Paris 8 - Université des créations

Partager

ajouter au panier

Revue Marges. revue d'art contemporain
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 26/04/2022
EAN : 9782379242106
Première
CLIL : 3675 Revues sur l’art
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782379242106

Version numérique
EAN : 9782379242113

Ethique et/ou esthétique

N°34/2022

Ce numéro s’inscrit dans le mouvement grandissant mais méconnu de l’art écologique. Il est question de la transposition des débats éthiques au sein de la création artistique (et parfois de l’esthétisation des mêmes débats).

Ces dernières années les questions d’ordre éthique envahissent le monde : sort des migrants, revendications de groupes sociaux jusqu’ici minorisés, invasion de la vie privée par les réseaux sociaux, mise en cause de plus en plus généralisée des forces politiques traditionnelles, impuissance des différents gouvernements à répondre à l’urgence climatique, etc. Ces questions se retrouvent souvent dans les productions artistiques, ce qui conduit à s’interroger sur le bien fondé de l’esthétisation éventuelle – peut-être indue – de certains des problèmes les plus cruciaux de notre temps.

Éditorial – Jérôme Glicenstein

 

Dossier : La circulation des idées dans l’art contemporain

 

Jérôme Glicenstein
« Introduction : éthique et/ou esthétique ? »

Sophie Lacombe
« “Hospitalités théâtrales” : l’art à l’épreuve de la crise d’accueil »

Paul Bernard-Nouraud 
« L’art contemporain face à la crise migratoire. Notes sur Barca Project de Christoph Büchel »

Ewelina Chwiejda
« De l’humanisme agressif à la beauté politique – l’art comme instrument de lutte pour les droits de l’homme »

Nadine Asmar
« L’Attentat et la censure : L’éthique au détriment de l’esthétique ? »

Rafaella Uhiara et Denise Cobello
« Les enjeux de la représentativité dans la scène contemporaine »

Diego Scalco
« La tragédie comme dés/enrégimentation de la violence »

Philip Mills
« Pour une poéthique. De Wittgenstein aux “documents poétiques” »

Flore Di Sciullo
« Le dilemme éthique d’un périodique artistique : art press et “l’Affaire Finlay” »

Entretien

Entretien de David Martens avec Nathalie Léger                             

 

Portfolio

Artavazd Pelechian
« La nature »

David Ru

 

Notes de lecture et comptes rendus d’expositions

Abstracts français et anglais

« “Hospitalités théâtrales” : l’art à l’épreuve de la crise d’accueil »
Sophie Lacombe

Cet article examine le rapport entre esthétique et éthique, sous le prisme du concept d’hospitalité chez Jacques Derrida appliqué aux arts de la scène. Il s’agit d’étudier la façon dont s’engagent, directement ou non, certains artistes de théâtre dans la « crise migratoire » en Europe, déployant des modèles d’hospitalité par l’art. Selon les cas analysés, entre pratiques théâtrales au sein de camps de réfugiés ou spectacles de salles programmés sur ce thème, certaines contradictions s’observent dans la volonté d’allier une expérience artistique à une démarche d’accueil, rappelant le paradoxe derridien qui noue hospitalité et hostilité (« hosti-pitalité »). L’article vise à souligner quelques uns de ces paradoxes dans la perspective future de dissoudre le conflit entre éthique et esthétique et envisager les horizons d’un art théâtral comme lieu d’asile.


« L’art contemporain face à la crise migratoire. Notes sur Barca Project de Christoph Büchel »
Paul Bernard-Nouraud

Cet article s’intéresse aux modalités d’intervention dans l’espace public de l’artiste Christoph Büchel avec son Barca Nostra Project exposé en 2019 en marge de la Biennale de Venise. Il s’agit de démontrer comment une installation artistique met en tension une situation politique dramatique en s’efforçant de provoquer un événement. Cette tentative peut en effet être envisagée comme une réplique artistique à la politique de crise menée depuis vingt ans en Europe vis-à-vis des migrants, et l’affirmation d’une volonté d’intervenir esthétiquement dans un contexte éthiquement failli.


« De l’humanisme agressif à la beauté politique – l’art comme instrument de lutte pour les droits de l’homme »
Ewelina Chwiejda

 Le Zentrum für Politische Schönheit est un collectif d’artistes militant pour les droits de l’homme qui ne cesse de provoquer le débat sur la limite entre l’art et l’activisme politique. L’article présente la stratégie socio-artistique de ce collectif à travers l’analyse d’une de ses actions emblématiques, conçue dans le contexte de la « crise migratoire » européenne. En nous appuyant notamment sur la pensée de Jacques Derrida, nous nous interrogeons à la fois sur le potentiel politique et émancipateur de l’œuvre, et sur sa dimension éthique.


« L’Attentat et la censure : L’éthique au détriment de l’esthétique ? »
Nadine Asmar

Bien qu’une œuvre cinématographique soit une expression libre de son auteur, des forces extérieures risquent de limiter celle-ci par le biais de la censure pour maintes raisons d’ordre légal et éthique notamment. C’est le cas de L’Attentat, film du réalisateur libanais Ziad Doueiri, tourné pour des raisons esthétiques à Tel Aviv et en Cisjordanie avec une équipe israélienne et palestinienne. Le film a subi une attaque en raison des choix esthétiques de son réalisateur, ce qui a conduit à l’interdiction de sa diffusion dans tous les pays de la ligue arabe. Cet épisode, qui est loin d’être une exception, nous pousse à nous interroger sur la relation entre l’esthétique d’un film et les notions d’éthique et d’engagement.


« Les enjeux de la représentativité dans la scène contemporaine »
Rafaella Uhiara et Denise Cobello

Cet article s’intéresse au souci de représentativité dans la scène contemporaine qui s’exprime par la mise en scène de non-acteurs. Notre réflexion se fonde sur l’analyse de Mucamas, un spectacle-installation de l’artiste argentine Lola Arias, et de Gala (2015) du chorégraphe français Jérôme Bel. Quels sont les enjeux éthiques et esthétiques de ce choix de se passer du savoir-faire des professionnels de la scène ?


« La tragédie comme dés/enrégimentation de la violence »
Diego Scalco

Le présent article discute la question de la (représentation de la) violence par l’analyse du rapport qui se tisse, chez les Tragiques grecs et chez Romeo Castellucci, entre éthique et esthétique. La logique à l’œuvre dans la tragédie ancienne se retrouve, en effet, dans la constitution de la cité-état comme dans la philosophie platonico-aristotélicienne du droit et aboutit notamment à la légitimation de certaines formes de violence. Or la tragédiographie de Castellucci subvertit cette logique, pointant ainsi les contradictions inhérentes à toute socialisation où la violence est implicitement admise et explicitement administrée en fonction de principes, sur la base de moyens et en vue de fins prétendument raisonnables. Sous cet aspect, Castellucci renoue avec la généalogie nietzschéenne du tragique et avec la critique du discours historico-politique élaborée dans son sillage par Michel Foucault.


« Pour une poéthique. De Wittgenstein aux “documents poétiques” »
Philip Mills

En quoi serait-il possible d’affirmer, en reprenant une célèbre proposition de Wittgenstein, qu’éthique et poétique sont une seule et même chose : en quoi toute poétique serait-elle une poéthique ? Partant d’éléments wittgensteiniens et explorant la notion de « document poétique », ma contribution propose une interprétation d’Argent de Christophe Hanna afin de montrer que tout document poétique est un document poéthique.


« Le dilemme éthique d’un périodique artistique : art press et “l’Affaire Finlay” »
Flore Di Sciullo 

En 1987, la revue art press dénonce dans ses colonnes une exposition de l’artiste écossais Ian Hamilton Finlay : l’inscription de croix gammées dans l’une de ses sculptures témoignerait de ses sympathies pour l’idéologie nazie. De cette dénonciation initiale découle l’annulation d’une commande passée à l’artiste par le ministère de la Culture. Notre objectif dans cet article est de mettre en lumière le cas particulier que constitue l’Affaire Finlay, qui est l’occasion d’une contradiction dans les valeurs éthiques de la revue : habituée à batailler pour la liberté de création des artistes, elle en vient, indirectement, à censurer Finlay. De quelle conception éthique ces prises de position témoignent-elles ? Quel rôle une revue peut-elle jouer, en tant qu’instance prescriptrice, dans l’espace médiatique et l’écosystème artistique ? Nous détaillons ici les justifications et la construction argumentative déployée par art press afin d’appréhender les frictions entre esthétique et éthique ainsi suscitées.

« “Theatrical hospitalities”: art confronted by a welcoming crisis »
Sophie Lacombe

This article analyses the relationship between arts and ethics, throughout Jacques Derrida’s concept of hospitality applied to the performing arts. The aim is to study the way in which some theatre artists get involved, directly or not, in the “refugee crisis” in Europe, developing examples of hospitality through art. Whereas in theatre practices in refugee camps or through performances on theatre stages, some contradictions appear within the attempt to combine art and act of welcome. They recall Derrida’s paradoxical link between hospitality and hostility (“hosti-pitality”). The article aims to highlight some of these paradoxes with the aim of resolving the conflict between ethics and arts and envisaging theatre as an art of welcome.


« Contemporary art faces the migratory crisis. Notes on Chistoph Büchel’s Barca Project »
Paul Bernard-Nouraud

This paper deals with the ways the artist Christoph Büchel intervened in public space with his Barca Nostra Project displayed in 2019, aside the Venice Biennale. It tends to demonstrate how an artistic installation puts under tension a dramatic political situation by trying to provoke an event. Indeed, such an attempt can be envisioned as an artistic replica to the crisis policy led in Europe over the past twenty years towards migrants, and it can be seen as a way to affirm the artist’s will to intervene aesthetically in a ethically failed context.


« From aggressive humanism towards political beauty—art as an instrument in the struggle for human rights »
Ewelina Chwiejda

The Zentrum für Politische Schönheit is an art collective engaged in the struggle for human rights that constantly provokes debate concerning the limit between art and political activism. The article presents the socio-artistic strategy of this collective through the analysis of one of its emblematic actions conceived in the context of the European “refugee crisis”. Drawing on the philosophy of Jacques Derrida in particular, the article investigates the political and emancipatory potential of the work, and its ethical dimension.


« The Attack and censorship: ethics to the detriment of esthetics? »
Nadine Asmar

Despite the fact that a motion picture is the free expression of its maker, external forces could limit it through censorship, mainly for legal and ethical reasons. This is the case of The Attack, a film by Lebanese director Ziad Doueiri, shot for aesthetic reasons in Tel Aviv and the West Bank with an Israeli and Palestinian crew. The film was attacked due to the aesthetic choices of its director, which led to banning its screening in all of the Arab League countries. This episode, far from being an exception, makes us question the relation between the aesthetic of a film and the notions of ethics and engagement.


« Challenges of representativeness in the contemporary scene »
Rafaella Uhiara et Denise Cobello

This article examines the concern for representativeness in the contemporary scene, which is expressed through the staging of non-actors. Our analysis is based on the shows Mucamas, by Argentine artist Lola Arias, and Gala (2015), by the work of French choreographer Jérôme Bel. What are the ethical and aesthetic stakes of this choice to do without the know-how of stage professionals?


« Tragedy as a way of dis/regimenting violence »
Diego Scalco

This paper discusses the question of the (representation of) violence by analyzing the relationship that is woven between ethics and aesthetics by the Greek Tragedians and by Romeo Castellucci. The logic at work in ancient tragedy is also found in the constitution of the city-state as well as in Platonic-Aristotelian philosophy of law and leads to the legitimization of certain forms of violence. Castellucci’s tragediography subverts this logic, thus pointing out contradictions inherent in any socialization where violence is implicitly admitted and explicitly administered according to principles, on the basis of means and with a view to ends which are all supposed to be reasonable. Under this aspect, Castellucci reconnects with the Nietzschean genealogy of the tragic and with the critique of historical-political discourse developed in its wake by Michel Foucault.


« In praise of a poethics. From Wittgenstein to “poetic documents” »
Philip Mills

How would it be possible to assert, taking up a famous proposition by Wittgenstein, that ethics and poetics are one and the same: in what way is all poetics a poethics? Starting from Wittgensteinian elements and exploring the notion of “poetic document”, my contribution offers an interpretation of Argent by Christophe Hanna in order to show that any poetic document is a poetic document.


« The ethic dilemma of an art magazine: art press and ‘The Finlay Case’ »
Flore Di Sciullo 

In 1987, the magazine art press denounced in its columns an exhibition of the Scottish artist Ian Hamilton Finlay: the engraving of swastikas on one of his sculptures is seen as a testimony of the artist’s sympathies with the Nazi ideology. This initial denunciation led to the cancellation of a project entrusted to Finlay by the French Ministry of Culture. Our goal in this paper is to highlight what rapidly became the “Finlay Case”. This occurrence allows us to investigate contradictions in the ethical values of the magazine: accustomed to fight for the freedom of speech, art press has indirectly come to censor Finlay. What ethical conception do these positions testify to? What role can a magazine play, as a prescriptive authority, within the media sphere and the artistic ecosystem? We aim at detailing the justifications and the argumentative construction deployed by art press, so as to highlight frictions between aesthetics and ethics thus generated.

Éditorial

Ces dernières décennies ont vu une prise en considération de plus en plus importante des questions éthiques au sein du monde de l’art contemporain. Les démarches des artistes sont de plus en plus concernées par des questions d’ordre politique ou social : la lutte contre toutes les formes de discrimination, le fait d’alerter sur l’urgence écologique, la mise en cause de la mondialisation néolibérale, etc. Au même moment, la plupart des institutions d’art contemporain s’associent à ces questionnements et mettent un point d’honneur à valoriser davantage les pratiques de femmes artistes ou d’artistes issus des minorités, à corriger des situations problématiques (on pense à la question des restitutions pour les musées), tout en consacrant une part importante de leur programmation à des discussions sur des sujets politiques ou sociaux, souvent en faisant appel à des intervenants issus de sphères activistes.

Cette évolution de la scène de l’art contemporain se retrouve dans les formes de rejet dont il est l’objet. Si les rejets de l’art moderne et contemporain se sont longtemps faits sur un plan esthétique, en insistant notamment sur le fait que les œuvres produites ne correspondaient pas à la tradition, aux apparences ou à l’authenticité de la démarche de l’artiste (au sens traditionnel), les rejets de ces dernières années concernent beaucoup plus des questions d’ordre éthique ou politique, souvent en impliquant un jugement d’ordre moral. En d’autres termes, si les artistes et les acteurs de l’art sont critiqués aujourd’hui, c’est souvent parce qu’ils transgressent, mettent en doute ou ne respectent pas des valeurs supposées communes : lorsqu’il s’en prend aux femmes ou aux membres de telle ou telle minorité, qu’il valorise le pouvoir de l’argent, qu’il n’est pas suffisamment sensible aux questions environnementales, qu’il ne s’occupe pas des problèmes des classes sociales défavorisées, etc.

Ces dénonciations – de plus en plus répandues ces dernières années, à la fois dans les médias grand public, les réseaux sociaux et au sein du milieu de l’art – posent la question de ce que pourrait être un art plus acceptable. Est-il d’ailleurs possible ou souhaitable d’avoir un art qui mettrait en exergue les valeurs communes à la société, qui serait consensuel, valoriserait les réussites des femmes et des minorités, s’en prendrait aux inégalités sociales et au pouvoir de l’argent, tout en étant accessible à tous ?

Le partage collectif des questions éthiques affronte ici l’un des principes centraux de la sphère de l’art : la défense de son autonomie, laquelle se retrouve dans la mise en avant d’une éthique propre à chaque artiste et qui garantirait l’authenticité de sa démarche. Une telle éthique est-elle compatible avec un engagement plus large qu’une simple pratique artistique ?  À quelles conditions l’artiste peut-il se faire le porte-parole d’une cause qui ne le concerne pas directement ? Attribuer à la création artistique la faculté de résoudre des conflits ou de susciter les prises de conscience n’est-il pas un vœu pieu ? Un artiste peut-il dénoncer l’emprise du capital tout en participant au marché de l’art ? Une artiste peut-elle alerter sur l’urgence écologique, tout en se déplaçant aux quatre coins de la planète ? Les artistes peuvent-ils être engagés à la fois dans un combat social ou politique et dans la défense de l’autonomie de leur pratique ?

Les trois premiers articles de ce numéro pourraient quasiment constituer un sous-dossier autonome, puisqu’il y est à chaque fois question de la réaction des artistes face à la crise des migrants. Dans le premier, Sophie Lacombe aborde le positionnement du milieu du théâtre face à cette crise : entre interventions dans les camps de réfugiés et importation de migrants sur des théâtres parisiens. La question se pose nécessairement : ces opérations sont-elles réalisées sur, pour ou avec ces personnes ? Et quelle place leur laisse-t-on ? Paul-Bernard Nouraud interroge, quant à lui, un projet de l’artiste suisse, Christoph Büchel, lequel avait consisté à déplacer à la Biennale de Venise un bâteau de réfugiés, qui avait coulé quelques temps auparavant, occasionnant une horrible tragédie et des réactions indignées en Europe. Le déplacement très coûteux du bâteau à Venise pose de nombreuses questions, au moins autant que la difficulté des différentes autorités à réagir, tout au long de cette histoire. Ewelina Chwiejda évoque les activités d’un groupe allemand, le Zentrum für Politische Schönheit qui, entre activisme et intervention artistique entend agir plus directement afin de faire prendre conscience des drames qui se produisent quotidiennement. Les simulacres d’enterrements qu’ils produisent – avec ou sans les principaux concernés – posent, là encore, des questions d’ordre éthique autant qu’esthétique.

La suite du numéro concerne des cas de différends d’un autre ordre entre éthique et esthétique. L’article de Nadine Asmar est ainsi consacré au film L’Attentat, du cinéaste libanais Ziad Doueiri, un film censuré dans un certain nombre de pays arabes en raison de la volonté de le tourner en Israël. Ici, les impératifs politiques s’imposent de toute évidence aux choix esthétiques, qu’ils conditionnent, voire escamotent, sans discussion possible. La situation est quasiment inversée dans les représentations théâtrales dont rendent compte Rafaella Uhiara et Denise Cobello. Ici, les questions éthiques sont plutôt posées par les choix esthétiques de metteurs en scène qui emploient des non-professionnels, dont le statut est pris entre celui d’objets qu’on déplace sur scène et celui d’acteurs à part entière.

Les deux textes suivants reposent les mêmes questions, mais au regard de la philosophie. C’est le cas avec les spectacles inspirés de la violence des tragédies antiques, mis en scène par Romeo Castellucci. Pour Diego Scalco, Castellucci renoue avec une généalogie nietzschéenne du tragique et avec la critique du discours historico-politique élaborée dans son sillage par Michel Foucault. Le texte de Philip Mills analyse, quant à lui, le travail de Christophe Hanna, à la lumière de la compréhension wittgensteinienne du rapport entre éthique et esthétique (en partant de la célèbre remarque du Tractatus, selon laquelle les deux ne feraient qu’un, puisqu’ils renvoient tous deux à un élément inconnaissable et mystique.

Le dernier texte du dossier présente un cas concret d’ambivalence entre éthique et esthétique. Flore Di Sciullo reprend le déroulé de « l’Affaire Finlay », un épisode qui n’est sans doute pas le plus glorieux de l’histoire de la revue art press. La revue, célèbre pour sa défense régulière de la liberté d’expression s’est en effet retrouvée en première ligne dans la volonté de censurer l’œuvre d’Ian Hamilton Finlay, pour des motifs qui, bien qu’ils aient été présentés sous l’angle éthique sont peut-être davantage esthétiques.

Nous publions également, un entretien de David Martens avec la directrice de l’IMEC, Nathalie Léger. Cet entretien aurait pu figurer dans le numéro précédent de Marges, qui était consacré à la relation de l’art contemporain aux institutions. Il s’agit ici de revenir sur les cartes blanches que l’IMEC propose à des artistes et écrivains et qui donnent lieu à l’organisation d’expositions à Caen.

Le numéro ne serait pas complet sans son portfolio. Cette fois-ci, il y en a deux, confiés à Artavazd Pelechian et David Ru.  

 

Jérôme Glicenstein
Avril 2022

ajouter au panier

Revue Marges. revue d'art contemporain
Nombre de pages : 192
Langue : français
Paru le : 26/04/2022
EAN : 9782379242106
Première
CLIL : 3675 Revues sur l’art
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782379242106

Version numérique
EAN : 9782379242113

Sur le même thème