Léon VANDERMEERSCH : « Rectification des noms et langue graphique chinoises »
S’il n’est pas sans pertinence d’expliquer le fameux jugement de Confucius sur la rectification des noms à la lumière des événements de l’époque, il ne prend – pour sa portée générale dans la pensée du Maître – son plein sens que sur le fond d’une pratique culturelle signifiante : la notation des annales en langue écrite.
Jean LEVI : « Quelques aspects de la rectification des noms dans la pensée et la pratique politiques de la Chine ancienne »
Avec les légistes – qui ont su, contrairement aux confucianistes, écarter, au nom de la réalité, les sophismes de l’école nominaliste -, le zheng ming a pris la forme raffinée du xing/ming, non plus simplement dénominations correctes mais qualification des conduites – avec le corollaire des sanctions pénales – comme instrument politique. En surgit un art des noms qui se fond avec la science du gouvernement, et dont seul le souverain a le privilège de mésuser pour mieux prendre les flagorneurs au piège, aux antipodes de l’éthique confucéenne. Mais les théories de Han Fei, du fait même de la clarté, paradoxalement trop honnête, de leur exposition, étaient vouées à l’échec en tant que doctrine. N’appelez jamais un chat un chat.
Redouane DJAMOURI : « Théorie de la “rectification des dénominations” et réflexion linguistique chez Xunzi »
Dans sa discussion du Zhengming, le confucéen Xunzi dépasse le cadre strictement politique dans lequel la problématique est apparue pour traiter des noms en tant que tels. Il analyse, d’un point de vue tant historique qu’épistémologique, les modalités par lesquelles les noms sont attribués aux réalités et dégage des principes, pertinents d’un point de vue linguistique, relatifs à la structuration de certains de leurs ensembles.
Michael LACKNER : « La portée des événements. Réflexions néo-confucéennes sur la “rectification des noms” (Entretiens 13 : 3) »
L’analyse des commentaires néo-confucéens sur la “rectification des noms” produit une mutation quant à la compréhension du terme de shi : de “service” qu’a pu être son sens originel, il est alors interprété comme ” événement”. Les événements s’avèrent constituer cette réalité même avec laquelle les noms doivent être mis en adéquation. L’article explore les conséquences métaphysiques de cette réévaluation.
François MARTIN : « Les sons et les noms »
Depuis Cratyle, les auteurs occidentaux reviennent sans cesse au mythe du son porteur de sens, croyance que l’on cherche en vain dans les théories poétique ou linguistique des Chinois. Ce que cherche un Cratyle chinois, c’est à forger des noms reflétant des réalités fonctionnelles, et à les organiser en systèmes. Le processus historique, assez bien documenté, de la dénomination des tons en est un bon exemple.
Karine CHEMLA : « Cas d’adéquation entre noms et réalités mathématiques »
L’analyse de deux exemples fournit matière à déterminer les modalités possibles de l’adéquation entre noms et réalités et les types de réalités qu’il s’agit de nommer. Dans le premier, ce qui était d’abord resté innommé reçoit ensuite un nom. La modification advenue montre ce qui est nommé et comment il l’est. Le second cas conduit à l’analyse d’une terminologie révélant par transparence une structure dans la situation sous étude.
Georges MÉTAILIÉ : « Plantes et noms, plantes sans nom dans le Zhiwu mingshi tukao »
Réflexion sur la dénomination dans l’oeuvre du botaniste du XIXe s. Wu Qiyun, dont certaines conceptions, en apparence novatrices dans son domaine, n’en sont pas moins informées par des concepts sous-jacents plus généraux. Ainsi, des plantes de différentes espèces peuvent porter des noms similaires si leurs utilisations sont similaires. Ensuite, il n’est pas nécessaire de nommer une plante nouvelle si on ne lui a pas encore trouvé d’usage.
Geoffrey LLOYD : « Ou : l’objet de la rectification et les points de vue grecs »
L’auteur identifie trois axes sur lesquels les discussions chinoises sur la rectification des noms évoque un parallèle avec des réflexions menées dans l’Antiquité grecque : l’existence de mots justes (orthotes onomaton), dont les “Sophistes” apparaissent être les spécialistes, les implications politiques et morales attachées au choix de tels noms et la personnalité de leur institueur. Pour chacun, il examine de manière critique la pertinence du rapprochement.
Irène ROSIER : « Quelques remarques comparatives à partir de la tradition sémantique médiévale »
En contrepoint avec les directions qu’ont pu prendre en Chine les réflexions sur les noms, les discussions médiévales sur les modes d’imposition du nom, sur l’auteur de cette imposition, sur la nature de l’adéquation des noms aux réalités et sur les relations qu’ils entretiennent sont ici évoquées. Par contraste avec le contexte social ou politique où il se développe là, c’est le contexte théologique qui est ici examiné.