Sandrine Lavaud
La fabrique historiographique et mythographique de la Croisade albigeoise (xixe-début xxe siècle)
Cette contribution souhaite fournir à la redécouverte de la Chanson de la Croisade albigeoise, telle qu’analysée par Philippe Martel, le cadre historiographique dans lequel elle s’inscrit. « Siècle de l’histoire », le xixe, fondateur pour la discipline qui s’érige en science autonome, passe aussi pour être un grand siècle pour les cathares, devenus objet d’histoire, avec de nombreuses monographies et éditions de sources. Mais, effet pervers de cet engouement qui a gagné un grand public féru de Moyen Âge, le siècle est aussi celui du mythe, de la fabrique du légendaire et de l’instrumentalisation de la Croisade albigeoise à des fins tant politiques et nationalistes que culturelles et religieuses, jusqu’à intéresser l’occultisme.
Mots clés : cathares, catharisme, Chanson de la Croisade albigeoise, Croisade albigeoise, Guillaume de Tudèle, historiographie, mythographie.
Philippe Martel
Éditer et traduire la Canso de la Croisade albigeoise : les pionniers du xixe siècle
Cette contribution traite des circonstances et des conséquences de la redécouverte de la Chanson de la Croisade albigeoise de Claude Fauriel à Eugène Martin-Chabot, en passant notamment par François Raynouard, Jean Bernard Mary-Lafon, Georges Guibal et Paul Meyer. Elle insiste principalement sur le contexte de la redécouverte du texte en ses manuscrits, de ses premières mentions, éditions, traductions et commentaires.
Mots clés : auteur, Chanson de la Croisade albigeoise, édition, Guillaume de Tudèle, manuscrits, historiographie, traduction.
Marjolaine Raguin-Barthelmebs
Quand la chanson de croisade se compose en cycle. Expériences d’écritures françaises et occitanes
La présente contribution propose une réflexion sur les processus de cyclisation de l’écriture des chansons de croisade épiques. S’intéressant d’abord au corpus français bien connu pour étudier ensuite celui plus confidentiel de langue occitane, l’auteure propose d’identifier un cycle épique de la croisade en langue d’oc composé des trois textes de la Canso d’Antioca, de la Chanson de la Croisade albigeoise, et du Poème de la guerre de Navarre. Elle en étudie les modalités propres de constitution, soulignant les spécificités de ces écritures occitanes au regard des connaissances de la cyclisation d’un cycle analogue en français ; insistant pour le cas occitan sur le rôle central du texte de la Chanson de la Croisade albigeoise dans ses deux parties.
Mots clés : Chanson d’Antioche occitane, Chanson de la Croisade albigeoise, chansons de croisade épiques, écriture cyclique, Guilhem Anelier, Guilhem de Tudela/Guillaume de Tudèle, Poème de la guerre de Navarre.
Katy Bernard
Simon de Montfort, héros tragique de la Chanson de la Croisade albigeoise : quand le Continuateur anonyme de Guillaume de Tudèle fait du pape Innocent III l’artisan de la mort de Montfort
Quand, dans la Chanson de la Croisade albigeoise, la pierre vient ôter la vie à Simon de Montfort, elle semble être le point ultime d’un déroulement inéluctablement orchestré par la Providence divine depuis le concile du Latran. Par la mise en scène du pape Innocent III pratiquant la bibliomancie et un jeu subtil de répétitions et de résonances au cœur du texte, le Continuateur anonyme fait du concile du Latran le point où le destin de Simon de Montfort bascule : quoique bras armé de l’Église et, dans les faits, favorisé par elle, il est montré comme étant désavoué de Dieu et du pape au profit des Raymond de Toulouse. Dès lors, l’Anonyme met en place un conflit inextricable entre la volonté de la Providence divine, celle des représentants de l’Église et celle de Simon de Montfort, offrant à ce dernier l’envergure d’un héros tragique.
Mots clés : bibliomancie, Chanson de la Croisade albigeoise, Innocent III, pape, prophétie de Merlin, Simon de Montfort.
Laurent Macé
La mortz o la terra. Jeunesse et légitimité dynastique dans le chant de l’Anonyme
Le Continuateur anonyme de la Canso accorde dans son œuvre une belle place aux jeunes princes méridionaux. Parmi eux, le fils du comte de Toulouse, le futur Raymond VII, apparaît comme la figure principale. Mais gravitent autour de lui d’autres fils, celui du comte de Foix et celui du comte de Comminges. Ces jeunes gens incarnent un espoir fort : celui d’une relève politique, non entachée par les soupçons de sympathie à la cause hétérodoxe ; celui aussi du maintien d’un Paratge qui serait menacé par les agissements des « Français » et du clergé. En cela, l’auteur ne fait que développer un thème cher aux troubadours de son temps.
Mots clés : Bernard de Comminges, Chanson de la Croisade albigeoise, jeunesse, héritage, Paratge, Raymond VII de Toulouse, Roger Bernard de Foix.
Frédéric Boutoulle
Les trois sièges de Marmande
Le siège et la prise de Marmande (1218-1219) constituent un événement majeur de la Croisade, aux portes de l’Agenais et de l’Aquitaine sous l’obédience des rois d’Angleterre. Cette étude s’attache à mettre en relation le récit qu’en donne la Chanson avec les sources contemporaines et à mieux situer cet épisode sanglant dans le contexte des rivalités entre Raimondins et Plantagenêts.
Mots clés : Chanson de la Croisade albigeoise, Croisade albigeoise, guerre, Louis VIII, Marmande, ville.
Vladimir Agrigoroaei
Hermogène le rhéteur et Bohémond le bâilleur. Échos de l’École de Hereford dans l’Ipomedon de Hue de Rotelande
L’Ipomedon de Hue de Rotelande reprend des thèmes et des motifs d’autres textes littéraires, mais il demeure esthétiquement singulier. Le présent article observe que les noms de deux personnages de ce roman parodique en vers de la fin du xiie siècle (le roi « Hermogenés » et le chien « Baailemunt ») constituent des allusions aux textes ou aux histoires ayant des auteurs ou des protagonistes en Italie du Sud. Ces échos sud-italiques seraient dus au fait que l’auteur du roman vivait dans le voisinage de Hereford, à une époque où les clercs de cette ville entretenaient des contacts avec le milieu savant de l’Italie méridionale.
Mots clés : anglo-normand, Hereford, Hermogène de Tarse, Hue de Rotelande, Ipomedon, Italie du Sud, onomastique.
Isabella Lazzarini
À propos de diplomatie médiévale : pratiques, modèles et langages de la négociation en Italie (xive-xve siècles)
Cet essai se concentrera sur la pratique diplomatique italienne au début de la Renaissance. Depuis le xixe siècle, les politiques italiennes ont fourni d’excellentes études de cas pour ce qui concerne la théorie associant les débuts de la diplomatie permanente et l’émergence d’ambassadeurs résidents dans le processus de construction de l’État. Cependant, au cours des dernières décennies, ce grand récit a été profondément revisité. Les réseaux de communication et de négociation à plusieurs niveaux, la collecte d’informations et la rédaction de lettres sont au cœur d’une telle révision et sont de plus en plus considérés comme les principales caractéristiques d’une « nouvelle » diplomatie, fondée sur le développement de réseaux de communication où les conflits étaient réglés par le moyen de multiples interactions afin de construire une légitimité sur une reconnaissance pragmatique réciproque.
Mots clés : ambassadeur, communication, diplomatie, information, Italie, lettres, Quattrocento.
Estelle Doudet
L’histoire est une littérature médiévale
Mots clés : écriture de l’histoire, fiction, histoire, historiographie, littérature
Charles West
traduit de l’anglais par Alban Gautier
Quelle place pour l’ecclesia dans l’Europe médiévale ?
Mots clés : communauté, cimetière, Église, ecclesia, espace, territorialisation.