Paris 8 - Université des créations

Partager

ajouter au panier

Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 208
Paru le : 10/11/2007
EAN : 9782842922078
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842922078

De l’esprit aux Esprits ; Enquête sur la notion de shen

N°29/2007

Qu’est-ce que le Shen, notion cardinale dans la civilisation chinoise rendant compte de nombreux phénomènes de tous ordres, religieux et physiologique, artistique, thérapeutique ou encore cosmologique ?

Enquête sur la notion de shen (diversement traduit par : l’âme, l’Âme du monde, les mânes des morts, le monde des Esprits, le divin ou le merveilleux). Les contributeurs de ce numéro croisent leurs approches, médicale, psychologique, religieuse ou philosophique, pour rendre compte des clivages singuliers et des continuités troublantes entre différents domaines de l’existence que les lettrés, médecins et artistes chinois ont su exprimer à partir de la notion de shen.

Romain GRAZIANI
« Quand l’esprit demeure tout seul »

 

I. DIVINITÉS TRANSCENDANTES OU FORCES SOCIALES ?
LES ESPRITS DANS LE RITUEL ET LA RELIGION

 

Roel STERCKX
Searching for Spirit : Shen and Sacrifice in Warring States and Han Philosophy and Ritual


Thierry MEYNARD
Intellectuels chinois contemporains en débat avec les esprits : Le cas de Liang Shuming (1893-1988)

 

 

II. ÂMES DU CORPS OU ÂME DU MONDE?
LES ESPRITS DANS LA MÉDECINE ET LES PRATIQUES DE SOI

 

Catherine DESPEUX
Âmes et animation du corps. La notion de shen dans la médecine chinoise antique

 

Michael PUETT
Humans, Spirits, and Sages in Chinese Late Antiquity : Ge Hong’s
Master Who Embraces Simplicity (Baopuzi)

 

 

III. SAISIR LA MARCHE DES CHOSES.
LES ESPRITS DANS LA MÉTAPHYSIQUE ET LA COSMOLOGIE

 

Stéphane FEUILLAS
L’accès à l’âme du monde. Définitions et approches à partir de l’oeuvre de Zhang Zai (1020-1078)

 

Fabian HEUBEL
Culture de soi et créativité. Réflexions sur la relation entre Mou Zongsan et le Confucianisme énergétique

 

 

IV. REGARD EXTÉRIEUR

 

Bertrand MÉHEUST
Le Prince et le pêcheur. Remarques sur un cas de divination dans le Tchouang-tseu

 

Roel STERCKX : “À la recherche des Esprits. La question du sacrifice dans le rituel et la philosophie à l’époque des Royaumes Combattants et des Han”

Cet article situe et analyse la notion de shen dans le contexte rituel et les pratiques religieuses de Chine ancienne. On repère des parallèles entre le développement de cette notion dans le discours philosophique de l’Antiquité et sa transformation dans les pratiques religieuses, sacrificielles au premier chef. Après avoir passé en revue différentes attitudes-types des maîtres philosophes vis-à-vis du monde des Esprits, nous portons notre attention sur les modalités d’exécution du sacrifice, qui font apparaître ce dernier comme une sorte d’événement multimédia offrant une pluralité de voies pour accéder aux Esprits. Force est de constater que l’on ne s’adressait pas aux Esprits, mânes et divinités comme à des entités prédéfinies ordonnées en un panthéon : nous tentons de montrer au contraire que dans la religion chinoise ancienne, les sacrifices étaient conçus tout d’abord comme une quête et une enquête sur les Esprits par le truchement des procédures déployées à cette occasion. De telles procédures se donnaient pour fin d’établir un contact entre les participants de la cérémonie rituelle et les Esprits sollicités, par des voies multiples et toujours senties comme incertaines.

 

Thierry MEYNARD : “Intellectuels chinois contemporains en débat avec les esprits : le cas de Liang Shuming (1893-1988)”

Au XXe siècle, les intellectuels chinois ont hérité d’une croyance traditionnelle aux esprits, qui fait partie du psychisme national. Si la plupart d’entre eux ont essayé de rejeter ces croyances jugées irrationnelles à l’ère moderne, d’autres ont essayé de réinterpréter un discours qui puisse rendre compte rationnellement de l’existence des esprits. Liang Shuming fait fond sur la double tradition du confucianisme et du bouddhisme pour présenter le rôle des esprits dans la constitution d’un univers moral qui garde toute sa pertinence pour le monde des humains.

 

Catherine DESPEUX : “Âmes et animation du corps. La notion de shen dans la médecine chinoise antique”

Le Canon interne de l’empereur Jaune, texte médical composite des Han, reflète plusieurs conceptions divergentes de la notion de shen dont le terme correspondant le plus adéquat en français nous semble être non pas esprit mais « âme », concept sur lequel les penseurs grecs et plus tard les philosophes français ont beaucoup débattu. Shen, dont les propriétés et les qualités sont souvent semblables à celles du qi « souffle/énergie », est un constituant essentiel de l’individu dont la perte mène à la mort, et qui doit être protégé comme le bien le plus précieux, ne devant pas s’échapper du corps ni être blessé par des attaques extérieures ou par l’aiguille du praticien, médecin du corps et de l’âme. Malgré l’importance du cœur en tant que siège du shen, il est aussi question du shen des cinq viscères ou du shen de diverses parties du corps ; il est alors difficile de savoir s’il s’agit d’une seule et même chose revêtant des fonctions et des aspects divers selon le lieu où elle se trouve, ou d’une pluralité d’éléments. Une caractéristique fondamentale du ou des shen est la circulation dans le corps, en corrélation avec le temps extérieur ; le renshen « âme du corps », parallèle à renqi « souffle du corps », se déplace selon la lune, l’âge de l’individu, les temps de l’année avec des systèmes divergents reflétant certainement une pluralité d’écoles. Le Canon interne, à deux reprises, avance l’idée d’un pôle de jade (yuji) autour duquel l’âme se meut sans cesse, selon un cours normal, telles les étoiles dans l’univers autour du Pôle. Le parcours de l’âme humaine dans le corps doit être rapproché de celui du souverain dans le Mingtang, un palais rituel du temps symbolisant le parcours de l’empereur dans son empire.

 

Michael PUETT : “Hommes, esprits et sages dans l’Antiquité tardive : Le Maître qui embrasse la simplicité (Baopuzi) de Ge Hong”

Le présent article s’efforce de répondre à la question de savoir quelle pouvait être la visée de Ge Hong lorsqu’il composa le Baopuzi. Quelles idées y a-t-il avancé et comment les a-t-il défendues ? Enfin, qu’est-ce qui à la lumière de son époque donne à ses arguments un tour si particulier ? Nous soutenons dans ces pages qu’il y a une réelle cohérence argumentative et une vision d’ensemble dans le discours de Ge Hong sur les humains, les sages et les esprits. Cette ensemble d’idées innerve aussi bien les chapitres intérieurs qu’extérieurs de l’ouvrage.

 

Stéphane FEUILLAS : “L’accès à l’âme du monde. Définitions et approches. À partir de l’oeuvre de Zhang Zai (1020-1078)”

Le présent article est composé de deux parties. Dans la première, il propose de traduire le terme shen par « âme » en définissant un contexte de traduction. L’objectif est de sortir de l’antagonisme entre deux types de lecture de Zhang Zai, une matérialiste et une autre plus métaphysique, et de montrer comment le Zhengmeng [Discipline pour les jeunes obscurcis] peut s’inscrire dans une tradition philosophique et discursive européenne sur le changement et l’énergie. En rapprochant les textes de Zhang Zai de la pensée de Giordano Bruno (1548-1600), de Spinoza (1632-1677) et de Diderot (1713-1784), nous espérons lever un certain nombre d’ambiguïtés sur la conception de l’absolu tel qu’il se dégage dans une « énergétique » et indiquer comment une pensée de l’âme et du changement implique un discours spécifique, une assimilation entre énergie et sensibilité, une orientation éthique.
La seconde partie étudie, à partir de ces données, dans le Zhengmeng et le commentaire de Zhang Zai aux Mutations, une voie d’accès à cet absolu et la reconnaissance de l’âme. Les partis pris éthiques de Zhang Zai, l’accent qu’il met sur la pertinence de la conduite, sur la prudence et l’anticipation, sur les déclics (ji), permettent de décrire l’entrée dans l’âme des choses comme l’expérience personnelle, éprouvée dans un corps, d’un flux, d’une influence et d’une transformation conjointe de soi. Chez Zhang Zai, l’âme (shen) est ainsi le dynamisme pur, soustrait à ses déterminations, débarrassé des obstacles de la relation, et créateur d’usages dans les comportements comme dans les pratiques sociales.

 

Fabian HEUBEL : “Culture de soi et créativité. Réflexions sur la relation entre Mou Zongsan et le confucianisme énergétique”

L’histoire chinoise de la culture de soi (et tout particulièrement dans les doctrines des néo-confucéens des Song et des Ming), le spirituel s’est trouvé confronté à une tendance à la « dé-hiérarchisation » ontologique. En philosophie, ce mouvement s’est manifesté principalement dans l’évolution de la notion d’« énergie » (qi). Les relations entre l’esprit (shen) ou la structure régulatrice (li) d’une part, et l’énergie de l’autre constituent l’une des questions majeures de la philosophie confucéenne des Song et des Ming. Or, des Song du Nord aux Ming, cette notion d’énergie a occupé une place de plus en plus élevée. Depuis quelques dizaines d’années, la nature de cette évolution vers une théorie énergétique constitue un point essentiel dans les polémiques sur la pensée des Song et des Ming. Dans ce débat, Zhang Zai (1020-1078) et Wang Fuzhi (1619-1692) ont fait l’objet d’une attention particulière.
Le problème est le suivant : dès lors que l’on abandonne la hiérarchie entre l’immanence et transcendance, entre le monde physique et le métaphysique, et que l’on se débarrasse du fondement métaphysique d’une culture de soi spirituelle, comment concevoir le rapport entre créativité, culture de soi et éthique ? Selon Mou Zongsan (1909-1995), les théories énergétiques et celles de la culture de soi sont à l’évidence dans un rapport d’opposition, l’effort moral consistant à limiter et contrôler le flux de l’énergie. Le problème est de savoir s’il est possible de créer ou non entre elles un rapport plus positif. L’idée de « la compénétration des constituants sans adhérence » (jianti wulei) comme pratique d’ascèse s’efforce d’abord de proposer un autre mode de relation entre éthique, esthétique et culture de soi.

 

Bertrand MÉHEUST : “Le Prince et le pêcheur. Remarques sur un cas de divination dans le Tchouang-tseu”

Jusqu’à présent, les parapsychologues qui étudient les pouvoirs extrasensoriels, et les universitaires qui travaillent sur la divination ont persisté à s’ ignorer. Mon article a pour but de montrer sur un exemple concret le type de dialogue qui pourrait s’instaurer entre ces deux domaines de recherche. Un apologue du Tchouang-tseu, où il est question d’un rêve divinatoire et d’une tortue sacrée, fournit l’occasion d’amorcer cet échange. À travers cet exemple, on voit s’esquisser le projet de travaux comparatifs féconds entre l’Orient et l’Occident, qui permettaient de transcender les habituels cloisonnements culturels

Roel Sterckx : « Searching for Spirit: Shen and Sacrifice in Warring States and Han Philosophy and Ritual »
This paper examines the notion of shen in the context of early Chinese ritual and religion in practice. In ancient China significant conceptual parallels exist between the ways in which abstract notions such as shen “spirit” are interpreted by a philosophical tradition on the one hand, and their transformation in ritual and religious practice on the other. Following a discussion of attitudes towards the spirit world among the masters of philosophy in Warring States China, we examine sacrificial performance as a multimedia event that offered multiple routes of access to the spirits. Rather than addressing spirits as embodiments of a pre-existing order or pantheon, we argue that in early Chinese religion, sacrificial procedure was conceived of primarily as a progressive search or quest for spirit presence through performance. The latter was aimed at establishing a sensory bond between the ritual participants and spirits addressed.

Thierry Meynard : « Contemporary Chinese Intellectuals in Discussion with the Spirits: the Case of Liang Shuming (1893-1988) »
In the twentieth century, Chinese intellectuals have inherited a traditional belief in spirits as a part of the national psyche. If most of them have discarded this belief, judged irrational in the modern age, others have attempted to integrate it in a discourse which may give a rational account of the existence of spirits. Liang Shuming draws from both Confucianism and Buddhism in order to present the role of the spirits in the constitution of a moral universe, a role which holds an essential value for the human world.

Catherine Despeux : « Animation of the Body. The Notion of Shen in Early Chinese Medical Literature »
The Yellow Emperor’s Inner Canon, a medical compendium dating to the Han, presents various and sometimes conflicting notions of shen. Rather than being understood in the sense of “spirit”, they most adequately correspond to the notion of a “soul” (in French: âme), a concept much debated in Greek, and later, French philosophy. Shen bears characteristics resembling those associated with qi “breath/energy”, the loss of which leads to death. It is to be preserved as a precious property, and must be prevented from escaping the body or being harmed by external forces or the needle of the medical practitioner who acts as a physician of body and soul. Despite the importance of the heart as its seat, the text further speaks of shen associated with the five organs and of shen associated with various parts of the body, making it difficult to understand whether shen refers to a single entity that assumes several functions according to its location in the body, or whether it refers to a plurality of elements. A basic feature of shen, singular or plural, is that it circulates within the body according to climatic or seasonal changes. The renshen “body soul”, in keeping with the renqi “breath of the body”, moves according to the moon cycle, the age of the person and the time in the year. Different systems were used to calculate these movements, probably  reflecting a plurality of views. The Inner Canon twice advances the idea of a jade axis around which the soul constantly moves following a regular course, like stars circling the Pole. The course followed by the human soul within the body was also enacted by the sovereign in the Bright Hall, a symbolic palace that replicated empire and cosmos.

Michael Puett : « Humans, Spirits, and Sages in Chinese Late Antiquity: G Hong’s Master Who Embraces Simplicity (Baopuzi) »
This paper attempts to answer the questions: What was Ge Hong trying to do when he wrote the Baopuzi? What were his arguments? And why, within the context of the time, were these arguments significant? In answering these questions, the essay claims that there is a unified set of ideas concerning humans, sages, and the spirit world in the Baopuzi. Moreover, it is a set of ideas that underlies both the inner and outer portions of the text.

Stéphane Feuillas : « “Entering the Soul of the World”. Defining and Approaching Shen in the Work of Zhang Zai (1020-1078) »
This article is organized in two parts. First, it argues that the term shen can be understood as “soul” within a specific frame of translation. We propose to set aside two antagonistic readings of the Zhengmeng [Discipline for the Young Dim-witted], one being materialistic and the other metaphysical, and to show that this work can be read following the European philosophical discourse on change and energy. By relating the thought of Zhang Zai to that of Giordano Bruno (1548-1600), Spinoza (1632-1677) and Diderot (1713-1784), we hope to remove some of the perceived ambiguity that surrounds his view of the absolute and seek to highlight a logic of soul, a fusing between energy and sensibility, as well as an ethical orientation.
In the second part we examine the issue of the perception of this absolute and of the recognition of the soul. The ethical bias of Zhang Zai, his emphasis on the adequacy of conduct, on cautiousness and precaution, on the “trigger” of moral life (ji), help to describe the soul-becoming of man as a personal, physical experience of a flow, an influence parallel to a transformation of the self. “Soul” is seen as pure dynamism, freed from the hurdles of social relationship. This dynamism instills new powers and uses in human behavior and social practices.

Fabian Heubel : « Self-Cultivation and Creativity: Reflections on Mou Zongsan’s Relationship with an Energetic Confucianism »
Within the Chinese history of the self-cultivation (and particularly in Song and Ming Confucianism), the spiritual was confronted with a tendency of ontological “de-hierarchisation”. In philosophy, this movement appeared mainly in the evolution of the concept of “energy” (qi). The relation between the spirit (shen) or the regulating structure (li) on the one hand, and energy on the other constitutes one of the central questions of neo-confucian philosophy. From the northern Song up to the late Ming, the philosophical satus of the concept of qi-energy increasingly raised. During the last decades, scholarly debates on Confucianism in China have been very much influenced by the question whether the reevaluation of energy as a key-concept can provide new and critical perspectives for research into the Confucian tradition. In this debate, Zhang Zai (1020-1078) and Wang Fuzhi (1619-1692) as representatives of energetic Confucianism have been major objects of attention.
With this development as a background, this paper deals with the following problem: if one abandons the value-hierarchy between immanence and transcendence, between the physical and the metaphysical world, and thus undermines the metaphysical basis of spiritual cultivation, how can the relationship between creativity, cultivation and ethics be critically reconceptualized? According to Mou Zongsan (1909-1995), energetics and cultivation obviously form an opposition, with the moral effort aiming at limitation and control of the flow of energy. Is it possible to think of a more positive relation between cultivation and energetics? The understanding of “the compenetration of the constituants without adherence” (jianti wulei) as an ascetic practice is thus part of a broader research into alternative modes of relation between ethics, aesthetics and self-cultivation.
 
Bertrand Méheust : « The Prince and the Fisherman: reflections on a divination case in the Zhuangzi »
Until today, parapsychologists studying the workings of the world beyond the human sensorium and academics researching divination have not been in dialogue. My paper aims to demonstrate, by means of a case study, the type
of dialogue that could emerge between those two fields of research. An edifying story in Zhuangzi about a divinatory dream and a sacred tortoise offers a platform to facilitate this dialogue. This example will demonstrate the fructifying potential of such comparative work between East and West.

ajouter au panier

Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 208
Paru le : 10/11/2007
EAN : 9782842922078
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842922078

Sur le même thème