« Le dispositif dans la peinture selon Jean-François Lyotard. Conditions d’une analogie »
Umut Ungan
L’article analyse le dispositif pictural tel qu’il a été élaboré par Jean-François Lyotard dans sa communication en 1972, « La peinture comme dispositif libidinal » et décrit les mécanismes de l’objetivation de la psychanalyse pour sa pensé concernant la peinture.
« In the Realm of the Carceral. Robert Morris et le pouvoir disciplinaire »
Anaël Lejeune
L’intérêt de Robert Morris pour la pensée de Michel Foucault remonte au début des années 1970. Il trouve l’une de ses expressions les plus manifestes dans sa série de dessins, In the Realm of the Carceral (1978), inspirée par la lecture de Surveiller et Punir. Nous souhaitons suggérer comment la fréquentation des écrits du philosophe français au cours de cette décade a conduit Morris à renégocier un certain nombre de thèmes liés à la question du corps, enjeu majeur de sa première production minimaliste et à leur donner une inflexion politique.
« Following Piece : l’a posteriori du dispositif indiciel »
Sophie Lapalu
Une fois par jour, durant vingt-trois jours, Vito Acconci choisit au hasard une personne dans la rue pour la suivre jusqu’à ce qu’elle entre dans un lieu privé. Mais quelle invitation fut faite aux spectateurs ? Following Piece (1969), irréductible à l’appréhension traditionnelle d’une œuvre, ne fut pas perçue par un public lors de son accomplissement.
Nous nommons « dispositif indiciel » l’ensemble hétérogène de lettres, photos, panneaux produit par l’artiste afin de rendre publique l’action privée. Nous nous référerons à la sémiotique de Charles Senders Peirce pour saisir le fonctionnement de ce dispositif, inscrit dans une double relation : avec ce qu’il (re)présente d’une part, et ses récepteurs d’autre part.
« Les dispositifs à l’œuvre chez Philippe Thomas : l’exemple de AB (1978-1980) »
Émeline Jaret
L’appropriation du terme de « dispositif » par le milieu artistique, récurrente à partir de la fin des années 1970, coïncide avec la formulation de sa définition par Michel Foucault, reprise et commentée de nombreuses fois par la suite. Cette étude se propose d’interroger son utilisation par l’un de ces artistes : Philippe Thomas (1951-1995), figure symptomatique d’une génération d’artistes français qui émerge à la fin des années 1970. L’exemple choisi est celui d’AB, œuvre protéiforme développée entre 1978 et 1980 par Philippe Thomas, qu’il qualifie précisément de dispositif dans ses notes. À partir de cette œuvre et d’un pointage systématique des occurrences de ce terme dans les archives de l’artiste pour la période de 1977 à 1980, cette étude propose de confronter les utilisations de la notion de dispositif par Philippe Thomas avec sa définition historique et ses prolongements théoriques. Cela, afin de comprendre dans quelles mesures, chez Philippe Thomas, cette notion participe à l’élaboration d’un discours théorique sur l’art dont elle sert d’appui.
« Les êtres vivants, les dispositifs et les sujets : le rôle et la place du spectateur dans les œuvres de Rafael Lozano-Hemmer »
Svitlana Kovalova
Alpha Blend. Shadow Box 7 et Autopoiesis de Rafael Lozano-Hemmer mettent en question le rôle du dispositif dans l’art contemporain. Ces œuvres se font avec et pour le spectateur : il est à la fois leur sujet, une partie de leur dispositif et un être vivant. Le dialogue « homme-machine» s’y transforme en un dialogue du spectateur avec sa propre image, qui lui est renvoyée par la machine, ce qui fait que l’analyse du dispositif en termes de pouvoir passe au second plan.
« De l’appareil contemporain au dispositif cartographique »
Julien Verhaeghe
De quelle façon un dispositif artistique se réfère-t-il au monde contemporain ? Quel lien tisser entre les dispositifs d’exposition et les dispositifs « structurels » énoncés par Michel Foucault ? Nous constatons dans nombre de pratiques artistiques contemporaines la volonté non tant de se porter sur le terrain de l’œuvre-objet mais sur celui des lectures stratifiées, complexes et multidimensionnelles. En nous appuyant en particulier sur les installations de Harun Farocki et de Thomas Hirschhorn, il s’agit alors d’envisager une logique de représentation qualifiée de cartographique. Celle-ci ne décrit pas seulement l’utilisation par les artistes de la carte, elle renvoie davantage à un mode de fonctionnement. Ces « dispositifs cartographiques », dans leur faculté à incarner les structures complexes de nos sociétés réticulaires, sont sans doute ce qui permet de figurer au mieux les aspérités du monde dans lequel nous vivons.
« Un dispositif dans le dispositif. Les expositions de design graphique contemporain »
Clémence Imbert
Que se passe-t-il lorsque le design graphique est exposé ? A partir de l’exemple offert par les expositions des avant-gardes (Bayer, Moholy-Nagy) et par les toutes dernières expositions de graphisme présentées en France l’an dernier, nous analyserons, à la lumière de la notion de dispositif, les différentes configurations que peut prendre la relation du design graphique et de son exposition.