Paris 8 - Université des créations

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/07/2009
EAN : 9782842922320
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842922320

Pratiques de l’écrit (VIe-XIIIe siècles)

N°56/2009

Les usages sociaux de l’écrit dans une société médiévale largement dominée par l’oralité, en particulier avant le moment de forte croissance documentaire de la fin du Moyen Âge.

La culture de l’écrit au Moyen Âge fait partie des nouveaux champs ayant émergé dans l’historiographie internationale depuis les années 1970, en s’appuyant sur une tradition érudite bien plus ancienne, celle des sciences dites « auxiliaires » de l’histoire, paléographie, épigraphie, diplomatique. Ce numéro voudrait donc contribuer à rendre compte de ce mouvement majeur de l’historiographie récente du Moyen Âge. Il a été choisi de suivre comme fil conducteur la question de l’écriture, de la conservation des documents et de leur utilisation entre le VIe et le XIIIe siècle, en cherchant à saisir dans les pratiques des sociétés médiévales, la signification de la mise par écrit. En suivant le fil de ces écritures, il est montré l’unité d’une période médiévale caractérisée par un accroissement des usages de l’écrit, mais aussi mettre en évidence la manière dont l’écrit, comme médiation, a été au centre des transformations médiévales qui ont finalement donné le jour à la modernité occidentale.

Etienne Anheim et Pierre Chastang
Les pratiques de l’écrit dans les sociétés médiévales

Alice Rio
Les formulaires et la pratique de l’écrit dans les actes de la vie quotidienne (VIe-Xe siècle)

François Bougard
Ecrire le procès. Le compte-rendu judiciaire entre le VIIIe et le XIe siècle 

Laurent Morelle
Instrumentation et travail de l’acte : quelques reflexions sur l’écrit diplomatique en milieu monastique au XIème siècle

Paul Bertrand
A propos de la révolution de l’écrit (Xe-XIIIe siècle). Considérations inactuelles 

Entretien avec Roger Chartier 
Les usages de l’écrit, du Moyen-Âge aux temps modernes

 

Essais et recherches

Thomas Labbé
Tonitrus Hyemalis : météorologie et pronostics dans les chroniques de Matthieu Paris et John de Oxnead au XIIie siècle 

 

Julie Claustre
Esquisse en vue d’une anthropologie de la confiscation royale. La dispersion des biens du cardinal Balue (1469)

 

 

Points de vue

Alban Gautier
 « La chrétienté anglo-saxonne (VIIe-XIe siècle) : à propos de quelques publications récentes ».

 

Comptes-rendus

 

Alice RIO
Les formulaires et la pratique de l’écrit dans les actes de la vie quotidienne (VIe-Xe siècle)
Il est difficile de juger de la portée de l’usage de l’écrit au haut Moyen Age parce que les transactions menées au bas de l’échelle sociale n’ont guère laissé de traces dans nos sources. Plusieurs historiens ont avancé l’hypothèse que l’usage de l’écrit était plus répandu qu’on ne pourrait s’y attendre à partir des documents d’archives qui nous sont parvenus, mais les limites imposées par les conditions de transmission des actes de la pratique rendent cette hypothèse pratiquement impossible à démontrer. Les formulaires, ou collections de modèles de documents, peuvent nous permettre d’évaluer plus précisément l’étendue des lacunes de ce corpus documentaire. Parce qu’ils étaient préservés en raison de leur utilité au jour le jour, et non selon leur capacité à protéger les intérêts d’établissements religieux dans le long terme, ils nous donnent une image plus représentative du genre de documents que les scribes s’attendaient à devoir écrire au cours de leur carrière, et constituent une source d’informationimportante sur l’usage de l’écrit par les laïcs, y compris ceux provenant de milieux sociaux moins élevés.
Formulaires – archives – literacy – usage de l’écrit – latin post-classique

 


François BOUGARD
Ecrire le procès. Le compte-rendu judiciaire entre le VIIIe et le XIe siècle
Le règlement des conflits au haut Moyen Age a donné lieu à une production documentaire variée, dont l’éventail est bien plus large que celui du seul “procès verbal” des audiences de justice. Cependant, le seul examen des comptes rendus strictement judiciaires n’est pas privé d’intérêt. Une fois disparus les “jugements” royaux de la période mérovingienne et des débuts de l’époque carolingienne, la “notice de plaid” a régné en maître. Sa forme externe, là où la présence d’originaux la rend possible, mériterait une étude plus poussée qu’elle n’en a bénéficié jusqu’à présent. Le texte, lui, a longtemps répondu à un schéma commun au delà des vriantes régionales : présentation du collège judiciaire et des parties, dépôt de la plainte, échange des arguments, recherche et administration de la preuve s’il y a lieu, “profession” du perdant, sentence. Au Xème siècle, cette homogénéité relative fait place à des solutions divergentes. Tandis qu’en Germanie, la source judiciaire se fait de plus en plus rare, elle se coule dans le royaume d’Italie en de nouveaux formulaires, qui, d’un côté, permettent de rendre compte de nouvelles procédures ou développent certains aspects qui jusque-là ne donnaient pas matière à souvenir écrit, de l’autre, mettent l’historien face à des sources toujours plus standardisées. En France s’impose progressivement la notice “narrative”, où le récit gagne en pittoresque ce qu’il perd en institutionnel, selon une évolution déjà bien étudiée, dans laquelle la responsabilité de l’écriture monastique jour le premier rôle. En dernier ressort, la singularité de la documentation judiciaire, ici et là tient moins à la justice, à ses responsables et à la manière dont elle est rendue qu’aux différences en matière de personnel notarial.
Haut Moyen Age – Justice – Production documentaire

 


Laurent MORELLE
Instrumentation et travail de l’acte : quelques reflexions sur l’écrit diplomatique en milieu monastique au XIème siècle
L’article explore quelques implications de la “maîtrise monastique” sur l’écrit diplomatique du XIème siècle. L’instrumentalisation des actions juridiques dans les communautés monastiques relève d’une politique de mise par écrit au  caractère local, sur laquelle pèse la diversité des fonctions internes (pédagogiques, identitaires, administratives) dévolues à l’écrit. Des exemples analysés, puisés surtout dans les chartriers de France septentrionale, il ressort que le souci d’une mémoire “utile” dès la conception de l’acte stimule l’invention de formes complexes et instables (actes continués, actes-dossiers, réécritures, notices, pancartes), qui témoignent aussi d’une conception de l’acte renouvelée ; l’original n’est plus intouchable, la relation traditionnelle original/copie est brouillée. Parallèlement, mais surtout dans la seconde moitié du XIème siècle, d’autres outils de la mémoire, tels que chirographes et cartulaires, témoignent de la volonté de stabiliser la teneur et le texte des références écrites, selon une économie de l’acte qui annonce l’évolution du XIIème siècle.
diplomatique – monastère- pancartes – chirographes – cartulaires – originaux – copies

 

 

Paul BERTRAND
A propos de la révolution de l’écrit (Xe-XIIIe siècle). Considérations inactuelles
Partant du premier panorama qu’a dressé Michael Clanchy en son temps avec son From Memory to Written Record, l’auteur a voulu ici étudier la révolution de l’écrit en mettant l’accent sur l’écrit diplomatique, les documents de la pratique. Il a cherché à préciser un grand nombre de questions que se posent les historiens : la croissance de l’écrit a-t-elle vraiment eu lieu, aux XII-XIVème siècles ? Comment qualifier le “fonctionnalisme” dont font preuve les chercheurs lorsqu’ils étudient le document ? Comment qualifier la part de l’oral et de l’écrit dans la culture de la fin du Moyen-Age ? Comment les laïques se mêlent-ils de l’écrit ? Pourquoi peut-on parler de “mondialisation” de l’écrit alors ?
histoire culturelle – pratiques de l’écrit – diplomatique – révolution de l’écrit – mémoire – oral et écrit – fonctions de l’écrit 


  

Thomas LABBE
Tonitrus Hyemalis : météorologie et pronostics dans les chroniques de Matthieu Paris et John de Oxnead au XIIie siècle
Matthieu Paris et John de Oxnead, deux bénédictins anglais du XIIIème siècle, firent preuve dans leurs chroniques respectives d’un grand intérêt pour les phénomènes naturels, et parmi ceux-ci plus particulièrement pour l’un d’entre eux qu’ils ont clairement distingué et nommé “Tonitrus Hyemalis(tonnerre d’hiver). Ils traitèrent celui-ci en respectant une réflexion très cohérente, empruntant autant aux acquis de la science de leur époque qu’aux traditions divinatoires les plus en vogue dans l’Occident du XIIIème siècle. Ils montrent à cette occasion comment la pensée médiévale put lier entre eux des savoirs de natures différentes afin d’aboutir à une réflexion synthétique et originale concernant un phénomène naturel et comment l’historien moderne doit prendre en compte cet aspect composite de la culture afin d’obtenir une meilleure compréhension de la vision du monde des hommes et des femmes de cette époque.
Phénomène naturel – météorologie – divination – science – tonnerre – Matthieu Paris – John d’Oxnead

 

 

Julie CLAUSTRE
Esquisse en vue d’une anthropologie de la confiscation royale. La dispersion des biens du cardinal Balue (1469)
Cet article évoque l’une des manières dont circulent les choses à la fin du Moyen Age et dont se fixe leur valeur : la confiscation. Celle-ci n’a été étudiée que pour ses aspects juridiques et financiers. Une approche anthropologique, ici proposée, tente de cerner en quoi ce mode de circulation affecte la nature et la valeur des biens qui circulent. Parmi les multiples confiscations prononcées par Louis XI, celle qui a frappé le cardinal Jean Balue au printemps 1469 est passée à la postérité, grâce au récit du chroniqueur Jean de Roye d’abord et à la citation qu’en fit Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris. Le scandale a surtout laissé une ample documentation qui permet de suivre l’évaluation, les changements de main et ce que l’on peut considérer comme une conversion de certains biens de Balue. On a ainsi conservé le compte détaillé de la saisie des biens meubles établi par un notaire et secrétaire du roi, ainsi que les témoignages recueillis à la demande du frère et de la belle-soeur du cardinal qui revendiquaient la propriété de certains biens du cardinal, les tapisseries en particulier. Ils laissent entrevoir les pratiques de don et de sociabilité comme le jeu brutal de la faveur et de la disgrâce qui ordonnent le milieu élitaire parisien des grands offices royaux dans la deuxième moitié du XVème siècle.
Confiscation – anthropologie économique – circulation des objets – valeur des biens – élites urbaines – Paris – XVème siècle – Jean Balue – Louis Xi – faveur et disgrâce 

Alice RIO
Formularies and the everyday use of the written word (6th-10th century)
Judging the social impact of the use of the written word in the early middle ages is made difficult due to the dearth of surviving sources concerning transactions made by lower-status people. Several historians have put forward arguments that the written word was used more widely than the surviving archival evidence suggests, but the limits imposed by the conditions of transmission of documents make it almost impossible to be certain of this. Formularies, collections of models, offer a chance to gauge some of the gaps in this surviving archival evidence. Because they were preserved according to their day-to-day usefulness in drawing up new documents rather than according to the long-term interests of religious institutions, they give a more balanced view of what documents scribes expected they would need to write in the course of their career, and constitute important evidence for the use of the written word by lay people from a wide range of social backgrounds.
Formularies – archives – literacy – written word – post classical Latin 


François BOUGARD
Writing lawsuits : records of judgments between the eighth and the tenth century
The settlement of disputes was recorded, during the Early Middle Ages, in many kinds of documents, the nature of which goes far beyond the mere minutes of judiciary hearings. Even though, the study of strictly judiciary records is not devoid of interest. After the royal “judgments” of the Merovingian and early Carolingian periods had come to an end, “placitum notices” became dominant. Whenever the presence of originals makes it possible, their external form should be the matter of further study, more detailed than has been done until now. As for the texts of these notices, they were for a long time drawn from a common design, surpassing regional variants : presentation of the judiciary college and its components, lodging of the complaint, exchange of arguments, search for and administration of proof (if necessary), “profession” of the losing party, sentence. In the tenth century, this relative homogeneity gave way to diverging developments. Whereas in Germany judiciary sources became ever rarer, in the kingdom of Italy they confirmed to new formularies that allow us to account for the emergence of new procedures or to understand the development of some aspects newly entrusted to writing, but that confront historians to more and more standardised sources. In France, the “narrative notice” progressively established itself, in which a more picturesque narrative meant less attention to institutional matters : this evolution, in which monastic writing played a leading role, has been well studied. Ultimately, the way judiciary documents were produced here and there is less a function of justice itself, of the people in charge of it, or of the way it was pronounced, that it was a consequence of differences in notarial personnel.
Early Middle Ages – Justice – Documentary production

 

Laurent MORELLE
Instrumentation of legal actions and work on the charter : some reflections on diplomatic writing in monastic communities in the 11th century
This article examines some effects of eleventh-century “monastic leadership” on diplomatic writing. The instrumentation of legal actions in monastic communities falls within a local written word policy which takes into account various offices allotted to documents (pedagogical, identity or administrative functions). Close analyses of example chosen in most cases among northern French charter collections show that the search for a profitable use of memory underlying the document’s genesis stimulates complex and unstable formal inventions (“actes continues”, “actes-dossiers”, rewritten texts, notices, pancartae). This also testifies to a renewed conception of the charter ; the original text is not “untouchable” anymore ; the traditional relationship between original and copy becomes hazy. At the same time, and even more so in the second half of the 11th century., other instruments of memory such as chirographs ans cartularies illustrate the desire to make both the text and the content of written references more stable. Such a conception of charters heralds the evolution to be followed in the 12th century.
diplomatic – monasteries – pancartae – chrigraphs – cartularies – original charters – copies

 

Paul BERTRAND
About the Writing Revolution (10th-13th century), Untimely Meditations
This paper intends to focus on the “revolution of writing” that historians attempt to study since several decades. Starting with Michael Clanchy’s seminal book, the author wants to clarify some questions on the growth of writing, on a quantitative point of view, during the twelfth, the thirteenth and the fourteenth century ; this paper also stresses the problem of “functionalism” which is pregnant for scholars studying medieval writing practices, the globalization of writing on the European scene, the growing number of literate lay people, the ambiguous relations between orality and writing. Far from answering all questions, it aims to open minds to the very complex history of writing culture.
cultural history – writing practices – diplomatics – revolution of writing – memory – orality – literacy

 


Thomas LABBE
Tonitrus Hyemalis : studying and forecasting the weather in the thirteenth century chronicles of Matthew Paris and John of Oxnead
Matthew Paris and John of Oxnead, two English benedictines of the thirteenth century, demonstrated in their chronicles a wide interest for mantural phenomena, especially for the one they called “Tonitrus Hyemalis ” (winter thunder). Their approach followed a coherent point of view, based on elements taken both from scientific knowledge and from the divinatory arts in fashion in that country. This shows how different kind of knowledge could be linked logether in the medieval mind, leading to a synthetic and original thought about a natural phenomenon. Modern historians must take into account this composite dimension of medieval culture in order to reach a better understanding of thirteenth-century worldviews.
Natural phenomena – weather – divination – science – thunder – Matthew Paris – John of Oxnead

 

 

Julie CLAUSTRE
Towards an anthropology of royal confiscation. The dispersion of Cardinal Balue’s property (1469)
 This paper deals with confiscation, which was at the end of the Middle Ages one of various modes of circulation and valuation of things. Confiscation has hitherto been studied only for its legal and financial aspects. An anthropological approach is here at stake, attempting to show how this mode of circulation affected the nature and value of circulating goods. Among numerous seizures decided by Louis XI, the one that touched Cardinal Jean Balue in the spring of 1469 went down in history, thanks to Jean de Roye’s chronicle and Victor Hugo’s Hunchbach of Notre Dame. This scandal was the subject of an extensive documentation which allows us to follow up valuation, changes of hands and what can be seen as a conversion of Balue’s goods : a detailed account of the seizure of Balue’s movable goods has been preserved, along with testimonies collected at the request of Balue’s brother, who claimed property of some of the Cardinal’s goods, particularly tapestries. This material provides us with a window onto the gift-giving and sociability practices, as well as the rough play of favour and disgrace, that characterised the Parisian elite of great royal officers in the second half of the fifteenth century.
Confiscation – anthropology of economics – circulation of things – value of goods – Paris – fifteenth century – Jean Balue – Louis XI – favour and disfavour

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/07/2009
EAN : 9782842922320
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842922320

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