Aurélie Champion, « Expositions des collections, turbulences dans les musées d’art moderne »
Depuis le début des années 1990, plusieurs musées d’art moderne et contemporain proposent de nouvelles formes d’exposition permanente pour la présentation de leur collection. Face à la multiplication et la pérennisation de ces expériences, cet article choisit d’observer le phénomène selon trois points de vue : la pratique de l’exposition permanente, les missions de l’institution muséale, les place et fonction des conservateurs et des artistes. Autant d’aspects qui témoignent des turbulences traversées par un musée d’art moderne en mutation.
Jean-Baptiste Mognetti, « Sisyphe de Camus à Palermo »
Le mythe de Sisyphe peut être interprété comme une métaphore de la création artistique. C’est la lecture qu’en fait Joseph Beuys à partir de l’œuvre d’Albert Camus, dans une conférence prononcée en 1983 à Cambridge. Pour Beuys, Sisyphe incarne une « possibilité donnée en chaque homme ». Possibilité dont témoigne le travail de Blinky Palermo, qui fut son élève à la Kunstakademie de Düsseldorf. Palermo, en élargissant les limites de la peinture, place le spectateur au cœur d’une expérience esthétique fondamentalement liée à l’espace réel et à la couleur. La transmission beuysienne serait donc, dans le cas de Palermo, un héritage camusien.
Claire Lahuerta, « La scénographie plasticienne en question : l’art du conditionnement »
Alors que l’heure est à la surmédiatisation de la figure du commissaire d’exposition, au point que l’on doit se demander s’il existe encore des œuvres et des artistes à exposer, il semble que certaines précisions terminologiques – et, de fait, sémantiques – s’imposent. Qu’en est-il du scénographe d’exposition, que signifie être « auteur » en termes scénographiques ; existe-t-il un marketing de l’exposition qui serait plus efficient que les actuels modèles muséographiques ? C’est à ces questions que le présent article tentera de répondre.
Delphine Dori, « Exposer l’Art Brut et l’art contemporain : le rôle des commissaires d’expositions »
Les expériences d’intégration de l’Art Brut dans les institutions culturelles se sont multipliées ces dernières années. On constate certains effets liés à la juxtaposition de l’Art Brut et de l’art contemporain dans un même espace d’exposition. Si le processus du « cross-over » artistique peut parfois favoriser une individualisation des œuvres par leur esthétisation, au-delà des catégories auxquelles elles appartiennent, dans d’autres cas, le rôle croissant des commissaires d’exposition dans le discours et la mise en scène de ces expositions peut aboutir également à un phénomène paradoxal d’« exposition sans artistes ». Cette dissolution des frontières artistiques peut parfois aboutir à un effacement de l’identité des artistes brut et outsider.
Géraldine Miquelot, « La programmation artistique en milieu scolaire : un cas avéré d’instrumentalisation de l’art ? »
Les collections publiques d’art contemporain, agents du monde de l’art contemporain au même titre que les centres d’art et les musées, travaillent énormément avec les établissements scolaires en y organisant expositions et résidences d’artistes. L’organisation d’événements artistiques dans un cadre visiblement pédagogique, qui se fait dans des modalités très variables, pose la question d’une possible instrumentalisation de l’art au profit de l’éducation. Toutefois, si « instrumentalisation » il y a, elle présente des avantages pour les deux parties en jeu.
Colette Leinman, « Le catalogue d’art contemporain »
Cet article s’attache à présenter l’évolution d’un dispositif paratextuel interdisciplinaire, le catalogue muséal d’art contemporain (CMAC), qui rivalise avec l’exposition à laquelle il sert toutefois de médiation et de « lieu de mémoire ». Dans le cadre muséal, l’objectivité scientifique du musée structure un discours qui doit jouer le rôle de témoin révélateur de certains évènements, mais doit aussi leur donner sens en leur attribuant de nouvelles significations. Les nouveaux enjeux se manifestent dans trois domaines qui constituent les sujets des trois parties de cet article : la stratégie éditoriale, scientifique, pour les musées, l’éthos prédiscursif et discursif de l’auteur du catalogue et enfin, la représentation de l’artiste, certes mise en valeur, mais que lui-même ne gère pas.
Claire Moeder, « Ugo Rondinone et l’actualité de l’artiste-commissaire »
De nombreuses institutions invitent désormais des artistes à intervenir sur l’accrochage d’une collection permanente ou à concevoir des événements corollaires à la programmation. En 2007, le Palais de Tokyo donnait carte blanche à Ugo Rondinone. Avec l’exposition « The Third Mind », l’artiste décrivait un réseau de correspondances et d’affinités avec des œuvres qui faisaient référence à son univers artistique. En investissant le médium de l’exposition et en en déplaçant les exigences vers une formulation artistique, il modifiait son statut et imposait une nouvelle figure : celle de l’artiste-commissaire.