Jimmy Durham critique de l’artiste autochtone
Maxence Alcalde
On a pour coutume de lier les cultural studies à la remise en question des grands récits pour la plupart hérités de la tradition philosophique moderne. Cette articulation entre moderniste et postmodernité a fait l’objet de nombreux débats dans l’art contemporain. Nous allons tenter de voir la manière dont un artiste comme Jimmie Durham — qui revendique à la fois une identité amérindienne et une participation au monde de l’art globalisé — parvient à combiner ces deux paradigmes à priori antinomiques.
Anish Kapoor vu par Homi Bhabha : herméneutique d’une critique d’art
L’analyse de la bibliographie publiée sur Anish Kapoor fait apparaître une lecture principalement eurocentriste de l’œuvre de cet artiste rattaché par la critique (essentiellement occidentale) à l’expressionisme abstrait, au minimalisme et à la Nouvelle sculpture anglaise. Son interprétation fait appel aux concepts du sublime, du néant, de l’angoisse psychanalytique face à « l’étrange ».
À partir de 1998, il choisit comme interprète privilégié de son travail, l’universitaire indien Homi Bhabha, théoricien majeur du post-colonialisme. Dans la lecture souvent poétique et métaphorique de l’œuvre développée par Bhabha on trouve les marqueurs de sa pensée exprimée notamment dans son ouvrage majeur The Location culture (Routledge 1994). Cette contribution analyse cette interprétation de Kapoor à la lumière de ce texte et vise à mettre en évidence les concepts de la pensée subalterne dans l’analyse de Bhabha.
Huang Yong Ping face à l’art contemporain
Shiyan Li
La pensée chinoise antique est au cœur de l’art des lettrés. Les artistes contemporains chinois ont reçu l’influence de l’art moderne occidental et, depuis une trentaine d’années de l’art contemporain ; certains d’entre eux ont su interroger cette matière nouvelle à l’aide d’une pensée clairement nourrie par la tradition. La démarche de Huang Yong Ping rejoint une acceptation d’un réel lui-même soumis à la respiration du monde. L’artiste offre un exemple d’une approche où la question de l’identité et du dialogue avec l’Occident trouve son dépassement dans une stratégie récusant le dualisme qui prévaut habituellement dans ce genre de débat.
De la danse contemporaine au Maghreb à une danse contemporaine maghrébine
Mariem Guellouz
La mondialisation accélère les flux culturels en oscillant entre les deux pôles de l’homogénéisation et de l’hétérogénéisation. Ces notions, empruntées à Appadurai (Appadurai, 1996), proposent d’échapper à la stigmatisation d’une période encore post-coloniale, capitalistique et impérialiste. Elles tentent de dire que la globalisation est un processus présent et concret, ni bon ni mauvais en soi, qui transforme profondément nos subjectivités, bouleversent les pensées et les corps. La danse contemporaine s’y trouve incluse. Elle interroge le corps et son rapport aux nouvelles technologies, à la nudité, à la maladie, au genre et à la sexualité. Elle veut repousser les limites physiques, morales, spatiales, transgresser des interdits, des codes. De telles stratégies politiques du corps sont-elles possibles sur la scène maghrébine ? Quels moyens mettre en œuvre pour adapter la danse contemporaine à une conception plus spécifiquement maghrébine du corps, sertie dans les imaginaires culturels de ces pays de l’Afrique du Nord ? Depuis quelques décennies des tentatives plus ou moins réussies pour faire exister la danse contemporaine au Maghreb se multiplient. Des chorégraphes et des danseurs tentent de donner à cette pratique sa légitimité. Il est alors possible d’observer deux mouvements. Un premier regroupe des chorégraphes qui se situent dans le sillage des techniques corporelles occidentales qu’ils adoptent, retravaillent et transmettent. Le second concerne les chorégraphes qui dans un travail de déconstruction, font émerger des formes nouvelles et contemporaines du mouvement traditionnel.
Création chorégraphique contemporaine, enjeux d’une reconnaissance en contexte postcolonial
Annie Bourdié
Au début des années quatre-vingt, la France fut le foyer d’émergence d’une nouvelle danse qui allait se répandre internationalement. Aujourd’hui la danse contemporaine est un style reconnu internationalement tout en faisant partie du patrimoine culturel français. Dix ans plus tard, dans un monde en proie à de grands bouleversements la France commençait à repenser sa politique de coopération vis-à-vis de l’Afrique en s’investissant dans le domaine de la promotion des arts contemporains sur le continent. Les arts chorégraphiques envisagés dans une perspective contemporaine étaient alors peu développés sur place. Dans un contexte postcolonial il est intéressant de se demander comment et pourquoi ils sont apparus jusqu’à devenir aujourd’hui une des formes d’expression contemporaine les plus développées et les mieux soutenues par la France. La question est de savoir comment les artistes arrivent à composer avec cette situation et s’ils parviennent à trouver une expression artistique qui leur est propre.
Les Porn Studies dans l’art contemporain, mise en spectacle et émancipation du corps pornographié
Émilie Landais
L’étude de l’émergence des Porn Studies, qui ont pour pierres angulaires les revendications féministes et les cultural studies américaines, est essentiellement menée dans le champ de l’art contemporain, à travers quatre étude de cas, qui se proposent ainsi d’analyser l’évolution et la continuité d’une forme de pornographie encore peu connue en France, la post-pornographie féministe.