Paris 8 - Université des créations

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/12/1994
EAN : 9782910381129
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782910381129

Du bon usage de la souffrance

N°27/1994

Exploration  des expressions, des représentations et les usages de la souffrance durant un long Moyen Age.

Depuis la perte telle qu’elle s’exprime dans la rhétorique jusqu’à la violence qui se manifeste dans les villes allemandes, sont envisagées les différentes facettes de la douleur : du sang des flagellants aux larmes du Christ, en passant par les souffrances qu’engendrent certains instruments de musique.

 Piroska Zombory-Nagy et Véronique Frandon
en collaboration avec David El Kenz et Matthias Grässlin
Pour une histoire de la souffrance : expressions, représentations, usages

 

Christian Kiening
Rhétorique de la perte. L’exemple de la mort d’Isabelle de Bourbon (1465)

 

Martine Clouzot
Souffrir en musique

 

Piroska Zombory-Nagy
Les larmes du Christ dans l’exégèse médiévale

 

Anne Autissier
Le sang des flagellants

 

David El Kenz
L’homme de la douleur protestant au temps des guerres de religion

 

Valentin Groebner
La ville et le corps. La perception du corps blessé à Nuremberg à la fin du XVe siècle

 

ESSAIS ET RECHERCHES

 

Beate Schuster
L’imaginaire de la prostitution et la société urbaine en Allemagne (XIIIe-XVIe siècles)

 

Patrick Boucheron
De la cruauté comme principe de gouvernement. Les Princes « scélérats » de la Renaissance italienne au miroir du romantisme français

 

Christiane Mattke
Verges et disciplines dans l’iconographie de l’enseignement

 

Abstracts
Notes de lecture
Livres reçus

Patrick J. Geary, Richard Landes, Amy G. Remensnyder, Timothy Reuter, Barbara H. Rosenwein : « Qui a peur de l’an mil ? Un débat électronique aux approches de l’an 2000 »
Un débat par courrier électronique entre quatre médiévistes anglophones. La discussion est principalement centrée sur l’interprétation de quatre textes-clés : une charte du cartulaire de Saint-Victor, un passage de l’Apologétique d’Abbon de Fleury, des fragments du Chronicon de Thietmar de Mersebourg et du De ortu et tempore Antichristi d’Adson de Montier-en-Der. Les discussions font apparaître des stratégies radicalement différentes dans la lecture et les interprétations de ces sources. Dans la partie finale du débat est posé le difficile problème de la généralisation : jusqu’à quel point est-il possible de généraliser, géographiquement, d’une région à l’autre et socialement, d’une classe à une autre ?

Dominique Barthélemy : « Antichrist et blasphémateur »
D’un seigneur revendiquant une propriété contre Sainte-Foy de Conques, Bernard d’Angers (I. 12) fait par l’invective un “antichrist”. D’un vassal ardent à la défendre, il fait un “blasphémateur” pour que la vengeance divine soit plus expressive et plus méritée. De chroniques et d’hagiographies partiales et codées certains historiens font un “an mil” trop dramatique. Leurs illusions, encouragées par Michelet et par Duby, doivent céder la place à une histoire plus authentique.

Guy LOBRICHON : « Jugement sur la terre comme au ciel. L’étrange cas de l’Apocalypse millénaire de Bamberg »
L’illustration fameuse du Jugement dernier dans l’Apocalypse de Bamberg (Staatliche Bibliothek, Bibl. 140 (A. II.42) f° 53 r°), fréquemment évoquée par les historiens de l’art, n’a cependant pas fait couler beaucoup d’encre. On sait que le problème essentiel est celui de la datation du manuscrit, vers 1010-1020, ou vers 1000. Les propositions énumérées dans cet article mettent en cause directement le jeune empereur Otton III et son entourage.

Pierre Bonnassie : « Les inconstances de l’An Mil »
L’An Mil est une époque incertaine, un temps d’entre-deux âges où le vieux et le neuf se mêlent inextricablement. D’où des contradictions dans les sources qui offrent souvent des témoignages antithétiques. Loin de les accepter comme tels, c’est-à-dire comme la marque des contrastes de l’époque, trop d’historiens ont tendance aujourd’hui à les mettre en doute pour nous offrir de l’An Mil une image lisse, voire passéiste. Sans tomber dans les excès d’une histoire apocalyptique, il convient de conserver à l’An Mil sa passionnante originalité.

Dominique IOGNA-PRAT : « Consistances et inconsistances de l’an Mil »
En réponse au débat e-mail résumé dans ce numéro et sous un titre un tantinet provocateur, ce rapide article tente de prendre la mesure de nos inconséquences collectives face à un problème qui restera brumeux tant que nous ne nous donnerons pas sérieusement les moyens de le saisir par les deux bouts : comme une concrétion historique qu’il convient de saisir en contexte, mais aussi comme imaginaire d’un passé lentement sédimenté dont nous devons faire un objet d’étude propre pour pouvoir acquérir un peu d’autonomie de pensée.

Stephen D. White : « Repenser la violence : de 2000 à 1000 »
Cet article propose une nouvelle réflexion sur la violence vers l’an mil, à la lumière des débats théoriques actuels sur la violence à l’approche de 2000 et en prenant en considération non seulement la violence physique et publique des seigneurs laïcs et des chevaliers, mais aussi les différentes formes de violence monastique, dont celle verbale et rituelle, ainsi que la violence physique qu’étaient censés pratiquer les êtres surnaturels au profit des moines. En situant ces différentes formes de violence laïque et monastique dans le jeu de la faide culturellement structuré, où la violence, mais aussi la représentation de la violence supposée de l’ennemi, faisaient partie des manoeuvres acceptées, la question se pose : ce type de jeu politique et la culture de la faide qui le constituait ont-ils été créés juste au tournant du millénaire par les seigneurs laïcs et les chevaliers, soudain libérés du contrôle de l’État, ou ont-ils été élaborés plus lentement par les moines et par les laïcs, qui ont adapté progressivement des pratiques politiques plus anciennes et des catégories culturelles déjà existantes ?

Sophia Boesch-Gajano : « Angoisses religieuses, angoisses existentielles au passage des millénaires »
L’accent mis sur les années 1000 et 2000 conduit à s’interroger sur la conception du temps, sur l’importance de son contrôle et de sa mesure dans la civilisation chrétienne. Alors que le passage du premier au second millénaire avait été une construction post eventum de l’historiographie ecclésiastique, le passage du second au troisième est construit au présent, favorisé par les actuelles possibilités technologiques de mesure du temps, la dilatation planétaire de l’information. À l’intérieur de l’Église, Jean-Paul II organise le passage par le Jubilé, dans la continuité de la scansion séculaire inventée en 1300 (ensuite accélérée). Les deux passages sont des constructions culturelles à forte valeur symbolique : le premier construit par l’idéologie et l’historiographie, le second par l’idéologie et la technologie.

Robert Delort : « Environnement et millénaires »
L’environnement a changé en dix siècles, surtout selon nos critères scientifiques actuels, bien que notre sentiment de la nature porte maintes attitudes modelées au Moyen ge. L’environnement change sous ses facteurs géophysicochimiques (influence des galaxies, du soleil, du magnétisme, de la tectonique, du volcanisme, des séismes ; du climat, des glaciations, du niveau marin, des ondes de tempête) ou dans ses facteurs bioécologiques (végétation, faune, microfaune, démographie?). Mais les variations naturelles sont interprétées par les hommes et souvent modifiées dans leurs formes ou leurs conséquences par l’agriculture, les grands travaux, l’aménagement du territoire &emdash; et aussi par des pollutions, des maladies émergentes, de nouvelles attitudes.

Jean-Christophe Cassard : « Clovis? Connais pas ! Un absent de marque dans l’historiographie bretonne médiévale »
Le personnage de Clovis n’apparaît qu’à la fin du Moyen ge, et encore fort timidement, dans l’historiographie bretonne. À cette discrétion il y a des raisons historiques objectives &emdash; son manque d’intérêt pour la péninsule &emdash;, mais surtout des causes politiques : dans leur effort commun pour sauvegarder les libertés du duché, ses historiens choisissent d’exalter la figure du roi Arthur des légendes, souverain breton et chrétien, conquérant prestigieux, au détriment d’un Clovis rejeté dans l’ombre avec ses Francs tard-venus en Gaule, comme pour assurer aux Bretons une sorte de prééminence fondée sur leur antériorité dans la foi et la gloire des armes.

Étienne Anheim : « L’histoire intellectuelle du Moyen ge, entre pratiques sociales et débats doctrinaux »
La collection Vestigia rassemble des études sur la pensée médiévale. Certains ouvrages sont des rééditions, ou des traductions de livres étrangers et de sources médiévales, mais on rencontre surtout beaucoup de textes originaux, tant des synthèses que des études thématiques. Le plus grand intérêt de l’ensemble réside dans le projet général de la collection, qui vise à rénover l’histoire intellectuelle dans le sens d’un plus grand dialogue entre histoire et philosophie, proposant finalement une méthode originale pour confronter enjeux sociaux ou politiques, et analyse doctrinale.

 Christian KIENING : « The Rhetoric of Loss »
The fifteenth century evidences, in a variety of diverse ways, to a growing interest in affective phenomenons and their literary and figurative representations. The author has chosen, from among the vast number of laments in which a veritable phenomenology of mourning is developped, three texts which refer to the same event : the death of Isabel of Bourbon (1465). These texts throw light on the relationship between historical fact and literary imagina-tion as well as on the (anthropological) tension between mourning and consolation.

Martine CLOUZOT : « Suffering to Music »
Although, in its relation to suffering, music is generally reputed for possessing therapeutic virtues, several iconographic and written sources dating from the thirteenth to the fifteenth centuries attribute a harmful influence to music. This ambivalence was based on the correlation between the intensity of suffering and that of the sonorous quality of musical instruments, which in the Middle Ages were divided into two great families in accordance to the sound volume they produced. Consequently it was according to their high and stri-dent or low and soft sonorities that the instruments were thought to act on suffering, either amplifying it or alleviating it.

Piroska ZOMBORY-NAGY : « The Tears of Christ in the Medieval Exegesis »
According to the New Testament, Jesus wept three times during His lifetime, yet only once does the shedding of tears express His suffering. This paper purposes to examine the exegesis relating to these three occurrences in Christ’s terrestrial life by exploring a corpus of texts reduced to their most important commentaries, which were widely diffused from patristic times to the thirteenth century. Two questions arise : what is the relationship between the suffering and the tears of Christ, and what significance did the tears of Christ hold for the man of the Middle Ages, who aspired to imitate Him ? Despite the growing systematization of exegetic methods, the interpretation of the shedding of the tears of Christ has changed little with time. The tears were con-sidered by the commentators as a sign of Christ’s humanity as well as an expression of His virtues. As a metaphor of suffering, the tears of Christ also add to the effectiveness of the Passion. The tears and the blood of Christ have reciprocal roles, thus offering man the possibility of sparing suffering by shedding tears. The tears appear as a remedy to suffering, rather than as the expression of it.

Anne AUTISSIER : « The Blood of the Flagellants »
In 1349, to avert the Black Death, penitents walked in procession while flagellating themselves to ” appease the wrath of God “, notably in the impe-rial countries near the Marches of the northeastern kingdom of France and in Flanders. They were condemned by the Church, who deemed that the fla-gellants were investing the blood they spilled with a miraculous significance. Surprisingly, the documents left by the penitents themselves do not mention this condemnation. Yet the Church constituted a dossier of proscription ren-dered effective by a papal bull which resulted in the disappearance of the flagellant movement.

David EL KENZ : « The Protestant Man of Suffering in the Times of the Wars of
Religion »
In the age of religious upheavals suffering was a recurrent theme in Reformed apologetics. Antoine de la Roche-Chandieu’s treatise, published soon after the first War of Religion, expounds a discourse which justifies the trials endu-red by Protestants since 1557. His model is the Calvinist martyr, and the account of giving one’s life for one’s faith, from arrest to execution, is organized in correlation to the manifestation of Christ-God. This ” sacred theatre ” strives to disqualify royal justice, to attest to the divine presence at the side of the new Church, and to legitimize the first rebellions. Thus a Reformed culture of Christian suffering did indeed exist, whose axis was the divine union through faith.

Valentin GROEBNER : « Violence in the City : A Few Observations on the Perception of the Injured Body in Nuremberg at the End of the Fifteenth Century »
The paper examines ” every-day ” violence in a large city during the late Middle Ages and how it was perceived in the chronicles, municipal ordinan-ces, and private contracts dealing with damages and compensation these last having been heretofore little known or explored. The compensations for injury and homicides represent considerable sums yet neither the chroniclers nor the municipal authorities seemed to consider violence as a threat to the city, and still less as the symptom of a ” crisis “. The perception of bodily injuries and homicide cases, and the laws regulating them fall within the system of signs representing social and political order which distinguishes ” just ” violence from ” unjust/false ” violence. This rule of proceeding results in the dissembling of physical violence and its consequences behind order, and it is only through the momentary disruption caused by the violent occur-rence itself that the wounded and suffering body becomes visible.

Beate SCHUSTER : « The Representations of Prostitution and the Perception in the Urban Society in Germany (XIIIth-XVIth Centuries) »
The image of the prostitute in German cities during the late Middle Ages was essentially inspired by ecclesiastical tradition, which used representations of such women to exemplify human fate. Prostitutes were considered as ” free ” and ” poor ” women deprived of protection, or as women seduced by the material world. Their weakness rendered the community responsible for their care. However, at the end of the Middle Ages, a new image born of a morality independent of religious tradition prevailed : the prostitute was considered as a whore, using her power to abuse men. This interpretation reflects a new anthropological and community conception in the cities, and one which justified the expulsion and the mutilation of women who did not comply with the ethics of urban morality.

Patrick BOUCHERON : « Of Cruelty as a Principle of Government. The “Iniquitous” Princes of the Italian Renaissance Reflected in the Mirror of French Romanticism »
This paper proposes a study interrelating two subjects : the anthropological structure of the tyranny of the Italian princes at the close of the Middle Ages, and the fascination they inspired in several nineteenth-century French writers. Starting with Stendhal’s works, the study endeavors to define the cruel energy exerted by the Italian princes, whose evil deeds were only equal to their debauchery. Striving solely toward their own pleasure, tyrannies worked toward their own ruin : the dreaded prince was thus a prisoner of his own power. Nor did the calculating prince of the fifteenth century cease to be cruel ; although he cast aside futile turpitudes, he still used cruelty for the good of the State. What fascinated Stendhal and Victor Hugo was the distant, abhorred power of the tyrants. In this they are the inheritors of the late Middle-Age French thinkers, who had already made the distinction bet-ween fear of the tyrant and love of the king.

Christiane MATTKE : « Discipline and the Switch in the Iconography of Pedagogy »
The switches shown in medieval images depicting education seem to indicate that corporal punishment was customary. By means of an iconographic analy-sis of the initial letters in the illuminated thirteenth century manuscripts of the Proverbs Bible, representing Solomon teaching his son, this study strives to demonstrate that the switches have the ambiguous significance of an object at once pratical and symbolic. This significance finds its equivalent in the notion of disciplina as elaborated by the medieval pedagogical thought from the twelfth century onwards.

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Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/12/1994
EAN : 9782910381129
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
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EAN : 9782910381129

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