Johann DEFER
Stéphane Bérard, rites de passage au marché privé
Stéphane Bérard, artiste conceptuel, se lance dans une série de projets d’invention, dont certains verront le jour, sous forme de prototypes. Plutôt que tenter de marier ses talents conceptualistes à une entreprise ou une institution, il choisit de venir lui-même l’entreprise et l’entrepreneur. On pourrait voir en lui une forme d’artiste satiriste raillant la société capitaliste utilitariste et qui s’amuse à renverser le mécanisme habituel d’attribution de valeur propre au champ artistique. Une étude plus approfondie des oeuvres de Bérard nous invitera à repenser cette lecture.
Océane DELLEAUX
Economie du tertiaire/Economie de l’art. La place du multiple
A partir de l’exemple de la société Soussan Ltd Fournisseur des musées, on interrogera la capacité du multiple à intégrer des structures artistiques qui placent les services au centre de leur problématique. Les publications de Sylvain Soussan, qui associent la fonction de catalogue de vente à celle de livre d’artiste, sont symptomatiques de ses activités de service qui allient l’efficacité des techniques de l’entreprise (promotion, biens de consommation produits en série) avec la plue-value symbolique de l’art (candidature au statut d’artiste, unicité des prototypes).
Maxence ALCALDE
“Je crois en Dieu et je crois dans le marché” Prophétisme économique et radicalisme artistique
Depuis quelques années, certains managers parmi les plus influents se complaisent dans un devenir artistique leur permettant d’assumer la part d’arbitraire de leurs activités. Parallèlement, des artistes s’éloignent de la traditionnelle figure du rêveur pour trouver dans l’économie une assise “scientifique” à leurs travaux. Au-delà de la simple pétition de principe – qui consiste à jouer l’artiste lorsque l’on est manager et à endosser le costume du manager pour un artiste -, que nous disent ces nouvelles postures de l’évolution de leur champ respectif ?
Marie BOIVENT
Un art “délivré” : sur quelques utilisations du service postal depuis les années 1960
L’utilisation de la voie postale pour les artistes des années 1960 est liée à l’intention de rendre l’art accessible au plus grand nombre et à la recherche d’une maîtrise , d’une autonomie de l’activité artistique, par la remise en cause des modes institutionnels de présentation et de diffusion des oeuvres. Ces pratique d’un “art à domicile” ont permis de reconfigurer les rapports entre les acteurs de l’art afin que chacun y trouve un espace d’échanges créatifs plus direct. Un Network qui se retrouve dans les pratiques contemporaines utilisant Internet en tant qu’espace partagé.
Aude CRISPEL
La petite e-entreprise du Net-art
Internet, avant 2001, reproduit le schéma commercial traditionnel : un producteur de biens ou d’informations d’un côté, un consommateur de l’autre. Le monde de l’art tente de se faire une place dans ce nouveau marché en proposant ses oeuvres/objets. Les net-artistes, quant à eux, y voient davantage un espace de création à investir. Produisant de l’image et de l’information, ils développent des environnements libérés des contraintes économiques, se référant aux principes alternatifs d’expérimentation, de partage, d’échange, de liberté, etc. E-Commerce et net-art seraient-ils incompatibles ?
Nathalie DESMET
De l’invisible comme un service artistique
Le déplacement des fonctions et des rôles au sein de l’institution artistique tend aujourd’hui à engager les artistes dans des pratiques relevant de plus en plus d’une économie de service. Cette forme de tertiarisation de l’activité artistique tend à promouvoir une certaine invisibilité de l’art. Dans certains cas, limites mais révélateurs, les expositions deviennent littéralement invisibles, elles contribuent ainsi, en révélant la structure de la galerie ou du musée, à une mise en exergue de l’institution au détriment du travail artistique.
Jean-Noël LAFARGUE
Web 2.0 : veuillez créer s’il vous plait
La contractualisation que suppose le Web 2.0 est paradoxale face à l’illusion de créativité qu’elle donne à ses utilisateurs. Plutôt que de donner à chacun les moyens de s’exprimer, le Web 2.0 tend davantage à déposséder les créateurs de site web de leur moyen de production. Une création numérique libre nécessite d’éviter cette “prolétarisation”. Il faut maîtriser les aspects techniques de la publication web, retourner les outils standardisés contre eux-mêmes, voire les parodier.
Yanina ISUANI
Des expositions de confrontation entre art du présent et art du passé. Entretien avec Jean-Hubert Martin
Les confrontations d’art ancien et d’art contemporain sont caractéristiques des expositions du commissaire Jean-Hubert Martin. Dans cet entretien, il revient sur le travail qu’il a réalisé au Château d’Oiron et au Museum Kunst Palast. Il commente ces expositions au regard des présupposés de l’histoire de l’art, des spécificités locales, du maintien des catégories artistiques, du travail spécifique engagé avec les artistes et de sa médiation.