This wedding would have guaranteed Norway’s long term integration into the diplomatic and political combinations of the western kingdoms. After this failure, the kings of Norway start focusing much more on their Scandinavian neighbours, which brings the union between Norway and Sweden.


Corinne PENEAU : « Revelations and Elections. The King’s Body and the Word in saint Bridget’s Revelationes »

Most of the Revelationes saint Bridget composed have deep roots in the Swedish political life. The aim of this article is to show how the Swedish elective law leads her to regard the Swedish king as an incarnation of both the divine Word and the speech act of the people that have elected him. Bridget links power with a capacity to utter effective words ; she tries consequently to control what the king says, but also to use this power herself when she thinks that the king no longer obeys God. In such a case, power goes back to the people whose voice can be heard in a revelation that summarizes Bridget’s political thought.

Sweden – kingship – election – Incarnation – saint Bridget


Raphaëlle SCHOTT :

« Queen Margaret and her officials, and the letter she adressed to Erik of Pomerania in 1405 »

In the letter Margaret adressed to her grand-nephew Erik of Pomerania in 1405, the Queen envisaged a dialogue between the young King and the Norwegian officials. This exchange gives an interesting glimpse into the relations of power which existed between the Crown and its local servants. On one hand, it is significant of the resistances build up by some aristocrats acting first of all to preserve their own interests, and on the other hand, it describes the reforms that the monarchy established in order to fight against the usurpation of land and revenue by the aristocracy and to reaffirm its sovereignity on the Kingdom. This letter, which could be linked to the manuals of « good government », is representative of Margaret’s continuous political policies, characterised by strong monarchic centralisation and a form of autocracy, the basis of an absolute power.

Sovereignty – centralized monarchy – royal estate – illegal appropriations – political staff


Jenny JOCHENS : « Wealth, sexuality, and incitement : women’s political tools in the North »

In Old Norse society women in the leading classes of society obtained considerable wealth from their native family and from husbands. Even poor women might arrive at the top of society assuming they were young and pretty by utilizing their sexual and reproductive capabilities. Most women also used their persuasive powers, their nagging and incitement, to gain their way. By using these tools women could gain considerable political power, not only on the domestic scene but also on the royal succession in Norway.

Old Norse women – runic inscriptions – Icelandic sagas – sexuality – royal succession


Béatrice DELAURENTI : « Fascination and action at a distance : medieval questions (1230-1370)  »

In medieval Europe, the latin term fascinatio indicated the power which a man or an animal could possess, at a distance, by its only glance. This extraordinary phenomenon induced some interrogations among medieval authors : up to what point could fascination have a natural cause ? From 1230 to 1370, William of Auvergne, Roger Bacon, Thomas Aquinas and then Nicole Oresme integrated this question in their philosophical reflexion about the powers of nature. The problem was to adapt the principles of the aristotelian physics, which states that any natural action is exerted by contact, with the possibility of an action at a distance, without any contact. Their reflexions show how the definition of the natural action was built and specified during these debates : the idea that an action at a distance could be a natural action was elaborated first by calling upon the role of the impressions of the soul, then by an increasingly substantial specification of the doctrine of Avicenne about the power of the soul outside the body.

Fascination – Avicenne – Aristote – Naturalism – Action at distance


Germana SCHIASSI : « “Aïmanz” : a Chapter of Gautier D’Épinal’s “Lyrical Encyclopedia ”  »

This article is an analysis of the first stanza of Tout autresi com l’aïmanz deçoit, a lyric by Gautier d’Épinal (13th century), which describes the appeal of the dame through a comparison with the magnet. The choice of words, expressions and items which recall other passages within the same song stand for the renewal of poetic imagery in the 13th century, which was brought about thanks to the contact with scientific knowledge. In trying to find the literary and scientific sources, which resulted in Gautier’s imagery, we have also noted that his contribution has many analogies with what was going on in the most experimental cultural setting of his day, Frederic II’s poetic Sicilian « School ».

Gautier – Épinal – song – magnet – encyclopedia

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 19
Langue : français
Paru le : 10/06/2006
EAN : 9782842921866
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921866

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