Paris 8 - Université des créations

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 176
Langue : français
Paru le : 10/10/2002
EAN : 9782842921262
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921262

L’anticléricalisme en Chine

N°24/2002

 Ce volume explore l’hypothèse d’un anticléricalisme chinois, en différenciant notamment les discours antireligieux et ceux issus de positions spécifiquement anticléricalistes y compris dans les contextes croyants.

En Chine, le pouvoir politique des institutions religieuses n’a que peu à voir avec celui de l’Église catholique dans les sociétés européennes où est apparue la notion d’anticléricalisme. Cependant les thèmes et la rhétorique des critiques adressées par les Chinois à leurs professionnels de la religion, notamment les bouddhistes et les taoïstes, présentent avec les textes occidentaux des parallèles frappants. Ce volume explore donc l’hypothèse d’un anticléricalisme chinois, en différenciant notamment les discours antireligieux et ceux issus de positions spécifiquement anticléricalistes y compris dans les contextes croyants.

Vincent Goossaert et Valentine Zuber
La Chine a-t-elle connu l’anticléricalisme ?

 

 

I. Anti-religion et anticléricalisme

 

Sylvie Hureau
L’apparition de thèmes anticléricaux dans la polémique anti-bouddhique médiévale
 
Fang Ling
Les médecins laïques contre l’exorcisme sous les Ming : la disparition de l’enseignement de la thérapeutique rituelle dans le cursus de l’Institut impérial de médecine
 
Lars Laamann
Anti-Christian Agitation as an Example of Late Imperial Anticlericalism
 
Elisabeth Allès
À propos de l’islam en Chine : provocations antireligieuses et attitudes anticléricales du XIXe siècle à nos jours
 
Marianne Bastid-Bruguière
La campagne antireligieuse de 1922

 

 

II. La figure du bonze

 

Vincent Durand-Dastès
Désirés, raillés, corrigés : les bonzes dévoyés dans le roman en langue vulgaire du XVIe au XVIIIe siècle
 
Vincent Goossaert
Anatomie d’un discours anticlérical : le Shenbao, 1872-1878
 
Isabelle Charleux
Les « lamas » vus de Chine : fascination et répulsion
 
David A. Palmer
Le qigong au carrefour des « discours anti ».
De l’anticléricalisme communiste au fondamentalisme du Falungong

 

 

III. Regard extérieur

 

Jean Baudérot
Pour une comparaison anticléricalisme européen/anticléricalisme chinois

 

Résumés en français

English Summaries

Sylvie HUREAU : « L’apparition de thèmes anticléricaux dans la polémique anti-bouddhique médiévale »

Les critiques portées contre le bouddhisme sont apparues rapidement après son introduction en Chine et furent justifiées tant par une idéologie difficile à comprendre, que par le comportement des moines qui tentaient de se soustraire à l’autorité impériale et dont le mode de vie choquait l’opinion. L’article analyse, à l’intérieur des textes de polémique anti-bouddhique médiévale, les thèmes spécifiquement anticléricaux, notamment les moeurs des bonzes et le danger qu’ils présentent pour l’État du fait d’une perte de contrôle de l’autorité impériale. Pour mieux comprendre leurs enjeux, il rapproche les textes médiévaux des thématiques anticléricales en Occident. Ces critiques, qui constituent des stéréotypes transmis de siècle en siècle, ont abouti à un renforcement du contrôle de l’État sur le clergé.

FANG Ling : « Les médecins laïques contre l’exorcisme sous les Ming. La disparition de l’enseignement de la thérapeutique rituelle dans le cursus de l’Institut impérial de médecine »

La thérapeutique rituelle a pendant longtemps fait partie intégrante de la médecine chinoise traditionnelle. Sous les Sui (581-618), elle est érigée en spécialité et incluse dans l’enseignement de l’Institut impérial de médecine où son existence est attestée dans les histoires officielles jusqu’aux Ming (1368-1644). Sa disparition se situe dans les années 1570 au plus tard. Le discours des médecins laïques des Ming éclaire les raisons qui sous-tendent à la fois la disparition elle-même et la procédure discrète, voire furtive, de la suppression. Comme cette tradition médicale religieuse est reconnue par le grand classique Huangdi neijing, pour des raisons d’orthodoxie, les médecins laïques n’ont jamais pu contester ouvertement sa présence nominale en tant que forme de la médecine officielle, mais ils sont en général très hostiles à sa pratique réelle dans la société. L’attitude de la classe des médecins face aux guérisseurs peut être assimilée à de l’anticléricalisme en ceci qu’elle se fonde plus sur des raisons idéologiques que doctrinales, qu’elle fait appel à un idéal fondamentaliste (la dégénérescence imaginée des guérisseurs) et qu’elle fait intervenir des enjeux de pouvoir.

Lars LAAMANN : « L’agitation anti-chrétienne comme exemple d’anticléricalisme à la fin de l’époque impériale »

Les chrétiens chinois du XVIIIe siècle étaient tout aussi sujets aux sentiments et aux mesures anticléricales que les bouddhistes et les taoïstes. Avec l’édit anti-missionnaire de 1724, les chefs des familles converties et les prédicateurs itinérants &endash; qui forment les clercs chrétiens de cette période &endash; devinrent la cible d’accusations de “comportement perverti”. La propagation du célibat, l’existence nomade des missionnaires, les allégations de magie noire et d’exploitation sexuelle de la jeunesse constituaient, dans l’univers mental des anti-chrétiens, des violations de la morale traditionnelle. Pour les fonctionnaires, les clercs chrétiens étaient en outre potentiellement porteurs de trahison politique. Cependant, et par contraste avec le millénarisme bouddhique, la “menace” chrétienne resta largement imaginaire jusqu’au retour des missionnaires européens vers 1830.

Elisabeth ALLÈS : « À propos de l’islam en Chine : provocations antireligieuses et attitudes anticléricales du XIXe siècle à nos jours »

Provocations antireligieuses et attitudes anticléricales ont profondément marqué l’histoire des Chinois musulmans (Hui) tout au long des XIXe et XXe siècles. Cet article examine les thèmes et les formes prises par ces conflits, et distingue les disputes, que l’on peut associer à de l’intolérance lorsqu’elles se déroulent entre Hui et non-musulmans, des attitudes anticléricales. Ces dernières, visant notamment les ahong (desservants des mosquées) de l’islam traditionnel de la part de réformateurs, se caractérisent par une volonté de retour à la pureté des origines et ne concernent que les musulmans eux-mêmes.

Marianne BASTID-BRUGUIÈRE : « La campagne antireligieuse de 1922 »

Lancée à l’initiative des agents du Komintern à Shanghai, la campagne de négation de la religion du printemps 1922 rencontre le soutien quasi unanime des étudiants et des milieux intellectuels chinois. La nouveauté du torrent d’articles, libelles et discours par lequel s’exprime le mouvement pendant quatre mois, est que leurs auteurs ne se bornent pas à dénoncer le dogme, comme le faisait la réflexion critique moderne née depuis l’adoption en Chine, au début du siècle, du concept européen de “religion”, ils attaquent d’emblée l’église en tant qu’institution. L’argumentation emprunte largement à l’arsenal classique de l’anticléricalisme français. Le nom même choisi par le mouvement, feizongjiao, est le terme alors en usage pour traduire “laïcité”. Le christianisme, cible principale des zélateurs, est combattu surtout au nom de la science, du progrès et de la liberté intellectuelle, qui condamnent aussi bien, observent-ils, le bouddhisme, taoïsme et autres religions. La masse des critiques brandit au premier chef la défense de la souveraineté nationale, mais cette réaction, qui s’apparente au combat anti-chrétien des lettrés du XIXe siècle, s’articule sur l’idée que l’ingérence de la religion étrangère est actionnée par le capitalisme. Il ne s’agit donc pas d’un rejet global de l’étranger, mais de certaines formes de sa présence. Les ingrédients anticléricaux de la tradition chinoise se trouvent ainsi enrichis et renouvelés, mais ce n’est que lors de sa renaissance en 1923 que le mouvement antireligieux véhicule un projet politique et social nettement défini.

Vincent DURAND-DASTÈS : « Désirés, raillés, corrigés : les bonzes dévoyés dans le roman en langue vulgaire du XVIe au XVIIIe siècle »

Les personnages de bonzes en délicatesse avec leurs voeux sont si nombreux dans le roman en langue vulgaire des Ming et des Qing qu’on a tendance à considérer ce genre comme l’expression par excellence de l’anticléricalisme littéraire chinois. Pourtant, les récits les plus anciens représentaient le moine dévoyé comme un ascète séduit, digne de compassion autant que de blâme. Il fallut la vogue du roman érotique au début du XVIIe siècle pour que le débauché sans vergogne s’impose comme modèle du bonze de roman. Au faîte de la hiérarchie du vice se tient le bonze barbare, maître de magie sexuelle au physique monstrueux. À l’opposé de la figure du magicien violeur, on rencontre des personnages de saints bonzes excentriques. Volontiers bouffons, querelleurs ou ivrognes, leur licence est inversement proportionnelle à la sainteté de leurs objectifs. Certains de ces personnages, comme le célèbre Ji-le-Fou, figurent dans des récits dont la tonalité générale est favorable au bouddhisme. D’autres en revanche, véritables confucéens en robe de moine, apparaissent comme des redresseurs des moeurs dévoyées du temps, qui associent dans une même condamnation les bouddhistes et les laïques.

Vincent GOOSSAERT : « Anatomie d’un discours anticlérical : le Shenbao, 1872-1878 »

Le quotidien Shenbao, publié à Shanghai, fournit une documentation abondante sur la vie religieuse dans les grandes villes portuaires à la fin du XXe siècle. Au sein de cette documentation se trouve un ensemble d’articles anticléricaux visant bouddhistes et taoïstes que l’on peut identifier par des critères formels (stéréotypes, appel à des mesures radicales, imagination obsessionnelle, usage du ridicule). Si les articles anticléricaux n’excluent pas d’autres discours moins hostiles dans la même presse, ils constituent néanmoins un ensemble frappant par sa virulence. Trois thèmes majeurs les traversent : la sexualité cléricale, la violence des techniques de mendicité, et, plus occasionnellement, les accusations de sorcellerie. L’analyse des discours sur ces thèmes et des mentalités qui sous-tendent montrent que l’anticléricalisme à cette époque et dans ce genre est motivé essentiellement par un rejet de modes de vies en contradiction avec les valeurs sociales majoritaires concernant le corps et le rapport des individus aux groupes.

Isabelle CHARLEUX : « Les “lamas” vus de Chine : fascination et répulsion »

Les fantasmes chinois sur les moines tibétains sont faits de fascination et de répulsion. La représentation du “lama” en Chine est formée d’une superposition d’images de tous les religieux étrangers (fanseng) originaires de “l’Ouest” (l’Inde, l’Asie centrale et le Tibet). L’image du tantriste aux moeurs dépravées, spécialiste de magie noire et de techniques sexuelles, coexiste avec celle du saint arhat. Les discours recueillis dans des romans, des documents officiels et la presse chinoise développent particulièrement quatre thèmes : l’hétérodoxie du “lamaïsme”, le moine barbare, la mauvaise influence des lamas sur les empereurs et sur le peuple et le culte de la personnalité des “bouddhas vivants”. Les lamas sont les cibles d’un anticléricalisme général visant l’ensemble du clergé chinois, ce à quoi s’ajoute la xénophobie et un discours fondé sur le sur le “péché originel” des moines tibétains sous la dynastie Yuan.

David A. PALMER : « Le qigong au carrefour des “discours anti”. De l’anticléricalisme communiste au fondamentalisme du Falungong »

Dispensateurs de guérisons, d’expériences mystiques et de biens symboliques, les maîtres de qigong ont constitué une forme de clergé séculier de la Chine post-maoïste. Avec l’émergence de ces personnalités charismatiques et de leurs dizaines de millions d’adeptes, apparaissent des discours anticléricaux qui sont utilisés aussi bien par les maîtres que contre eux. Le qigong et son dérivé, le Falungong, nous offrent en effet un prisme pour l’analyse des mutations de l’anticléricalisme en Chine contemporaine. Tour à tour mis au service de la construction de l’État, d’un retour aux sources de la tradition, d’une polémique anti-superstitions, d’un fondamentalisme religieux et d’une campagne anti-sectaire, l’anticléricalisme nous révèle les lignes de tension qui travaillent la nébuleuse des réseaux de pratiquants des arts du corps et du souffle.

Jean BAUBÉROT : « Pour une comparaison anticléricalisme européen/anticléricalisme chinois »

La démarche comparative, qui consiste à employer dans le contexte chinois une notion proprement occidentale, l’anticléricalisme, est justifiée par de réelles ressemblances, mais aussi, plus théoriquement, par le fait qu’on ne peut opposer de façon monolithique une construction européenne et une construction chinoise du religieux dans la société. Dans les deux cas en effet, la définition et la place du religieux dans la société est un objet de débats permanents, débats dont les anticléricalismes sont l’un des produits. L’histoire de ces débats en Europe, évoluant sans cesse dans le temps et dans l’espace, permet de mettre en évidence une grande variété de cas de figure, par exemple entre pays protestants et catholiques ; or beaucoup de ces cas de figure se retrouvent à un moment ou à un autre de l’histoire chinoise. Des analogies apparaissent notamment quand on s’interroge sur une vision libérale de la religion limitée à un domaine séparé, sur le rapport entre religion et morale dominante, sur l’assujettissent des institutions religieuses à l’État et sur les liens entre anticléricalisme et antireligion. Il existerait donc alors une typologie universelle des anticléricalismes, dans laquelle tant les exemples européens que chinois trouveraient leur place spécifique.

Sylvie HUREAU : « The apparition of anticlerical themes in medieval anti-Buddhist polemic »

Anti-Buddhist criticism appeared soon after the religion’s introduction in China. It was caused both by its novel and complex ideology and by the monks’behaviour, who tried to escape imperial authority and who lived according to rules deemed offensive by public opinion. This article analyses, within the corpus of anti-Buddhist medieval polemical texts, the specifically anticlerical themes, notably concerning the monks’mores and the danger they posed to a state threatened by an erosion of its authority. For a better understanding of the agenda behind such criticism, these polemical texts are compared with the Western anticlerical tradition. The medieval anti-Buddhist rhetoric has been adopted ever since as anticlerical stereotypes, which were instrumental in the state’s efforts to control the clergy.

FANG Ling : « Secular physicians against ritualistic medicine (exorcism) under the Ming. The disappearance of therapeutic rituals from the curriculum of the Imperial Institute of Medicine »

Therapeutic ritual has long since formed an integral part of traditional Chinese medicine. Elevated to the level of a medical specialisation under the Sui (581-618), it was included as such in the courses offered by the Imperial Institute of Medicine. Its existence in the institute’s curriculum is cited in the official histories up to the Ming Dynasty (1368-1644). Its disappearance occurred no later than 1570. The treatises of the secular Ming physicians shed light on the reasons that subtend not only its disappearance but also the discrete, almost stealthy, procedure of its suppression. Since this medico-religious tradition is acknowledged by the classic Huangdi neijing, secular physicians have never been able to contest openly its nominal presence as a form of official medicine, but remain in general hostile to its practice. The physicians’attitude towards exorcists can be interpreted as anticlerical since it is based on ideological rather than doctrinal reasons. It furthermore invokes a fundamentalist ideal (the imagined decay of the exorcists’authority) and implied conflicts about actual social power.

Lars LAAMANN : « Anti-Christian agitation as an example of late imperial anticlericalism »

The Christians of the mid-Qing period were as much subject to anticlerical feelings and action as were Buddhist and Daoist cults. After the anti-missionary edict of 1724, Christian family heads and wandering preachers &endash; the “clerics” of eighteenth-century Christianity &endash; found themselves being targeted as “morally corrupt”. In the mental universe of their anti-Christian neighbours, the propagation of celibacy, the nomadic life style of missionaries, alleged acts of black magic and sexual indecency against minors constituted breaches against common morality. For the state officials, Christian clerics were furthermore a potential fifth column of high treason. In contrast with Buddhist millenarianism, however, the Christian “threat” remained wholly imaginary &endash; at least until the re-entry of European missionaries around 1830.

Elisabeth ALLÈS : « On Islam in China : antireligious provocations and anticlerical attitudes since the nineteenth century »

During the nineteenth and the twentieth centuries, antireligious provocations and anticlerical attitudes deeply marked the history of Chinese Muslims (Hui). This article examines the issues and the forms of these conflicts. It distinguishes quarrels that stem from intolerance between Hui and non-Muslim communities from plainly anticlerical attitudes. Anticlericalism in a Hui context, notably attacks by reformers on ahong (imams) as stalwarts of traditional Islam, are expressions of a desire for religious reformation and are merely of intra-Muslim concern.

Marianne BASTID-BRUGUIÈRE : « The 1922 antireligious campaign »

In the spring of 1922, the campaign for the rejection of religion initiated by the Comintern agents in Shanghai met with almost unanimous support among China’s students and intellectuals. In the flood of articles, pamphlets and speeches that marked the movement during its four months, the novelty of the campaign lay in not merely refuting dogmatic concepts (as the modern critical analysis developed after the acceptance in China of the European concept of “religion” had done), but in attacking the Church as an institution. The arguments borrowed profusely from French anticlericalism. The very name chosen by the movement, feizongjiao, was the term then in use for translating laïcité. Christianity, the main target of the zealots, was combated mainly in the name of science, progress and intellectual freedom, which was acknowledged to extend to Buddhism, Taoism and other religious teachings as well. The thrust of the rhetoric focused on the defence of national sovereignty, but &endash; despite the parallels with nineteenth-century refutations against Christianity &endash; now hinged on the notion that foreign religious encroachment was driven by capitalism. The issue was not a wholesale rejection of foreign influence, but only of certain types of foreign presence. The anticlerical ingredients of the Chinese tradition were thus enriched and renewed, but only with its revival in 1923 the antireligious movement was to convey a well-defined political and social agenda.

Vincent DURAND-DASTÈS : « Desired, mocked, corrected : stray monks in the vernacular novel from the sixteenth the eighteenth century »

The number of monks breaking their vows is so great in the Ming and Qing vernacular novel that this genre has been considered the ultimate expression of Chinese literary anticlericalism. While the oldest novels pictured the stray monk as a seduced ascetic, worthy of both pity and blame, it was not before the early seventeenth-century vogue of the erotic novel that the shameless debauched monk emerged as the stereotypical clerical protagonist. Topping the hierarchy of vices is the barbarian monk, master of sexual magic and equipped with a monstrous body. In contrast to the magician-cum-rapist, one encounters figures of eccentric holy monks. Often farcical, riotous or drunken, these monks are all the more licentious as they strive for holier goals. Some of them, like the famous Crazy Ji, are heroes of narratives which are generally pro-Buddhist. Some others, however are real Confucians clad in monkish robes and act as righters of the stray mores of their times, condemning monks and laymen alike.

Vincent GOOSSAERT : « Anatomy of an anticlerical discourse : the Shenbao, 1872-1878 »

The Shenbao, the chief daily publication of Shanghai, vividly illustrates the religious life in the treaty ports during the late nineteenth century. This documentation includes a body of anticlerical articles aimed at Buddhists and Taoists which can be identified by formal criteria, such as stereotyping, calls for harsh policies, obsessive imagination, or verbal abuse. Anticlerical articles coexist with less hostile discourses, yet constitute a specific corpus characterised by its violent language. Three major themes can be identified : clerical sexuality, violent fund-raising techniques, and, less often, black magic. An analysis of the discourse and of the underlying mentality shows that anticlericalism in this context is mostly a result of a rejection of lifestyles considered to be in contradiction to prevailing values concerning the human body and social relations.

Isabelle CHARLEUX : « “Lamas” as seen from China : fascination and repulsion »

The Chinese phantasmagoria of Tibetan monks abound in images of fascination and repulsion. The representation of the “lama” in China is a superposition of the full variety of images of foreign clerics (fanseng) from the “West” (India, Central Asia and Tibet). The image of the depraved Tantrist, expert in black magic and sexual techniques, coexists with that of the holy arhat. The discourse on lamas in novels, official documents and the Chinese press has developed along four broad themes : “Lamaist” heterodoxy, the Barbarian monk, the evil influence of lamas on emperors and ordinary people, as well as the personality cult of the “Living Buddhas”. Lamas were subjected to the same anticlericalism which generally targeted the whole of China’s clergy. Xenophobia and a discourse founded on the “original sin” of Tibetan monks under the Yuan dynasty added to its impact.

David A. PALMER : « Qigong between the various “anti” discourses. From communist anticlericalism to Falungong fundamentalism »

Qigong masters, as healers, mystical teachers and symbolic providers, have become a kind of secular clergy in post-Mao China. Following the emergence of these charismatic figures and their tens of millions of adepts, an anticlerical discourse appeared, which was used by the masters themselves as well as by their opponents. Qigong and its offshoot, Falungong, offer a prism for analysing the mutations of anticlericalism in contemporary China. Successively brought into the service of state construction, of a return to the sources of tradition, of anti-superstition polemics, of a religious fundamentalism and of an anti-heretical political campaign, anticlericalism reveals the lines of tension which have shaped the constellation of Chinese body and breathing arts networks.

Jean BAUBÉROT : « For a comparison between European and Chinese anticlericalisms »

The comparative method used in this volume, i.e. applying the European notion of anticlericalism to a Chinese context, is justified by actual similarities. More fundamentally, it is also justified by the irrelevance of any radical opposition between European and Chinese ways of constructing religion. In both cases, the definition and role of religion within society has been the subject of on-going debate, generating a variety of anticlericalisms as by-products. The history of this debate in Europe and its evolution through time and space allows to differentiate between several typological case studies, for instance between Catholic and Protestant countries. Many of these case studies have equivalents at one point or another of Chinese history. Analogies appear when scrutinising the liberal view of religion as a separate sphere within society, the relationship between religion and predominant morality, the inclusion of religion within the official bureaucracy or the links between anticlericalism and anti-religion. In conclusion, there may well be a universal typology of anticlericalisms, within which both European and Chinese cases would find their specific place.

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Revue Extrême-Orient - Extrême-Occident
Nombre de pages : 176
Langue : français
Paru le : 10/10/2002
EAN : 9782842921262
Première édition
CLIL : 4036 Asie
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921262

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