Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Collection Esthétiques hors cadre
Nombre de pages : 400
Langue : français
Paru le : 24/09/2020
EAN : 9782379240898
Première édition
CLIL : 3692 Essai sur la photographie
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 220×160 mm
Version papier
EAN : 9782379240898

Version numérique
EAN : 9782379240928

La photographie : essai pour un art indisciplinable

Un essai sur la photographie qui pose l’interdisciplinarité comme nouveau critère d’analyse, dont le thème transversal pose la photographie comme art non mimétique et image de matérialité(s).

Cet ouvrage rassemble plusieurs essais, pour la plupart inédits ou non publiés, témoignant d’une recherche entre les arts et les savoirs où la photographie est l’objet d’investigation trans-disciplinaire. Il est articulé selon un axe matériologique et propose une théorie nouvelle de la photographie. Fruit de plus de vingt ans de conversations avec les œuvres, il répond à un manque de théorie en photographie. Il s’inscrit dans une logique scientifique inédite, posant l’indisciplinarité comme nouvel axe épistémologique de la recherche.
Cet ouvrage intéressera photographes, étudiants, artistes, enseignants, chercheurs, critiques, responsables d’institutions.

Auteur·ices : Debat Michelle

Remerciements 

Prologue 

Première partie

La photographie : un art non-mimétique

La photographie comme objet conceptuel 

Photographie et représentation : une image sans modèle 

Quand la déréalisation en photographie n’est que l’épiphanie du processus photographique 

• Mythe de la re-connaissance 
• Les échappées du réel 
• La lumière : facteur de mé-connaissance 
• Phénomènes lumineux : autres facteurs de déréalisation 
• Perte de(s) sens 
• Espace déréel

L’impossible original et la déperdition du modèle 

• Le modèle palimpseste 
• Le modèle simulacre 
• Le modèle effet chimère 
• Le modèle clinamen 
• Le modèle passage 
• Le modèle fétiche 

L’oxymore photographique ou l’éloge de la désillusion 

L’ambivalence comme nouvelle esthétique de la perception en photographie 

• « Des-illusions » : nous reconnaissons ce que nous ne connaissons pas 
• De l’œil et de l’esprit 
• L’œil comme outil 
• Réception d’une image 
• La photographie : entre ambivalence et ambiguïté 

Photographie et matière : un espace d’engendrement 

L’erreur, piège et privilège de l’invention : à propos de la photographie 

Image en dommage : la photographie comme allégorie de la destruction 

• Une destruction à vue 
• Destruction par « corps à corps » 

Parodies et paradoxes 

• « Regard » de la chambre noire et feuilleté lumineux 
• Les faux mensonges de l’architecte « lumière » 
• Histoires de parodies 

Chroniques de l’opacité 

• Chronique de l’obscurité 
• Chronique de l’ombre 
• Chronique de l’aveugle
• L’opacité, une affection chronique 

 

Photographie et support en mutation(s) : une image migrante 

Miroir, écran et image « en l’air » 

« Le sourire d’un chat », ou l’image rémanente 

• Les chemins de l’aura 
• Une liberté programmée 
• L’aura entre la chose et le fait
• L’impossible retour 
• L’aura ou la rémanence accomplie 

La photographie et le livre : une histoire de mixité(s) 

• La question du support 
• Le statut du photographe 
• Le livre de photographies ou « l’œuvre en valise » 

états d’œuvre : photographie mise en espace – mise en espace de la photographie 

• Premier état d’œuvre : la photographie à la conquête de l’espace muséal 
• Deuxième état d’œuvre : la photographie à la conquête de l’espace du livre
• Troisième état d’œuvre : la photographie en quête de liberté ou l’image projetée 
• Quatrième état d’œuvre : la photographie, une image virale 

Le support en mutation(s) : un portant d’image 

• Pertinence contemporaine de la question du support ou la confusion du support, du médium et de l’image 
• Le support comme « objet d’existence » 
• Le support comme « portant d’image »
• Le support comme milieu et objet « quasi-animé » 

En guise de suite(s) : « qu’est-ce qui résiste quand on change de médium » ? 

Cahier iconographique I 

Deuxième partie

La photographie : un art indisciplinable

La photographie : objet vectoriel et image diagramme 

La photographie : un art nodal 

Notions photographiques dans l’art contemporain 

• Lieu de mémoire : empreinte et moulage pour une autre re-présentation 
• Espace de rémanence ou la « cache » du temps 
• « Le temps de l’ombre » : une question de latence 
• la forme-lumière et l’écran « vide » 
• Des images sans modèle : la perception comme médium 
• La vie de l’écran ou la plasticité du support 
• Le diaphane ou la couleur-lumière spatialisée


Les pauses photographiques de Pascal Dusapin

Entretien avec Michelle Debat 

Henri Foucault : mine de rien…  :  « il » n’est pas photographe, et pourtant ! 

• Question de dessein – question d’écriture 
• La pensée du médium
• La photographie comme abstraction 
• Le photographe iconoclaste 

François Daireaux, empreintes de l’air, moulages du temps, relevés de mémoire 

• Gammes et invariants de l’artiste-artisan
• Rituels de la variation 
• Extraits de mondes 

La photographie : un art disruptif 

Abstraction et photographie – éloge du risque et goût de la résistance 

• Abstraction et photographie : quelques enjeux communs 
• La photographie abstraite : question de résistance 
• La photographie abstraite ou le déplaisir du risque 
• La photographie abstraite : figure de l’oxymore 

Faire c’est non pas dire mais c’est montrer…
à propos de Montage for Three (2009) de Daniel Linehan 

L’extension du photographiable contemporain comme nouveau pictorialisme numérique 

• Le photographiable dans les jepgs (2004-2008) de Thomas Ruff ou la mise à distance comme nouveau programme du photographique
• L’extension du photographiable dans les Googlegramas (2003-2005) de Joan Fontcuberta 

Retour et réification du protocole dans le champ photographique 

• Le processus photographique ou le protocole à découvert 
• Du programme à la méthode photographique : un protocole non expérimental
• Le protocole comme sujet programmatique des Verifiche d’Ugo Mulas et portrait du photographique technologique 
• Le protocole comme sujet de l’œuvre programmatique d’Édouard Levé (1965-2007) et portrait du photographique « sémantique » 
• le retour du protocole : symptôme d’une société de l’excès (d’images) et d’un âge de l’accès (à ses usages) 

La photographie : un art indisciplinable 

Gilbert Boyer – le langage de l’art, pour une langue en migration 

• La parole ex-posée 
• La mémoire en résonance 
• La vanité des frontières 
• Les mots en migration 

La photographie comme « lieu » du dansé dans Ballet (1945) d’Alexey Brodovitch (1898-1971) 

• Le livre comme « orchestration » de la photographie
• Le « tracé-dansé » 

La photographie comme image vivante ou « les agir(s) » de quelques matérialités photographiques 

• Matérialités de quelques « agirs » argentiques 
• Matérialités de quelques « agirs » iconoclastes
• Les bourgeonnements agissant de quelques hypothèses « photographiques » 

La photographie : entre glossolalie visuelle et quasi-objet 

• La photographie : un quasi-objet pour un art indsicplinable 
• Une image indisciplinable à l’origine : une histoire de « gênes »
• Des premiers iconoclastes aux objets matiéristes 
• Une indisciplinarité chronique : entre médium et représentation… 
• Disruptions et enjeux d’un art indisciplinable 

Cahier iconographique II 
Repères bibliographiques
Index
Liste des œuvres reproduites et crédits
Sources des textes 

À l’ère où les médiums s’hybrident, où les disciplines se décloisonnent, où les supports se dématérialisent, il s’agit de penser la photographie entre les arts, les médiums et les savoirs.
À l’heure où la photographie est à la fois un objet conceptuel, une image en vecteur, un espace viral, un lieu de migration, il s’agit de proposer une recherche en acte(s) où la théorie favorise un lieu relationnel capable de déterritorialiser les disciplines et de faire converser les pratiques.
Au moment où s’épuisent les hiérarchies historicistes, les classements par genre, la photographie reste art de la représentation mais se révèle art non mimétique, art nodal, art parfois disruptif, bref, Figure à partir de laquelle de nouveaux modes de pensée se construisent, de nouveaux critères scientifiques s’inventent, de nouveaux champs de savoirs dialoguent.
Aujourd’hui, cet ouvrage – où l’indisciplinarité s’est imposée comme schème de recherche – propose de penser En photographie des oeuvres déployant des gestes, des actes, mais aussi des matériologies et des plasticités dont la photographie est magnifiquement détentrice.
Tel est l’enjeu de cet essai orchestré par une indisciplinarité, qui en appelle à tout un chacun qui s’intéresse à la photographie mais pas seulement.

 

Michelle Debat est Professeur des universités en histoire et esthétique de la photographie et de l’art contemporain, critique d’art, membre de l’AICA-France.

Introduction

Et si plus de trois décennies de recherche tant pratique que théorique, de cheminements et de frottements entre les faires, les savoirs et les arts, grâce, à partir, malgré, avec ou sans la photographie n’avaient été que pour aboutir à un mot, mon juste mot, Le mot : Indisciplinable, pour proposer une théorie nouvelle mais non une nouvelle théorie de la photographie. Ce livre n’est pas une thèse au sens universitaire du terme, il n’est pas une démonstration faisant suite à un questionnement précis, il n’est pas non plus la publication d’une habilitation à diriger les recherches telle que la définit dans une de ses conférences dansées Le Dernier spectacle (1998), le chorégraphe Jérôme Bel : « Une HDR n’est pas une œuvre mais un travail d’archivage : c’est du rangement, rétrospectif [alors qu’une] œuvre est un mouvement prospectif qui demande beaucoup plus d’attention et d’investissement car on est en terrain connu1. » Cet ouvrage s’approcherait davantage d’un journal théorique qui fait sens dans l’après-coup de la pause intellectuelle nécessaire à un chercheur. Ce livre est un essai en tant que « libre déploiement et traversée attentive tendue par une sorte d’avidité2 ». Ainsi, à défaut d’être une œuvre au sens artistique du terme3, il est un partitionnement au sens mathématique qui trouve son ampleur théorique dans l’exigence du choix des textes. Ceux-ci ont été écrits de la fin des années 1980 à nos jours ; leur très grande majorité n’a jamais été publiée et certains ont été revus et corrigés pour cette publication.

Alors proposer aujourd’hui cet ouvrage à propos d’un art indisciplinable, à la manière de l’artiste qui fait une rétrospective de son œuvre, ni trop tôt, ni trop tard, c’est d’une part assumer les chemins empruntés par la création, qu’elle soit intellectuelle ou artistique, l’un ne pouvant ici être séparé de l’autre. Mais d’autre part, c’est reconnaître dans l’après-coup, un travail mené – dès les années 1980 – de manière iconoclaste, quasi rebelle et déjà interdisciplinaire avant que ce dernier terme n’envahisse les champs des pratiques artistiques et celui des axes de recherche universitaires. En effet, cette période des années 1980, suivait celle de la reconnaissance institutionnelle de la photographie, et se caractérisait par une production foisonnante de recherches théoriques issues de champs épistémologiques différents (sociologie, philosophie, histoire de l’art, phénoménologie…) et de pratiques photographiques « décomplexées » empruntant aux autres disciplines artistiques sans pour autant vouloir s’ériger en dogme. À côté, l’histoire de la photographie a quant à elle, dès le xixe, épousé les thèses d’une société positiviste qui a reconnu la découverte (et non l’invention) du processus de reproduction de l’image et du réel car elle avait besoin de « preuve », de vérité, mettant la photographie dans le champ appliqué des sciences et des techniques, mais aussi du politique, et nécessairement dans la catégorie des arts mimétiques. Or, c’est justement ce dernier point qui fut à l’origine d’une attitude indisciplinée tant de la photographe que de la théoricienne que fut et qu’est l’auteur de cet ouvrage. La photographie sera réfléchie comme art, ou prise dans le champ de pratiques artistiques, mais comme art non mimétique, revendiquant ici une dimension matériologique plus aristotélicienne que platonicienne, s’opposant déjà à la célèbre « fenêtre » albertinienne ouverte sur le réel, et supposant la transparence parfaite d’un support médian4 Dès ces années 1980, les productions photographiques et les positions tant pratiques que théoriques, découvraient un intérêt profond pour une image paradoxalement et potentiellement indisciplinée, faisant résistance aux normes académiques d’une photographie reproduisant de manière mimétique le réel. Il aura fallu alors rencontrer comme une évidence, un art nodal – aux diffractions pluridisciplinaires et non seulement de l’interdisciplinarité dans les arts – penser autrement une image dont les usages prendraient le pas sur ses propres outils d’instauration, prendre alors conscience de la différence entre une image photographique et un objet conceptuel, un objet vectoriel et une image diagramme, et ce pour travailler à une image sans modèle qui posera la question de l’image comme lieu de formativité5, espace d’engendrement, parfois art disruptif et toujours art indisciplinable. Ainsi prenant comme premier objet d’étude, la question du support, il s’est agi de démontrer en quoi il était une force de mutations exponentielles, et un potentiel inattendu de migration et de viralité des images photographiques dites, encore et malgré tout… « photographiques » : images indéfiniment transmissibles, traduisibles et donc interprétables, quitte à déréaliser ce qu’elles sont censées re-présenter, quitte à disloquer et même à disrupter, ce qu’elles ont pour mission de signifier. Mais quel était donc cet art qui faisait se rencontrer, se frotter, se contredire parfois, tant de savoirs (philosophique, scientifique, phénoménologique…), qui faisait se penser tant de domaines artistiques6 sans jamais les cloisonner, qui faisait se concevoir tant d’états de choses et d’états d’œuvres sans vouloir les catégoriser en disciplines, cet art qui faisait surgir tant d’espaces disruptifs et de formes d’ailleurs… cet art insupportable et passionnant, toujours en acte(s), bien loin de celui dont parfois on a pu penser qu’il était juste un médium devenu caduc ou « obsolète7 » : c’était juste celui qui n’arrêtait pas de se penser autrement, dans une forme d’indiscipline toujours vivante, déplaçant, intriguant, bousculant les champs dits épistémologiques (ou pire ontologiques) d’une discipline… Bref, un art indisciplinable dont le chantier ne fait que (re) commencer… tant sa qualité d’oxymore se manifeste dans ce croisement entre glossolalie visuelle et « quasi-objet » scientifique, oscillant entre ce qui relève de l’envisageable sans toutefois en être la preuve…

 

1. Jérôme Bel, Le Dernier spectacle, conférence dansée, 1998.

2. Jean-Christophe Bailly, « L’essai, une écriture extensible », dans L’Élargissement du poème, Paris, Christian Bourgois, 2015, p. 111-127 et p. 119.

3. Même si l’artiste comme le théoricien est un praticien tant de la pensée que des matières, un analyste des objets, un sismographe des états des choses et des êtres, des médiums et des milieux, des langues et des langages, des formes et des idées, des affects et des sensations.

4. François Jullien, La Grande Image n’a pas de forme. À partir des Arts de peindre de la Chine ancienne, Paris, Seuil, 2003. Essai éclairant de déontologie et de relecture de la pensée platonicienne.

5. Luigi Pareyson, Esthétique. Théorie de la formativité, trad. G. A. Tiberghien, Presses de l’ENS/Rue d’Ulm, 2007.

6. Michelle Debat, Photographie, Arts plastiques & Danse, habilitation à diriger des recherches, Université Paris 8, 2010, non publié.

7. Rosalind Krauss, « Ré-inventer la “photographie” », Le journal, n° 7, juillet-août 1999, p. 4. C’est dans les années 1960, époque de la parution des Mythologies de Roland Barthes ou de la réactivation de la notion de simulacre par Jean Baudrillard, que Rosalind Krauss situe la perte d’identité de la photographie en tant qu’objet historique ou esthétique pour devenir objet théorique. C’est aussi l’époque de « re-convergence » de ce qui s’était déjà passé dans les années 1920, à savoir la convergence « triomphante » de l’art et de la photographie.

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Collection Esthétiques hors cadre
Nombre de pages : 400
Langue : français
Paru le : 24/09/2020
EAN : 9782379240898
Première édition
CLIL : 3692 Essai sur la photographie
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 220×160 mm
Version papier
EAN : 9782379240898

Version numérique
EAN : 9782379240928

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