Claire Fagnart
Art et ethnographie
Dans cet article, Claire Fagnart examine quelques-uns des facteurs qui lui semblent avoir favorisé le développement des liens entre art et ethnographie. Il est question d’une part de la «crise» de l’anthropologie relative à la décolonisation, au développement des moyens de transport et aux doutes concernant son caractère «objectif» (scientifique). D’autre part, de la confirmation de la figure de l’artiste comme passeur et comme intermédiaire.
Maria Ivens
Une Histoire ordinaire des artistes
Le retour des communautés d’artistes dès la fin des années 1960 renoue avec une visibilité publique donnée à l’artiste au 18e siècle. Par l’émergence du sensus communis et l’ouverture de l’espace public du Salon, un lieu commun liant l’artiste au peuple s’était instauré. Celui-ci devait vite être invalidé par la création de la notion de génie consacrée par le romantisme. La restriction de la sphère publique devait aboutir à la conception de l’œuvre moderne – expression d’une singularité exceptionnelle –que quelques élus seulement seraient en mesure de définir socialement.
Jean-Claude Moineau
L’Artiste et ses modèles
Après avoir situé dans leurs contextes référenciels les figures de «l’artiste comme anthropologue» (Kosuth) et de «l’artiste comme producteur » (Benjamin), Jean-Claude Moineau revient sur la figure de «l’artiste comme ethnographe» (Foster). Il met celle-ci en relation avec la double déconstruction de l’opposition entre art et anthropologie d’une part et de la distinction esthétique/éthique de l’autre. L’auteur soumet ensuite à une lecture critique des œuvres qu’il rattache au registre de l’art ethnographique, avant de conclure sur la figure de « l’artiste comme porte-parole».
Virginia Whiles
Art et Ethnographie
Virginia Whiles s’appuie sur son expérience personnelle. Historienne d’art et commissaire d’expositions d’art non occidental, elle fait d’abord état de ses motivations pour se tourner vers l’anthropologie. Enseignante, elle rend compte ensuite d’expériences et de choix faits dans ses séminaires, terrains d’ex- périmentations quant à un dialogue entre l’art et l’anthropologie. Cette approche lui permet de répondre à une exigence de contemporanéité en restant vigilante quant à des attitudes «romantiques». Elle souhaite ainsi échapper aux affirmations généralisa- trices propres à une approche ethnocentriste sans pour autant tomber dans la justification, via l’ethnographie, de certaines formes d’art.
François Soulages
Image de soi, image des autres, Europe de demain (art & philosophie)
Faire et vivre l’Europe de demain, c’est expérimenter triplement l’Altérité: l’autre pays face au nôtre ou l’Autre de cet autre pays; l’Autre pour l’Européen; l’Autre que nous serons. De la même manière, l’expérience d’une œuvre d’art est une expérience de l’altérité. Lévinas nous aide à défricher ces questionnements en distinguant «avec l’Autre»de «en face de l’Autre». Alors, une expérience de l’altérité repose sur un désir qui nous débarrasse des images de nous-même, à moins qu’il ne s’agisse des images des autres que nous avons construites à notre propre image.
Julia Nyikos
L’Identité littéraire comme catalyseur de l’identité nationale et européenne
Depuis le siècle des Lumières jusqu’aux événements de la seconde moitié du 20e siècle, la littérature occupe une place fondamentale dans la formation des identités européennes. De par sa géographie, la Hongrie a sans cesse été confrontée à des questions d’orientation culturelle et politique: choisir entre «l’Est» et «l’Ouest». Comme la plupart des pays de cette région, la Hongrie a adopté la deuxième option à plusieurs reprises. Quelle image de soi la littérature peut-elle alors constituer dans la formation d’une identité nationale?
Marc Tamisier
Le Temps de l’Europe,l’art et la photographie
On considère généralement l’Europe comme un ensemble, mais elle se révèle en fait être – au delà de la diversité – un agglomérat d’altérités sans cesse en confrontation avec l’étrangeté. La photographie est alors l’occasion de l’affirmation de la valeur de l’art et de la problématisation d’identités singulières. S’appuyant sur la phénoménologie de Merleau-Ponty, nous nous demanderons dans quelle mesure la photographie constitue-t- elle l’autre comme altérité radicale dans l’espace européen.