Paris 8 - Université des créations

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Revue Marges. revue d'art contemporain
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/04/2015
EAN : 9782842924249
Première édition
CLIL : 3675 Revues sur l’art
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842924249

Version numérique
EAN : 9782842925154

Dispositif(s) dans l’art contemporain

N°20/2015

Exposition, publications, sites web, etc., Marges s’interroge sur ces nouveaux formats de présentation et sur leur capacité à affecter le spectateur.

Aujourd’hui, on assiste à une transformation considérable des formats de présentations des œuvres  – exposition, publications, sites web etc.  Par exemple, l’aspect du design d’exposition est de plus en plus important, au point que le contenu semble presque passer en arrière-plan. Si pendant la période moderne les éléments muséographiques semblaient, en apparence, transparents et neutres ; aujourd’hui, les dispositifs d’exposition prennent des formes inattendues et plus spectaculaires. Ces aspects visuels cherchent à faire ressentir au spectateur une véritable expérience esthétique. Marges a décidé de s’interesser à ces nouveaux dispositifs de présentation de l’œuvre [nouvelles formes de chorégraphie spatiale ou de décor de théâtre] et sur leur capacité à affecter le spectateur.

Éditorial

Dossier : « Dispositif(s) dans l’art contemporain » 

Angélica Gonzalez
« Le dispositif : pour une ntroduction »

Umut Ungan
« Le dispositif pictural selon Jean-François Lyotard. Conditions d’une analogie »

Anaël Lejeune
« In the Realm of the Carceral. Robert Morris et le pouvoir disciplinaire »

Emeline Jaret
« Les dispositif à l’œuvre chez Philippe Thomas : l’exemple de AB (1978-1980) »

Svitlana Kovalova
« Êtres vivants, dispositifs et sujets : rôle et la place du spectateur dans les œuvres de Rafael Lozano-Hemmer » 

 Julien Verhaeghe
« De l’appareil contemporain au dispositif cartographique »

Clémence Imbert
« Un dispositif dans le dispositif. Les expositions de design graphique contemporain »

Varia

Sophie Lapalu
« Following Piece : l’a posteriori du dispositif indiciel »

Entretien

Angelica Gonzalez
« Edgar Guzmanruiz : Germania, le fantôme d’un héritage inconfortable »

Portfolio

 Edgar Guzmanruiz

 

Notes de lecture et comptes rendus d’expositions

 

« Le dispositif dans la peinture selon Jean-François Lyotard. Conditions d’une analogie »
Umut Ungan

L’article analyse le dispositif pictural tel qu’il a été élaboré par Jean-François Lyotard dans sa communication en 1972, « La peinture comme dispositif libidinal » et décrit les mécanismes de l’objetivation de la psychanalyse pour sa pensé concernant la peinture.   

« In the Realm of the Carceral
. Robert Morris et le pouvoir disciplinaire »
Anaël Lejeune
L’intérêt de Robert Morris pour la pensée de Michel Foucault remonte au début des années 1970. Il trouve l’une de ses expressions les plus manifestes dans sa série de dessins, In the Realm of the Carceral (1978), inspirée par la lecture de Surveiller et Punir. Nous souhaitons suggérer comment la fréquentation des écrits du philosophe français au cours de cette décade a conduit Morris à renégocier un certain nombre de thèmes liés à la question du corps, enjeu majeur de sa première production minimaliste et à leur donner une inflexion politique.

« Following Piece : l’a posteriori du dispositif indiciel »

Sophie Lapalu
Une fois par jour, durant vingt-trois jours, Vito Acconci choisit au hasard une personne dans la rue pour la suivre jusqu’à ce qu’elle entre dans un lieu privé. Mais quelle invitation fut faite aux spectateurs ? Following Piece (1969), irréductible à l’appréhension traditionnelle d’une œuvre, ne fut pas perçue par un public lors de son accomplissement.
Nous nommons « dispositif indiciel » l’ensemble hétérogène de lettres, photos, panneaux produit par l’artiste afin de rendre publique l’action privée. Nous nous référerons à la sémiotique de Charles Senders Peirce pour saisir le fonctionnement de ce dispositif, inscrit dans une double relation : avec ce qu’il (re)présente d’une part, et ses récepteurs d’autre part.

« Les dispositifs à l’œuvre chez Philippe Thomas : l’exemple de AB (1978-1980) »

Émeline Jaret
L’appropriation du terme de « dispositif » par le milieu artistique, récurrente à partir de la fin des années 1970, coïncide avec la formulation de sa définition par Michel Foucault, reprise et commentée de nombreuses fois par la suite. Cette étude se propose d’interroger son utilisation par l’un de ces artistes : Philippe Thomas (1951-1995), figure symptomatique d’une génération d’artistes français qui émerge à la fin des années 1970. L’exemple choisi est celui d’AB, œuvre protéiforme développée entre 1978 et 1980 par Philippe Thomas, qu’il qualifie précisément de dispositif dans ses notes. À partir de cette œuvre et d’un pointage systématique des occurrences de ce terme dans les archives de l’artiste pour la période de 1977 à 1980, cette étude propose de confronter les utilisations de la notion de dispositif par Philippe Thomas avec sa définition historique et ses prolongements théoriques. Cela, afin de comprendre dans quelles mesures, chez Philippe Thomas, cette notion participe à l’élaboration d’un discours théorique sur l’art dont elle sert d’appui.  

« Les êtres vivants, les dispositifs et les sujets : le rôle et la place du spectateur dans les œuvres de Rafael Lozano-Hemmer »
Svitlana Kovalova
Alpha Blend. Shadow Box 7 et Autopoiesis de Rafael Lozano-Hemmer mettent en question le rôle du dispositif dans l’art contemporain. Ces œuvres se font avec et pour le spectateur : il est à la fois leur sujet, une partie de leur dispositif et un être vivant. Le dialogue « homme-machine» s’y transforme en un dialogue du spectateur avec sa propre image, qui lui est renvoyée par la machine, ce qui fait que l’analyse du dispositif en termes de pouvoir passe au second plan.

« De l’appareil contemporain au dispositif cartographique »
Julien Verhaeghe
De quelle façon un dispositif artistique se réfère-t-il au monde contemporain ? Quel lien tisser entre les dispositifs d’exposition et les dispositifs « structurels » énoncés par Michel Foucault ? Nous constatons dans nombre de pratiques artistiques contemporaines la volonté non tant de se porter sur le terrain de l’œuvre-objet mais sur celui des lectures stratifiées, complexes et multidimensionnelles. En nous appuyant en particulier sur les installations de Harun Farocki et de Thomas Hirschhorn, il s’agit alors d’envisager une logique de représentation qualifiée de cartographique. Celle-ci ne décrit pas seulement l’utilisation par les artistes de la carte, elle renvoie davantage à un mode de fonctionnement. Ces « dispositifs cartographiques », dans leur faculté à incarner les structures complexes de nos sociétés réticulaires, sont sans doute ce qui permet de figurer au mieux les aspérités du monde dans lequel nous vivons.

« Un dispositif dans le dispositif. Les expositions de design graphique contemporain »
Clémence Imbert
Que se passe-t-il lorsque le design graphique est exposé ? A partir de l’exemple offert par les expositions des avant-gardes  (Bayer, Moholy-Nagy) et par les toutes dernières expositions de graphisme présentées en France l’an dernier, nous analyserons, à la lumière de la notion de dispositif, les différentes configurations que peut prendre la relation du design graphique et de son exposition.



“The “dispositif ” in painting according to Jean-Fraois Lyotard. Conditions of an analogy”
Umut Ungan
The article analyses the pictorial dispositif developed by Jean-François Lyotard in his communication in 1972, “Painting as a libidinal dispositif” and describes the objectification mechanisms of the psychoanalysis for his thinking about painting.

“In the Realm of the Carceral
. Robert Morris and disciplinary power”

Anaël Lejeune
As soon as 1970, American artist Robert Morris showed a keen interest in Michel Foucault’s thinking. One of its most vivid expressions lies in his series of drawings, In the Realm of the Carceral (1978), inspired by the reading of Discipline and Punish. I would like to suggest how the reading of Foucault’s writing during this decade helped Morris to renegotiate a number of issues related to the body, a theme deeply at stake in his early minimalist works, and to give them a political turn.

“Following Piece: the Afterthought of an Indiciary Device”

Sophie Lapalu
Once a day, during twenty three days, Vito Acconci chooses at random a person in the street to follow her until she enters into a private place. But what invitation was made to the spectators? Following Piece ( 1969 ), irreducible to the traditional apprehension of an art work, was not perceived by a public during its fulfillment. 
The heterogeneous group of letters, photos, panels produced by the artist in order to make public the private action is named an “index device”. We will refer at the Charles Senders Peirce’s semiotics to try to seize the functioning of this device, which is in a double relation: with what he ( re )presents on one hand, and his receivers on the other hand.

« Devices at work in Philippe Thomas’ Work : the Example of AB (1978-1980) »

Émeline Jaret
From the end of the 1970s, artistic circles’ recurrent appropriation of the term “dispositif” coincided with the definition formulated by Michel Foucault, repeated and discussed on numerous occasions thereafter. This study sets out to question it’s use by one of these artists: Philippe Thomas (1951 – 1995), an emblematic figure of a generation of French artists emerging at the end of the 1970s. The example chosen is AB, a protean work developed between 1978 and 1980 by Philippe Thomas, which he precisely defines as a dispositif in his notes. From this work and a systematic survey of the occurrences of the term in the artist’s archive between 1977 and 1980, this study aims to confront Philippe Thomas’ uses of the notion of a dispositif with its historical definition and theoretical repercussions. The study will aim to understand to what extent this notion is involved in elaborating a theoretical discourse on the art that it supports.

“The living beings, the devices and the subjects: the role and the place of the spectator in Rafael Lozano-Hemmer’s works”
Svitlana Kovalova
Alpha Blend. Shadow Box 7 and Autopoiesis by Rafael Lozano-Hemmer change the perception of the device in contemporary art. These works are made with and for the spectator: he is at the same time their subject, a part of their device and a human being. The « human-machine » dialogue is transformed into a dialogue of the spectator with a picture of himself which is sent back by the machine. Studying this device just in terms of power is therefore no longer topical.

« From Contemporary Apparatus to a Cartographic Device »
Julien Verhaeghe
How an artistic device refers to the contemporary world? What relationship develops between the exhibition devices and the “structural” devices stated by Michel Foucault? We see in many contemporary artistic practices the will not to stand on the ground of works seen as an item, but on the stratified, complex and multidimensional readings. In particular, focusing on the installations of Harun Farocki and Thomas Hirschhorn, we can consider a mode of representation that can be said cartographic. It not only describes the use by artists of the maps, it refers more to a mode of operation. These “map devices” in their ability to embody the complex structures of our reticular societies, are probably allowing us to figure the world in which we live in.

“A Device within the Device. About Exhibitions of Contemporary Graphic Design”
Clémence Imbert
What happens to graphic design when it is exhibited ? Looking up at some examples of exhibitions by the avant-gardes (Bayer, Moholy-Nagy) and the latest graphic design exhibitions held in France last year, we will address the concept of « dispositif » (apparatus) in relation to graphic design and its exhibition.

Ce numéro de Marges est l’occasion d’interroger le fonctionnement des dispositifs dans le champ de l’art contemporain, leur opérativité stratégique et les effets qu’ils induisent dans la manière dont sont perçues et interprétées les œuvres. Ces questions se posent d’autant plus à l’heure où les dispositifs d’exposition prolongent les dispositifs plastiques jusqu’à adopter des formes inédites. Les modalités de présentation cherchent alors à faire vivre au spectateur une expérience esthétique renouvelée. Les dispositifs mis en œuvre, de même que leur capacité à affecter le spectateur, conduisent de fait à un grand nombre d’interrogations. Peut-on dire que les dispositifs expositionnels trahissent les œuvres ? Uniformisent-ils leur présentation ? Imposent-ils une norme artistique ou bien sont-ils un nouvel outil créatif pour les artistes ? Ces dispositifs sont-ils atemporels ou bien correspondent-ils à des périodes particulières de l’histoire ? Comment les institutions tirent-elles parti de tels dispositifs pour promouvoir leurs expositions ? Et d’ailleurs, s’en servent-elles uniquement comme d’outils de médiation ? La médiation, au sens général, peut-elle être vue comme un ensemble de dispositifs de capture du spectateur ? L’utilisation des dispositifs technologiques déforme-t-elle le regard du spectateur par rapport à l’œuvre ? L’introduction que nous livre Angelica Gonzalez permet de revenir sur ces points et les textes que nous publions dans la suite du numéro cherchent à répondre à ces questions à partir d’exemples spécifiques.

Le premier texte, dû à Umut Ungan, s’intéresse au traitement du dispositif pictural chez Jean-François Lyotard et à la manière dont cet auteur le conçoit comme une combinaison d’éléments sélectionnés. Les positions de Lyotard sont mises en relation avec celles de théoriciens de sa génération.

Anaël Lejeune, retrace quant à lui l’influence de la question du dispositif, propre à Michel Foucault, dans le travail des années 1970 de Robert Morris, en particulier dans la série de dessins In the Realm of the Carceral. Cette influence conduit Morris à reconsidérer la place du corps au sein de ses œuvres en y ajoutant une dimension politique.

Le texte suivant, d’Émeline Jaret, part d’AB, l’une des premières séries produites par Philippe Thomas, un artiste ayant beaucoup fait appel à des dispositifs dans son travail. La question du dispositif apparaît d’abord de manière assez littérale, au travers d’interventions spatiales où l’œuvre ne peut être vue sans un lien à des formes de médiation (implicites ou explicites) ; ensuite en considérant l’ensemble de sa pratique comme relevant de fictions déclinées dans des dispositifs complexes mêlant création, monstration, collection et mettant en doute les positions traditionnelles au sein du système de l’art.

Le quatrième texte de Svitlana Kovalova aborde la question du dispositif dans sa dimension plus technique, voire technologique, à travers l’exemple de trois œuvres de Rafael Lozano-Hemmer : Alpha Blend, Shadow Box 7 et Autopoiesis. Les œuvres de cet artiste mettent en effet constamment l’accent sur la relation entre l’œuvre et le spectateur, cherchant à « piéger » celui-ci dans le moment même de sa rencontre : le dialogue « homme-machine » s’y transformant en un dialogue du spectateur avec sa propre image.

Le texte suivant concerne les pratiques de Thomas Hirschhorn et d’Harun Farocki. Julien Verhaeghe revient sur une œuvre de ce dernier qui avait fait sensation à la Documenta en 2007, Deep Play, où l’artiste avait créé un dispositif de présentation faisant écho aux dispositifs de saisie utilisés pour filmer et analyser un match de football. En s’intéressant aux installations d’Harun Farocki et de Thomas Hirschhorn, il s’agit d’envisager une logique de représentation qualifiée de cartographique — laquelle ne décrit pas seulement l’utilisation par les artistes de la carte comme motif, mais renvoie davantage à un mode de fonctionnement.

Le dernier texte de ce dossier adopte une perspective plus générale. Clémence Imbert aborde la question de l’exposition du design graphique en mettant en lumière la complexité d’une telle opération, laquelle met en jeu une grande variété de dispositifs scénographiques. Les expositions des avant-gardes (Bayer, Moholy-Nagy) y sont évoquées, ainsi que les toutes dernières expositions de graphisme présentées en France en 2013-2014.

Un texte en varia, dû à Sophie Lapalu, s’interroge sur Following Piece — l’une des œuvres les plus célèbres de Vito Acconci — et la manière dont cette œuvre a fait l’objet d’une reprise sous la forme de documentation dans le contexte muséal. Les frontières parfois floues entre œuvre et document ou entre expérience et récit d’expérience font l’objet de son étude, au travers de la notion de « dispositif indiciel » — lequel désigne l’ensemble hétérogène des lettres, photos, panneaux produits par l’artiste afin de rendre publique son action.

Nous présentons également un entretien d’Angelica Gonzalez avec Edgar Guzmanruiz, un artiste et architecte ayant travaillé à partir du projet Germania mené par Adolf Hitler et Albert Speer dans le Berlin des années de guerre. Un portfolio de ses œuvres est également présenté. Quelques comptes rendus d’expositions complètent enfin ce numéro.

 

Jérôme Glicenstein – avril 2015

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Revue Marges. revue d'art contemporain
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 10/04/2015
EAN : 9782842924249
Première édition
CLIL : 3675 Revues sur l’art
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842924249

Version numérique
EAN : 9782842925154

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