Avant-propos
Le travail présenté ici est le fruit de recherches menées, comme pour les volumes précédents, dans le cadre de cours universitaires. Le « nous » utilisé ci-dessous et dans le corps du volume n’est donc pas un « nous de modestie », il reflète la réalité d’un travail en grande partie collectif, au moins en ce qui concerne l’élaboration du corpus et son analyse, auxquelles étaient consacrés les cours.
Nous n’avions pas imaginé, en abordant l’étude des prépositions italiennes, que nous allions rencontrer autant de problèmes : problèmes que posent les prépositions elles-mêmes, souvent mouvantes ; problèmes que rencontrent les locuteurs français (et sans doute, de façon plus générale, tout locuteur étranger), qui disposent de prépositions souvent fort différentes des prépositions italiennes, même lorsque des ressemblances formelles semblent inviter à conclure à de simples équivalences ; problèmes, enfin, au moment de la rédaction, qu’ont soulevés le classement d’innombrables fiches relevées par les étudiants et par moi-même, et la répartition de cette ample documentation en chapitres.
Le point de départ de ce travail a été, comme à l’habitude, l’examen des chapitres que consacrent à ce sujet quelques grammaires françaises de l’italien et quelques grammaires italiennes (citées à la fin du volume) et de dictionnaires unilingues. Nous avons eu ponctuellement recours à plusieurs ouvrages spécialisés, en particulier la Grande Grammatica di consultazione, sous la direction de Lorenzo Renzi, et l’étude sur La sintassi dell’infinito in italiano moderno, de Gunver Skytte. Mais il ne s’est agi que de brèves incursions, ces ouvrages dépassant largement le cadre qui a été le nôtre. Nos réflexions ont été surtout d’ordre sémantique, avec ce qu’elles comportent d’incertitude et de subjectivité et les insuffisances que nous dénonçons souvent nous-mêmes. Nous nous sommes bornés, dans l’analyse de nos phrases, à tenter de déceler, de deviner (souvent sans succès…) les raisons pour lesquelles, dans des situations très voisines, des auteurs (voire un même auteur) optaient pour une préposition plutôt que pour une autre.
Nous nous sommes plus particulièrement attardés sur tel ou tel aspect de la question en raison des difficultés que peut rencontrer le locuteur français : ainsi l’existence de di et de da face à l’unique de français, la difficulté de distinguer les deux prépositions voisines tra et fra, les possibilités, fréquentes, d’introduire un même complément par des prépositions différentes. Nous avons, dans quelques cas, fait figurer une grande partie, voire la totalité des exemples dont nous disposions, pour offrir une large gamme de phrases en situation, susceptibles, nous l’espérons, d’aider à pénétrer un peu plus avant dans une réalité souvent complexe.
Rappelons que les principes théoriques, méthodologiques et pratiques qui nous ont guidés ont été décrits et justifiés – positivement et négativement – dans l’Introduction générale de l’ouvrage qui figure dans le premier volume (décembre 1978, p. I à XXV). Nous y renvoyons donc. Rappelons simplement que la perspective choisie est descriptive et critique. Elle est descriptive en ce sens que notre travail s’appuie sur un corpus. Ce corpus, par définition non exhaustif, mais non arbitraire, est constitué de phrases extraites de romans, d’ouvrages théoriques et critiques, de manuels, de journaux ou de magazines (de quel droit, en effet, nous interdirions-nous l’usage de certains supports « contestables », puisque, sans sacraliser l’usage, nous refusons énergiquement toute « normativité » par essence a-linguistique ?), mais il ne concerne toujours que la langue écrite. Elle est corrélativement critique, en ce sens qu’elle s’efforce de démontrer ce qui, dans la formulation des « règles » posées par les grammaires normatives, est insuffisant, parfois arbitraire, souvent incohérent, voire contradictoire d’une grammaire à l’autre.
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Nous avons souvent consulté des italophones de notre entourage, auxquels nous soumettions nos « vraies » phrases et, en parallèle, d’autres dans lesquelles nous avions introduit d’autres prépositions. Nous les avons appelés, tout au long de ce travail, nos « interlocuteurs », nos « consultants », nos « correspondants ». Quel que soit le nom que nous leur avons donné, nous les remercions pour leur patience et leur grande disponibilité.