Paris 8 - Université des créations

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Revue Marges. revue d'art contemporain
Nombre de pages : 144
Langue : français
Paru le : 17/10/2019
EAN : 9782379240454
Première édition
CLIL : 3675 Revues sur l’art
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782379240454

Version numérique
EAN : 9782379240454

High & Low

N°29/2019

La hiérarchisation des valeurs dans le champ de l’art contemporain. Que considère-t-on, historiquement et contextuellement parlant, comme art mineur, art populaire, art naïf, art noble, grand art ?

La distinction entre beaux-arts et arts appliqués ou entre arts d’élites et arts populaires est-elle toujours pertinente aujourd’hui ? De nombreux artistes, critiques, conservateurs la mettent en cause depuis un certain temps ; qu’il s’agisse de valoriser des pratiques longtemps tenues pour mineures ou au contraire de refuser toute distinction entre les différentes formes de création artistique et leurs modalités d’appréciation.

Éditorial – Jérôme Glicenstein

Dossier : High & Low

Umut Ungan
« Les catégories high&low dans le débat postmoderne »

Zoé Vangindertael
« Le muséal et la bande dessinée : enjeux d’une relation symbiotique »

Yann Aucompte
« Le graphisme d’auteur du duo de graphistes M/M (Paris) : quand une pratique mineure occupe le territoire de l’Art majeur »

Nicolas-Xavier Ferrand
« De la parodie à l’œuvre d’art: les Walt Disney Productions de Bertrand Lavier »

Entretiens

Entretien de Soyoung Hyun avec Sojung Jun

Entretien de Satenik Bagdasarova avec Erik Boulatov

Varia

Fedora Parkmann
« Photographies parisiennes des surréalistes tchèques : des preuves à l’appui d’une mémoire partagée du surréalisme »

Portfolio

Mélanie  Delattre-Vogt


Notes de lecture et comptes rendus d’expositions

Abstracts français et anglais

« Les catégories high&low dans le débat postmoderne »
Umut Ungan
Cet article introductif au numéro cherche à expliciter la manière dont se sont problématisées la dichotomie entre les catégories “art noble” et “art populaire” au sein des débats postmodernes dans les années 1980. Si certains penseurs ont pu déclarer l’abolition de leur opposition avec l’art postmoderne, il s’agit, pour d’autres, moins de son effacement que d’une transformation globale de l’art où cette distinction n’a plus sa pertinence.

 « De la parodie à l’œuvre d’art: les Walt Disney Productions de Bertrand Lavier »
Nicolas-Xavier Ferrand
Les « Walt Disney Productions » de Bertrand Lavier, qui mettent en scène de véritables caricatures d’œuvres modernistes, posent la question du statut de la parodie dans l’art contemporain. Echange dynamique entre art majeur et art mineur, la parodie s’inscrit dans la longue histoire de la hiérarchisation et de la moralisation des pratiques culturelles et artistiques. Cette communication cherche à décrypter la manière dont l’artiste expose « high » et « low » comme conventions et reliquats d’un vieux système inégalitaire.

 « Photographies parisiennes des surréalistes tchèques : des preuves à l’appui d’une mémoire partagée du surréalisme »
Fedora Parkmann
Lors de leur séjour parisien de 1935, les surréalistes tchèques Vítězslav Nezval et Jindřich Štyrský ont réalisé un ensemble de vues photographiques de Paris qui renvoient à un imaginaire géographique dans lequel se reconnaissaient également les surréalistes français. L’article propose d’éclaircir le lien de cette production avec ses équivalents français et d’interroger la spécificité des moyens plastiques et des choix iconographiques par lesquels Štyrský et Nezval ont cherché à conforter une mémoire des lieux parisiens commune aux deux mouvements.

« Le muséal et la bande dessinée : enjeux d’une relation symbiotique »
Zoé Vangindertael
Le musée s’affirme comme un acteur accompagnant les changements symboliques de nos sociétés occidentales, en même temps qu’il se renouvelle lui-même pour mieux répondre aux besoins et aux attentes de ces mêmes sociétés. Il est producteur de sens et il a une incidence sur la perception culturelle et symbolique du patrimoine qu’il préserve, étudie et transmet. Dans ce contexte, la bande dessinée apparait comme le lieu d’une expérience esthétique, discursive et médiatique. Confrontée au modèle sociologique qui garantit l’artification de la bande dessinée, cette analyse du rapport symbiotique entre la bande dessinée et le musée décrit une reconnaissance sociale et culturelle qui, pour sa part, dépasse certaines limites de l’artification, notamment la réduction du rapport à l’art à la question de la contemplation, la division et la hiérarchisation des producteurs et des produits de la bande dessinée et une méconnaissance du potentiel discursif du muséal.

 « Le graphisme d’auteur du duo de graphistes M/M (Paris) : quand une pratique mineure occupe le territoire de l’Art majeur »
Yann Aucompte
Cet article a pour ambition de traiter la question de la distinction institutionnelle entre art “majeur” et art “mineur” en passant par le point de vue du design graphique. Il prend comme cas concret le travail du duo de graphistes M/M (Paris). Il s’agit de décrire les différentes conditions qui lui ont permis d’être à la fois reconnu dans le champ ”mineur” du design graphique et influent dans celui du monde de l’art. L’article vise aussi à décrire quels instruments les institutions manipulent localement pour opérer des processus de valorisation sur certains artistes et designers.

 

“high&low categories in the postmodern debate”
Umut Ungan
This introductory article aims to explicite the way that the dichotomy between “high” and “low” art has been thought within the postmodern debate in the 1980s. Where thinkers declared the abolition of their opposition, for others it has been less the disappearance of the latter than the global transformation of art in which the distinction is irrelevent.     

 “From parody to artwork: Bertrand Lavier’s Walt Disney Productions
Nicolas-Xavier Ferrand
Bertrand Lavier’s « Walt Disney Productions » confront the viewer with actual mockeries of modernist artworks, and question the status of parody in contemporary art. Viewed as a dynamic exchange between high and low, parody is a byproduct of a long history of ranking and moralization of cultural and artistic practices. This paper aims to explain how the artist exposes high and low as conventions and remainders of an old unequal system.

“Photographs of Paris by Czech Surrealists as Evidence of a Shared Memory of Surrealism”
Fedora Parkmann
During their stay in Paris in 1935, Czech Surrealists Vítězslav Nezval and Jindřich Štyrský produced a body of photographs, in which they referred to the French Surrealists’ symbolic perception of Parisian geography. The article examines the connection between these works and their French equivalents and analyzes the plastic means and iconographical choices Štyrský and Nezval resorted to in order to consolidate a shared memory of Parisian space.

“The museal and comic strips: the goals of a symbiotic relation”
Zoé Vangindertael
The museum goes with the symbolic changes of our Western societies, while at the same time renewing itself to better meet the needs and expectations of these same societies. It is a producer of meaning and has an impact on the cultural and symbolic perception of heritage that it preserves, studies and transmits. In this context, the comic strip appears as the place of an aesthetic, discursive and media experience. Confronted with the sociological model that guarantees the artification of the comic strip, this analysis of the symbiotic relationship between the comic strip and the museum describes a social and cultural recognition which, for its part, goes beyond certain limits of artification, notably the reduction of art to the question of contemplation, division and hierarchy of producers and products of comics and a lack of knowledge of the discursive potential of the

“Graphic designers seen as authors: the practice of M/M (Paris). When the minor occupies the territory of major Art”
Yann Aucon
This article aims to explore the issue of the institutional separation between “low” and “high” art through the lens of graphic design. Its singular object is the work of graphic design duo M / M (Paris). It intends to describe the differents conditions which allowed them to achieve recognition within the sphere of graphic design as well as influence in the art world. The article also aims at describing which instruments are used locally by institutions to operate valorisation processes on artists and designers.

Introduction

De nos jours, la distinction traditionnellement faite entre un art noble et un art populaire peut sembler renvoyer à une question assez désuète. On observe pourtant qu’en pratique des hiérarchies implicites subsistent à propos de ce qui distinguerait l’art « véritable » d’autres formes d’art – dont la dénomination reste floue – même lorsque, dans différents contextes, est remise en cause l’échelle des mérites artistiques. Comme le remarquait Jean-Marie Schaeffer, il s’agit sans doute d’un effet de l’acception commune de la notion d’art, comme terme laudateur : l’art serait une qualité censée s’ajouter aux artefacts ordinaires afin de les sortir de leur aspect routinier et banalisé. De même, des « professionnels », tels que les esthéticiens ou les critiques d’art, ont souvent pour tâche de classer les créations artistiques selon qu’elles sont dignes ou non de l’appellation art. Poser la question du mérite en art revient ainsi à faire acte non seulement de jugements esthétiques ou artistiques mais aussi moraux.

Pourtant, les spécialistes ne cherchent pas uniquement à trancher ou délibérer autour de débats philosophiques : leur activité est également responsable, de manière directe ou indirecte, de la répartition des « ressources précieuses » qu’évoquait Howard Becker dans Les Mondes de l’art ; c’est-à-dire de l’accès aux salles de concert, espaces de musées, subventions, aides, postes, etc.

Ce numéro de Marges s’attache à analyser les principes et conditions de la hiérarchie des arts, dans le monde contemporain. En ancrant les questions de dignité et/ou de légitimité artistique des œuvres dans une vision pragmatique, les critères d’évaluation apparaissent ainsi à la fois comme mobiles et comme des données récurrentes. Ils sont présents dans différentes sociétés et déterminent la répartition des produits comme artistiques ou non artistiques, bien que la dénomination « art », au sens où on l’entend dans les mondes occidentaux, ne soit pas toujours d’usage. Si l’influence d’une culture populaire sur les pratiques dites légitimes a déjà fait l’objet de nombreuses études, nous avons plutôt privilégié les contributions qui mettaient l’accent sur une approche sociologique, anthropologique, historique, etc.

Que considère-t-on, historiquement et contextuellement parlant, comme art mineur, art populaire, art naïf, art noble, grand art ? À quels « mondes de l’art » appartiennent ces différentes catégories ? De quelles manières s’organisent la circulation des œuvres au sein de ces mondes et leur réception ? Comment définir d’autres schémas hiérarchiques dans les arts, selon les cultures et dans la durée ? C’est à ces questions que tentent de répondre les auteurs de ce numéro.

Les deux premiers articles concernent les procédures de revalorisation de pratiques tenues pour mineures. L’étude de Zoé Vangindertael s’attache au destin muséal de la bande dessinée. Il s’agit de voir en quoi différents dispositifs muséographiques peuvent contribuer à transformer le regard porté à ce type de pratique. Selon les contextes étudiés, l’auteure la présente comme faisant potentiellement l’objet d’une expérience « esthétique, discursive et médiatique ».

Le texte suivant, dû à Yann Aucompte, adopte un point de vue différent, bien qu’il s’agisse également de processus de légitimation d’une pratique réputée mineure : le graphisme. Les graphistes M/M (Paris) se présentent comme des auteurs et, ainsi qu’il nous le montre, ils adoptent des postures d’artistes, reconduisant parfois tous les stéréotypes sociaux associés à ce type de rôle.

L’approche de Nicolas-Xavier Ferrand peut être vue comme l’envers de l’étude consacrée à M/M (Paris). Ici, il s’agit de voir en quoi un artiste légitime et reconnu, Bertrand Lavier, peut faire œuvre en transposant des images issues de la culture populaire (le comics strip américain) dans le monde du grand art, sans pour autant en dénaturer le caractère « modeste ».

Deux entretiens complètent ce dossier. Le premier est réalisé avec Sojung Jun, une jeune artiste coréenne, dont une grande partie de la pratique interroge des activités traditionnelles, souvent artisanales, en essayant de mettre en valeur leur caractère proprement artistique. La question se pose ici, comme dans les articles qui précèdent, de l’acte de désignation opéré par l’artiste légitime et des effets qu’il peut avoir sur la revalorisation d’une pratique quotidienne triviale.

L’entretien de Satenik Bagdasarova avec Erik Boulatov est d’un autre ordre, bien qu’il puisse y avoir des liens avec les questions de légitimation et revalorisation d’une pratique jugée mineure. Dans le cas de Boulatov, sa pratique n’a évidemment jamais été considérée comme mineure, mais elle a posé le problème de l’application d’une grille de lecture « légitime » issue de l’axe euro-américain sur le travail d’un artiste post-soviétique. 

Nous publions enfin en varia un texte de Fedora Parkmann consacré aux surréalistes tchèques Vítězslav Nezval et Jindřich Štyrský et à la manière dont leur pratique photographique peut être rapprochée de leurs contemporains français.

Le reste du numéro est consacré à un portfolio de Mélanie Delattre-Vogt et à des comptes rendus d’ouvrages et d’expositions.

Jérôme Glicenstein

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Revue Marges. revue d'art contemporain
Nombre de pages : 144
Langue : français
Paru le : 17/10/2019
EAN : 9782379240454
Première édition
CLIL : 3675 Revues sur l’art
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
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EAN : 9782379240454

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