Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

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Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/06/2002
EAN : 9782842921194
Première édition
CLIL : 3147 Linguistique, Sciences du langage
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921194

La syntaxe de la définitude

N°31/2002

Articles consacrés à la syntaxe de la définitude, c’est-à-dire aux corrélats morphosyntaxiques des propriétés sémantiques couramment regroupées sous l’étiquette “défini” (contrastant avec “indéfini”).

L’un d’entre eux traite des conditions permettant l’interprétation de l’article défini, en français et en espagnol. Les autres études explorent diverses stratégies morphologiques et syntaxiques qui contribuent, à l’intérieur et à l’extérieur du groupe nominal, à l’identification des référents dans des langues avec et sans article : amwi (austro-asiatique), gbe (kwa), haïtien, lari (bantou), russe, serbo-croate, turc.

Anne Daladier et Anne Zribi-Hertz
Présentation

 

Enoch Aboh
La morphosyntaxe de la périphérie gauche nominale

 

Nadira Aljovic
Long adjectival inflection and specificity in Serbo-Croatian

 

Mario Barra-Jover
Datif, possessif, article défini, ou comment se passer de la possession inaliénable

 

Anne Daladier
Definiteness in Amwi : grammaticalization and syntax

 

Marie-Laurence Knittel
Existe-t-il un DP en turc ?

 

Katia Paykin et Marleen Van Peteghem
Definiteness in a language without articles : a case-study of Russian

 

Lélia Picabia
La primauté du temps pour l’interprétation du sujet : le cas du lari

 

Anne Zribi-Hertz
The DP hypothesis and the syntax of identification

 

 

IN MEMORIAM

 

Pierre Cadiot
Nicolas

Enoch Oladé ABOH : « La morphosyntaxe de la périphérie gauche nominale »
Cet article développe une analyse de la périphérie gauche nominale (PGN) éclatée où les traits de spécificité et de nombre sont les propriétés de projections fonctionnelles distinctes. Le DP représente la projection la plus haute du système. C’est l’interface entre l’univers du discours et l’expression nominale où est réalisé le trait discursif [±spécifique]. En revanche, NumP constitue la projection la plus basse du système et sert de charnière entre le système D et le système flexionnel nominal. C’est le point d’ancrage du trait de nombre et du trait référentiel [±défini] qui est repris au sein du système flexionnel (SP). Selon cette approche, nous proposons que l’interprétation spécifique est un effet sémantique qui découle du mouvement de SP vers la PGN, c’est-à-dire vers SpecNumP et SpecDP. De même, nous montrons que, dans les DP possessifs, le possédé ne peut être interprété comme spécifique que si l’ensemble de la structure prédicative incluant le possesseur et le possédé monte vers la PGN. En supposant que les phrases relatives manifestent une structure de complémentation où le système D projette au-dessus du CP, nous concluons que le groupe nominal relativisé est interprété comme spécifique lorsque la proposition relative monte vers la PGN en syntaxe. À la différence des relatives, les factives ne possèdent pas de système D. Ces syntagmes réalisent un CP dont la position SpecCP est occupée par un DP complet.

 

Nadira ALJOVIC : « Long adjectival inflection and specificity in serbo-croatian »
Cette article s’intéresse aux deux formes, courte et longue, des adjectifs épithètes serbo-croates. Il vise à montrer que l’opposition formelle ‘court/long’ est corrélée à l’opposition sémantique entre deux interprétations, non-spécifique vs. spécifique, d’un groupe nominal. L’article examine ce que peut être la source de la flexion longue, en proposant l’hypothèse qu’un adjectif occupant le Spécificateur d’une certaine tête fonctionnelle du domaine nominal apparaîtra avec une flexion supplémentaire : une flexion longue. La discussion finale concerne le parallélisme formel entre la flexion pronominale et la flexion adjectivale longue, suggérant que toutes les deux sont liées à la même projection nominale : DP.

 

Mario BARRA-JOVER : « Datif, possessif, article défini, ou comment se passer de la possession inaliénable »
Le nombre de contextes permettant la présence d’un article à la place d’un possessif dans les cas du type Jean lève la jambe peut changer d’une langue à l’autre (les cas du type Jean l’a pris par la main étant de nature différente). Cette variation rend difficile toute explication fondée sur les traits encyclopédiques du nom impliqué. À partir du problème contrastif posé par l’anglais, l’espagnol et le français, est proposée une hypothèse qui retient comme facteur explicatif la distribution du datif. Lorsqu’une langue, comme c’est le cas de l’anglais, ne possède pas de datif (dans le sens morphologique du terme), la construction avec article n’est pas possible. Lorsqu’une langue possède un datif, la distribution de l’article dépend de la capacité des verbes à intégrer comme argument interne un argument locatif exprimant un rapport de contiguïté. Le verbe français peut le faire pour les prédicats dont la grille thématique permet l’existence d’un But, tandis que les verbes espagnols ne sont pas soumis à cette contrainte. Ceci expliquerait l’abondance de contextes accessibles à l’article en espagnol.

 

Anne DALADIER : « Definiteness in amwi : grammaticalization and syntax »
L’amwi, langue non flexionnelle du groupe mon-khmer, a une “accentuation syntaxique” qui peut s’appliquer à un sujet et un ou plusieurs objets et avec laquelle s’appliquent différentes formes de détermination pour exprimer des valeurs de définitude : a) pronoms clitiques de troisième personne réutilisés comme déterminants-clitiques, b) déterminants-clitiques associés à des pronoms indéfinis ou à des ordinaux-classificateurs, c) éléments aspectuels associés à des emplois “verbaux” et déictiques de noms de temps. Un sujet ou un objet lexical accentué syntaxiquement est obligatoirement défini. Différentes valeurs de définitude font intervenir de plusieurs façons l’ensemble de la construction syntaxique d’une phrase.

 

Marie-Laurence KNITTEL : « Existe-t-il un DP en turc ? »
Dans cet article, nous montrons que le turc est une langue sans projection DP. Nous fondons notre analyse sur le fait que ni les articles ni les démonstratifs ne peuvent être analysés comme des têtes D°, et sur l’absence de complémenteur dans cette langue. Nous présentons ensuite la structure du SN turc, où à chaque niveau de complexité morphosyntaxique correspond un type d’interprétation particulier : référence à un type, indéfinitude, définitude.

 

Katia PAYKIN, Marleen VAN PETEGHEM : « La définitude dans une langue sans article : le cas du russe »
Le russe est une langue sans articles et n’exprime donc pas la définitude à l’aide de déterminants. Néanmoins, plusieurs phénomènes grammaticaux ont été signalés dans la littérature comme compensant l’absence d’articles en russe. Le but de cet article est d’examiner tous ces phénomènes pour analyser leur rapport avec la définitude. Sont examinés successivement l’ordre des mots et la prosodie, les cas en interaction avec l’aspect et l’accord verbal. Il ressort de cette étude que tous ces procédés mènent à un marquage du SN indéfini, alors que le SN défini reste non marqué. Cela dit, à part certaines oppositions casuelles, aucun de ces marquages n’entretient de rapport univoque avec l’indéfinitude. Seul l’emploi du génitif avec un argument du verbe donne systématiquement lieu à une interprétation indéfinie, par opposition à l’accusatif et au nominatif dans les mêmes contextes, qui entraînent une interprétation plutôt définie. L’utilisation de ce génitif à valeur indéfinie n’est toutefois possible qu’avec des noms de masse, des indéfinis pluriels et des SN en contexte négatif, ce qui montre que l’indéfinitude exprimée par le génitif n’est pas celle exprimée par l’article indéfini ‘un’ dans les langues à article. Elle concerne plutôt l’expression d’une quantité indéfinie ou la négation de l’existence du référent du SN.

 

Lélia PICABIA : « La primauté du temps pour l’interprétation du sujet : le cas du lari »
Ce travail propose une étude de la composition morphologique des syntagmes nominaux définis en lari (langue bantoue du Congo), selon leur distribution dans la proposition (position sujet versus position régime). La conclusion la plus saillante est qu’en position sujet, si la proposition comporte des morphèmes de temps, le syntagme nominal est toujours défini, même s’il ne comporte aucun déterminant approprié. L’hypothèse descriptive avancée est que le temps de la proposition légitime l’interprétation définie du sujet.

 

Anne ZRIBI-HERTZ : « The dp hypothesis and the syntax of identification »
Cet article examine le problème de la localisation de la “définitude”, c’est-à-dire des traits responsables de l’identification du référent, au sein du groupe nominal. En se fondant sur des données comparatives du français et du haïtien, il met en question l’hypothèse courante stipulant que la définitude est un trait binaire (±défini) généré dans la projection supérieure du syntagme nominal, ‘DP’. Il est soutenu que les effets de “définitude” peuvent être produits par au moins deux types de traits – le trait catégoriel [n], et des traits locatifs – qui peuvent occuper diverses positions structurales et peuvent aussi se combiner pour former une coquille fonctionnelle. Une dernière hypothèse, fondée sur les faits du haïtien, est que le Nombre peut être projeté au-dessus du ou des traits d’identification dans la structure syntaxique.

Enoch Oladé ABOH : « La morphosyntaxe de la périphérie gauche nominale »
This paper argues for the split-D hypothesis. The nominal left periphery consists of an articulated system where the features specific, number and definite are associated with discrete projections. DP is the highest projection of the system and expresses the interface between the discourse context and the nominal expression. Accordingly, it encodes Discourse-linked features such as specificity. On the other hand, NumP instantiates the lowest projection of the system. It is the link between the D-system and the nominal inflectional system. As such, NumP expresses agreement features (e. g. number) and certain referential features (definite) that match those of the inflectional domain (SP). Under this approach, the specific interpretation is a semantic effect that derives from movement of the inflectional domain (SP) to Spec NumP and SpecDP. We further argue that in genitive constructions, the possessee can be interpreted as specific if and only if the predicative structure that includes both the possessor and the possessee moves to SpecDP. Granting that relative clauses instantiate a structure where the D-system projects above a CP clause, we conclude that a relativized noun phrase acquires the specific interpretation when the relative clause moves to SpecDP. In this respect, the difference between relative clauses and factive clauses boils down to the presence of a D-system above CP in the former but not in the latter. This would mean that factive clauses are simple CP clauses in which SpecCP hosts a full DP.

 

Nadira ALJOVIC : « Long adjectival inflection and specificity in serbo-croatian »
This article is concerned with the interpretation of noun phrases containing short and long adjectives in Serbo-Croatian. It is argued that the short/long distinction among Serbo-Croatian adjectives correlates with the semantic opposition between the non-specific and specific readings, respectively. The article further investigates the syntactic source of the long inflection, proposing that an AP occupying the Specifier of a nominal functional head will appear with an additional mark, i.e. a long inflection. Finally, the morphological parallelism between the inflection on pronouns and that on adjectives is discussed, suggesting that both are linked to the same nominal projection &endash; possibly DP.

 

Mario BARRA-JOVER : « Datif, possessif, article défini, ou comment se passer de la possession inaliénable »
The range of contexts which license a possessive reading with a definite article in e.g. French Jean lève la jambe, ‘John raises the [= his] leg’) may vary from one language to the next (the case instantiated by Jean l’a pris par la main ‘John took him by the hand’, being of another nature). This variation makes it impossible to account for this phenomenon in encyclopedic terms involving properties of the physical world. Basing ourselves on comparative data from English, Spanish and French, we argue that the possessive reading of the definite article is crucially licensed by the availability of the dative case. In a language lacking a morphological dative (e.g. English), articles do not license the possessive reading. In a morphological-dative language, the distribution of the article depends on the range of verbs which license locative internal arguments expressing a contiguity relation. French verbs only exhibit this property if their thematic grid licenses a Goal, whereas Spanish verbs are not subject to this restriction. It follows that the possessive reading of articles has a far broader distribution in Spanish than in French.

 

Anne DALADIER : « Definiteness in amwi : grammaticalization and syntax »
Amwi, a non-inflecting Mon-Khmer language, has a ‘syntactic stress’ mechanism which may apply to a subject or to one or several objects. Different morphological forms of determination construct with this mechanism in order to produce definiteness values : a) third person clitic pronouns used again as clitic-determiners, b) clitic-determiners associated with indefinite pronouns or ordinal-classifiers, c) aspectual elements associated with ‘verbal’uses and aspectual deictics of time nouns. A syntactically stressed lexical subject or object is obligatorily definite. Definiteness values involve the syntax of the entire sentence in different ways.

 

Marie-Laurence KNITTEL : « Existe-t-il un DP en turc ? »
In this paper we show that Turkish is a language without a DP projection. Our analysis is based upon the facts that neither the article nor the demonstrative can be analyzed as Ds, and that this language lacks complementizers. We then present the structure of NPs in Turkish. We show that to each degree of morphosyntactic complexity corresponds a particular interpretation : reference to a kind, indefiniteness, definiteness.

 

Katia PAYKIN, Marleen VAN PETEGHEM : « Definiteness in a language without articles : a case-study of russian »
Russian is a language without articles ; therefore it does not express definiteness through determiners. Nevertheless, several grammatical phenomena have been mentioned in literature as possible strategies of (in)-definiteness marking. The aim of this article is to examine all these phenomena in order to establish their relation to (in)definiteness. Word order and prosody, as well as case marking in interaction with aspect and verb agreement, are discussed. Our study shows that it is indefinite NPs that receive special marking, while definite NPs stay unmarked. However, of all the available properties which correlate with indefiniteness, the genitive-case option appears as the only systematic strategy for indefiniteness marking. The genitive case on a verb argument always triggers an indefinite interpretation, contrasting with the nominative and accusative cases, which yield a definite reading. The use of this indefinite genitive is however only possible with mass nouns, plural indefinite NPs, and NPs in negative contexts. Hence, the indefiniteness expressed by the genitive is not the one expressed by indefinite articles such as English a, but crucially correlates with the expression of an indefinite quantity or with the negation of the existence of the referent.

 

Lélia PICABIA : « La primauté du temps pour l’interprétation du sujet : le cas du lari »
This paper investigates the morphological make-up of definite noun phrases in Lari (a Bantu language from Congo), according to their structural position within the clause (subject vs. nonsubject). The main conclusion is that the subject of a tensed clause is always construed as definite, whether or not it contains an overt determiner. The proposed descriptive assumption is that the definite interpretation of the subject is crucially licensed by Tense.

 

Anne ZRIBI-HERTZ : « The dp hypothesis and the syntax of identification »
This paper addresses the problem of locating ‘definiteness’, i. e. the feature(s) responsible for referent-identification, within noun phrase structure. Considering comparative data from French and Haitian, it questions the current assumption that definiteness is a binary feature (±definite) generated (or checked) in a functional phrase ‘DP’ projected in topmost position. It is argued that ‘definiteness’ effects may result from at least two types of features – the categorial feature [n], and locative features – which may occupy different positions within the noun phrase and may also combine to form a functional shell. It is further argued on the basis of Haitian evidence that Number may be projected above identification features in syntactic structure.

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Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/06/2002
EAN : 9782842921194
Première édition
CLIL : 3147 Linguistique, Sciences du langage
Illustration(s) : Non
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