Paris 8 - Université des créations

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 212
Langue : français
Paru le : 04/11/2024
EAN : 9782379244704
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 240×160 mm
Version papier
EAN : 9782379244704

L’inclusion politique des juifs en Occident

N°86/2024

Ce dossier de Médiévales contribue à l’important renouvellement de l’historiographie des juifs médiévaux, en explorant, dans la longue durée, les modalités diverses de leur inclusion politique dans plusieurs États occidentaux.

Loin de concevoir a priori cité et communauté comme antithétiques ou exclusives, ce dossier examine la façon dont les juifs – pensés ici, aussi, comme des acteurs politiques – ont pu, en Occident, durant un « long Moyen Âge » qui commence avec l’Antiquité tardive, conjuguer les deux niveaux d’inclusion politique pour appartenir à la cité tout en constituant une communauté ; comment ils ont su jouer de cette double inclusion pour définir les conditions d’un modus vivendi qui leur permettait tout à la fois de mener une vie juive et de s’affirmer dans la société englobante.

L’inclusion politique des juifs en Occident

Appartenir à la cité, faire communauté


01 Claude Denjean, Pierre Savy et Claire Soussen

Appartenir à la cité, faire communauté

 

02       Claude Denjean et Claire Soussen

Le roi et ses juifs dans les monarchies occidentales (péninsule Ibérique, France, Angleterre)


03 Marie Dejoux

Des juifs attachés à la glèbe de leur seigneur ? Pour une relecture de la « législation » capétienne, 1223-1254

 

04       Manon Banoun

Repérer et étudier les quartiers juifs médiévaux de Paris : une analyse spatiale du quartier dit de la Tacherie au XIIIe siècle

 

05       Romain Saguer 

Les juifs dans la documentation du domaine royal : organisation communautaire et appartenance à la cité (Couronne d’Aragon, XIVe-XVe siècle)

 

06       Amélie Sagasser

Négocier et contractualiser la présence juive dans les espaces germaniques

 

07       Capucine Nemo-Pekelman

Le sabbat et les fêtes juives, jours fériés du calendrier romain. Une victoire politique des juifs italiens à la fin de l’Antiquité

 

08       Giacomo Todeschini

L’inclusion ambigüe des juifs dans les villes italiennes du Moyen Âge

 

09       Alessandra Veronese

Présence juive et sociabilité dans l’Italie du bas Moyen Âge


ESSAIS ET RECHERCHES

 

10       Florian Besson

Godefroy de Bouillon a-t-il trouvé le Graal ? La première croisade et le « vase suspendu » d’Albert d’Aix

 

11       Margot Laprade

Cum Sarra tua : conuersio et consortium marital en Gaule (IVe-VIIe siècle)

 

12       Théophile Duchêne

La rage dans l’Occident médiéval par les textes savants (XIe-XVe siècle)

 

13       Notes de lecture

Juliana Eva Rodriguez, El Rey arquitecto. Clasificación y operatividad de las ceincias en el modelo politico de Christine de Pizan (Claire Le Ninan) ; Amaury Elter, Les Corbeaux de l’aurore. Un emblème du Nord ancien (ve-xive siècles) (Vincent Samson) ; Claire Judde de Larivière, L’Ordinaire des savoirs. Une histoire pragmatique de la société vénitienne (xve-xvie siècles) (Rémi Demoen)

 

14       Livres reçus

Claude Denjean – Université de Perpignan Via Domitia (UMR 5136, Framespa)

Claire Soussen – Université du Littoral-Côte-d’Opale (UR 4030, HLLI)

Le roi et ses juifs dans les monarchies occidentales (péninsule Ibérique, France, Angleterre

L’article examine l’évolution de la place des juifs dans la durée au sein des monarchies féodales et prémodernes, à travers quelques cas emblématiques. L’opinion commune ignore souvent l’existence des juifs dans le monde féodal avant la législation sur les « usuriers » et leur expulsion à partir de la fin du XIIe siècle ; or les juifs y sont présents. Nous partons donc du Midi des cartulaires, de la Narbonne des « rois des juifs », à la recherche des juifs de ce monde féodal et de leur « invention » qui suivit l’expansion notariale et l’arrivée de l’État capétien après la Croisade. L’Angleterre et la péninsule Ibérique font elles aussi l’objet d’un examen.

  • Angleterre, crédit, féodalité, France, juifs, péninsule Ibérique


Marie Dejoux – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris, Institut universitaire de France

Des juifs attachés à la glèbe de leur seigneur ? Pour une relecture de la « législation » capétienne, 1223-1254

Cet article propose une relecture des ordonnances prises par les rois de France contre les usuriers juifs au premier XIIIe siècle, celles-ci ayant longtemps été appréhendées comme des législations visant à fixer un statut pérenne à l’ensemble des juifs du royaume, notamment à les attacher durablement, comme les serfs, à la glèbe de leur seigneur. En les réinsérant dans le contexte précis dans lequel elles ont été édictées, des captiones (c’est-à-dire des épisodes de capture des juifs contre rançon), et en repartant des originaux et de leur conservation, nous démontrons ici que ces « ordonnances » étaient moins normatives que prescriptives. Elles n’avaient vocation à contraindre la mobilité des juifs que temporairement, le temps que le roi et ses barons confisquent les créances des usuriers juifs.

  • Capétiens, juifs, usure, législation, serfs, captiones


Manon Banoun

Repérer et étudier les quartiers juifs médiévaux de Paris : une analyse spatiale du quartier dit de la Tacherie au XIIIe siècle

Cette étude propose une nouvelle approche méthodologique pour l’analyse des quartiers juifs médiévaux de Paris, notamment du quartier dit de la Tacherie, situé sur la rive droite de la Seine et occupé par plusieurs foyers juifs de la fin du XIIe siècle ou le début du XIIIe siècle jusqu’en 1306. Pour mieux circonscrire l’implantation urbaine des communautés juives dans ce secteur, plusieurs types de sources (fiscales, toponymiques, planimétriques) sont croisés. En combinant ces différentes données à une approche régressive du parcellaire actuel, il est possible de mieux localiser les équipements cultuels de ce quartier et de mieux comprendre son organisation interne, donc d’approcher l’espace vécu des communautés juives et leur insertion dans la ville.

  • Analyse spatiale, France, juifs, juiverie de la Tacherie, parcellaire, Paris, quartier juif


Romain Saguer – Université de Perpignan Via Domitia, Centre de recherches sur les sociétés et environnements en Méditerranées (UR 7397)

Les juifs dans la documentation du domaine royal : organisation communautaire et appartenance à la cité (Couronne d’Aragon, XIVe-XVe siècle)

Les rapports entre juifs et chrétiens ont souvent été abordés grâce à la documentation notariale et aux sources normatives des chancelleries occidentales. L’analyse des registres du Trésor a permis une meilleure connaissance des contributions fiscales des communautés. En complément de ces sources traditionnelles, il faut souligner l’intérêt de la documentation produite par les officiers du domaine royal des différents territoires de la Couronne d’Aragon pour la question de l’appartenance des juifs à la cité. Les thèmes des boucheries et de l’habitat comme marqueurs de la présence juive dans la ville illustrent comment l’abord de la documentation normative produite par les institutions domaniales locales et des comptabilités du domaine présentées à la Chambre des comptes apporte des éléments de compréhension supplémentaires sur la vie des communautés juives médiévales et leur existence dans la cité.

  • Boucherie, Couronne d’Aragon, domaine royal, juifs, quartier juif


Amélie Sagasser – Institut historique allemand, Paris

Négocier et contractualiser la présence juive dans les espaces germaniques

Cette contribution est consacrée à la négociation et à la contractualisation de la présence des juifs dans les espaces germaniques du Moyen Âge. En partant des privilèges accordés par l’évêque Rüdiger Huzmann et par l’empereur salien Henri IV, elle analyse comment, et dans quelle mesure, une communauté juive a été intégrée pour la première fois au sein d’une ville, Spire, dans les espaces germaniques à la fin du XIe siècle. Au-delà des privilèges accordés, lʼexemple de Spire montre que lʼimplantation des juifs dans la ville tenait à des raisons économiques, mais aussi à des luttes de pouvoir entre souverains séculiers et ecclésiastiques dans lesquelles les évêchés étaient partie prenante. À partir de ce constat, la contribution s’interroge sur une éventuelle influence des collections canoniques afin de démontrer dans quelles mesures les privilèges de Spire (ou dʼautres plus tardifs) sʼinscrivaient (ou non) dans la tradition juridique de lʼépoque, notamment avec Burchard de Worms et son Decretum, mais aussi avec dʼautres collections canoniques qui fixaient un cadre juridique au sein duquel les acteurs séculiers et ecclésiaux pouvaient agir.

  • Burchard de Worms, collections canoniques, Germanie, Henri IV, juifs, privilèges, Rüdiger Huzmann, Spire


Capucine Nemo-Pekelman – Centre d’histoire et d’anthropologie du droit (CHAD), Université Paris Nanterre

Le sabbat et les fêtes juives, jours fériés du calendrier romain. Une victoire politique des juifs italiens à la fin de l’Antiquité

La constitution impériale du 26 juillet 412, que les médiévaux nomment Die Sabbato, fut un succès politique des juifs italiens. Elle eut pour origine l’offensive de chrétiens italiens qui avaient utilisé une procédure, celle de la citation en justice, pour piéger les juifs qui refusaient de se déplacer en justice les jours de sabbat et de fêtes, les exposant à une condamnation pour contumace. On verra que cette offensive s’inscrivait à un moment – entre le IVe et le Ve siècle – où les Églises de Rome et d’Italie développaient une pastorale qui donnait une nouvelle visibilité à la célébration dominicale ainsi qu’un calendrier martyrial destiné à combler tous les temps de l’année. Or cette entreprise rencontrait sur son chemin les traditions séculaires, en Occident, du sabbat et des fêtes juives. Enfin, nous examinerons comment le pouvoir impérial arbitra cette matière, en montrant que la décision de 412 renouait avec une ancienne tradition – remontant à des lois d’Auguste et de Constantin – qui avait été temporairement rompue sous le règne de Théodose Ier.

  • Droit romain, fêtes juives, jours fériés, juifs, Rome, sabbat


Giacomo Todeschini – Chercheur indépendant

L’inclusion ambiguë des juifs dans les villes italiennes du Moyen Âge

Entre le XIIe et le XVe siècle, les juifs italiens ont été perçus différemment par les pouvoir italiens de l’Italie centro-septentrionale et par les pouvoirs des souverains gouvernant les royaumes de Naples et de Sicile. Dans le premier cas, les juifs ne sont pas reconnus comme formant des communautés juridiques : ils sont plutôt identifiés comme des sujets particuliers liés aux gouvernements locaux par des relations économiques multiples. Dans le second cas, au contraire, les chancelleries royales définissent les « juifs » comme des communautés liées au roi par des devoirs fiscaux. Cette situation complexe produit au nord et au centre de la péninsule une condition civique des juifs italiens marquée par l’incertitude de l’appartenance, donc par une citoyenneté précaire et toujours révocable, tandis que, dans le Midi, les juifs se trouvent dans une condition de dépendance directe du pouvoir du roi qui fait d’eux des sujets à la fois séparés et privilégiés. Dans les deux cas, l’inclusion des juifs dans le corps civique et politique est caractérisée par une ambiguïté qui aboutira, à la fin du XVe siècle, à une définition du judaïsme comme « crime pourtant non punissable » et, au XVIe siècle, à la ghettoïsation.

  • Citoyenneté, exclusion, Italie, juifs, précarité


Alessandra Veronese – Université de Pise

Présence juive et sociabilité dans l’Italie du bas Moyen Âge

Cette contribution vise à mettre en lumière certaines des questions liées à la contractualisation de la présence juive dans l’Italie centro-septentrionale au cours des derniers siècles du Moyen Âge. Nous tentons, en particulier, d’analyser à partir de textes normatifs le désaccord existant entre les aspects théoriques et la réalité de la présence juive. Contrairement à ceux de Rome et d’Italie méridionale dont la présence était ancienne, les juifs d’Italie centrale et septentrionale représentaient une nouveauté substantielle. Leur arrivée dut donc être négociée selon des modalités relativement nouvelles, ce qui donna lieu à des situations inédites. Les documents présentés ici visent à offrir quelques exemples de la manière dont les juifs ont réussi à s’insérer dans le monde chrétien, non seulement en termes économiques, mais aussi à travers des relations sociales que les autorités n’ont presque jamais réussi à interrompre complètement, du moins jusqu’aux premières décennies du XVIe siècle.

  • Italie, juifs, Pérouse, sociabilité, Trévise, usure, Volterra


Florian Besson – Université Toulouse 2 Le Mirail (UMR Framespa)

Godefroy de Bouillon a-t-il trouvé le Graal ? La première croisade et le « vase suspendu » d’Albert d’Aix

Albert d’Aix, l’un des chroniqueurs de la première croisade, décrit une relique placée au cœur du temple de Salomon, à Jérusalem, que les croisés auraient découverte lors de la prise de la Ville sainte en 1099 : un vase d’or contenant le sang du Christ. Ce Graal « avant la lettre » en dit long sur la manière dont le chroniqueur imagine et fantasme la Terre sainte, mais aussi dont il pense et met en scène la croisade, en général, et celle de Godefroy de Bouillon en particulier.

  • Albert d’Aix, croisade, Godefroy de Bouillon, Graal, imaginaire, Orient, reliques


Margot Laprade – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Lamop, UMR 8589)

Cum Sarra tua : conuersio et consortium marital en Gaule (IVe-VIIe siècle)

À la fin de l’Antiquité et à l’époque mérovingienne, les sources décrivent de nombreux couples qui s’engagent ensemble dans la conversion à la vie consacrée, la conuersio, avant l’entrée de l’homme dans le clergé. Cet épisode est un moment privilégié pour étudier le consortium marital entre deux conjoints qui doivent se plier à une stricte continence sexuelle sans pour autant se séparer. Le rôle de l’épouse, soutien et accompagnatrice de son mari dans ce changement de vie, apparaît dès lors central, particulièrement dans les Vies de saints qui mettent en avant l’idéal d’un couple uni et d’une épouse loyale. Par l’observation de la conuersio en couple des futurs évêques de Gaule entre le IVe et le VIIe siècle, cet article vise à étudier les modalités de ce phénomène et à montrer la construction d’un idéal conjugal par les auteurs mérovingiens.

  • Consortium marital, continence, conversion, couple, évêque


Théophile Duchêne – Doctorant en géographie, université d’Angers (ESO UMR 6590)

La rage dans l’Occident médiéval par les textes savants (XIe-XVe siècle)

En raison d’une perception négative des méthodes médicales dans l’Occident médiéval, les historiens ne se sont que très peu penchés sur l’histoire de la rage dans cet ensemble géographique, sous prétexte que les médecins et les chirurgiens n’exerçaient alors que sur la base d’un savoir-faire issu des traités médicaux hérités de l’Antiquité, puis d’ouvrages en langues arabes à partir du XIIe siècle. Si, en effet, les savants de cette région sont largement tributaires de ces traités au sujet du couple rage-hydrophobie, il n’en reste pas moins que ce mal était largement répandu et que malgré l’absence de traitement efficace, sa violence faisait l’objet d’une considération importante dans les traités médicaux et chirurgicaux. Cet article propose un premier portrait de la façon dont cette maladie était perçue, diagnostiquée, et enfin traitée. Il s’appuie en premier lieu sur des textes savants, et esquisse dans une seconde partie l’étude de certains de ses versants culturels, notamment des répercussions sur l’imaginaire autour des canidés.

  • Chiens, histoire, hydrophobie, médecine, rage

Claude Denjean – Université de Perpignan Via Domitia (UMR 5136, Framespa)

Claire Soussen – Université du Littoral-Côte-d’Opale (UR 4030, HLLI)

The King and his Jews: Places and Positions of Jews in Western Monarchies

The article examines the evolution of the place of Jews over time within feudal and pre-modern monarchies, through some emblematic cases. Common opinion often ignores the existence of Jews in the feudal world before the legislation on “usurers” and their expulsion from the end of the twelfth century ; but the Jews are present there. We will therefore leave from the South of the cartularies, from the Narbonne of the “kings of the Jews” in search of the Jews of this feudal world and their “invention” which followed the notarial expansion and the arrival of the Capetian State after the Crusade. England and the Iberian Peninsula will also be examined.

  • Credit, England, France, Jews, Iberian Peninsula


Marie Dejoux – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris, Institut universitaire de France

Jews attached to the soil of their lord ? For a rereading of Capetian “legislation”, 1223-1254

This article proposes a re-reading of the ordinances issued by the kings of France against Jewish usurers in the early thirteenth century. For a long time, these ordinances were seen as legislations designed to establish a permanent status for all Jews in the kingdom, and in particular to bind them permanently, like serfs, to their lord’s lands. By placing them in the precise context in which they were enacted, the captiones (i.e. episodes in which Jews were captured for ransom) and starting from the originals and their preservation, we will demonstrate that these “ordinances” were less prescriptive than normative. They were intended to restrict the mobility of Jews only temporarily, while the king and his barons confiscated the debts of Jewish usurers.

  • Capetians, captiones, Jews, legislation, serfs, usury


Manon Banoun

Mapping Medieval Jewish Quarters in Paris: a Spatial Analysis of the Thirtheenth Century Tacherie Jewry

This study explores a new methodological approach to the analysis of medieval Jewish quarters in Paris. It specifically focuses on the Tacherie Jewry, located on the right bank of the Seine and which was occupied by several Jewish households from the late twelfth or early thirteenth century until 1306. Fiscal, toponymic and planimetric sources are analysed to better define the urban settlement of Jewish communities in this area. The combination of these data with a regression analysis of existing land parcels enables us to better locate the religious facilities and to better understand its internal organization. It thus provides an insight into the living space of Jewish communities and their inclusion in the medieval city.

  • France, Jews, Jewry, land plots, Paris, spatial analysis, Tacherie Jewry


Romain Saguer – Université de Perpignan Via Domitia, Centre de recherches sur les sociétés et environnements en Méditerranées (UR 7397)

Jews in the Documentation of the Royal Domain: Community Organization and Belonging to the City (Crown of Aragon, 14th-15th Centuries)

Relations between Jews and Christians have often been approached through the prism of notarial documentation, but also through the normative sources of Western chancelleries. Treasury registers have been particularly useful for analysing community tax contributions. In addition to these traditional sources, the documentation produced by the officers of the royal domain in the various territories of the Crown of Aragon is of particular interest for the question of Jewish membership of the city. The themes of butcheries and housing as markers of Jewish presence in the city illustrate how approaching the normative documentation produced by local domanial institutions and the estate accounts presented to the Chambre des Comptes provides additional insights into the life of medieval Jewish communities and their existence in the city.

  • Butchers, Crown of Aragon, Jewish quarter, Jews, royal estate


Amélie Sagasser – Institut historique allemand, Paris

Negotiating and Contractualizing Jewish Presence in Germanic Areas

This contribution focuses on the negotiation and contractualization of Jews in medieval Germany. Starting with the privileges granted by Bishop Rüdiger Huzmann and the Salian Emperor Henry IV, it analyses how and to what extent a Jewish community was integrated into a city for the first time at the end of the 11th century. Beyond the privileges accorded, the example of Speyer shows that the settlement of the Jews in the city was linked to economic reasons, but also to power struggles between secular and ecclesiastical rulers in which the bishoprics were involved. From this point of view, the contribution examines the potential influence of canonical collections in order to demonstrate to what extent the privileges of Speyer (or other later ones) were (or were not) part of the legal tradition of the time. In particular with Burchard of Worms and his Decretum, but also with other canonical collections that set a legal framework, within which secular and ecclesiastical actors could act.

  • Burchard of Worms, canonical collections, Germany, Henry IV, jews, privileges, Rüdiger Huzmann, Speyer


Capucine Nemo-Pekelman – Centre d’histoire et d’anthropologie du droit (CHAD), Université Paris Nanterre

The Sabbath and Jewish holidays in the Roman calendar. A political victory from Italian Jews in late Antiquity

The imperial constitution of July 26, 412, known in medieval times as Die Sabbato, was a political success for Italian Jews. It had its origins in an offensive by Italian Christians, who had used the court summons procedure, to trap Jews who refused to appear in court on Sabbaths and feast days, exposing them to condemnation in absentia. As we shall see, this offensive took place at a time – between the fourth and fifth centuries – when the Churches of Rome and Italy were developing a pastoral approach that gave new visibility to Sunday celebrations, as well as a martyrial calendar designed to fill all the times of the year. However, this enterprise encountered the age-old Western traditions of the Sabbath and Jewish feasts. Finally, we will examine how the imperial power arbitrated in this matter, showing that the decision of 412 revived an ancient tradition – going back to laws from Augustus and Constantine – which had been temporarily broken under the reign of Theodosius Ist.

  • Jewish holidays, Jews, public holidays, roman law, Rome, sabbath


Giacomo Todeschini – Chercheur indépendant

The Ambiguous Inclusion of the Jews in Medieval Italian Cities

Italian Jews between twelfth and fifteenth centuries were perceived differently by political powers ruling on the one side the cities and states of central and northern Italy, and on the other side the kingdoms of Naples and Sicily, in southern Italy. In the first case the Jews were not recognized as shaping juridical communities, namely as a collective and political subject; they were rather described as individuals connected to local governments by many different economic ties. In the second case, on the contrary, the royal chancelleries label the “Jews” as communities linked to the royal power by fiscal obligations. This complex relational system is the origin, in northern and central Italy, of a precarious civic condition of the Jews, that is to say of an unstable and always revocable citizenship. In southern kingdoms, Jews are instead directly submitted to the king so that their status makes of them a both excluded and privileged group. Overall, the civic ambiguity characterizing the Italian Jews during the Middle Ages will produce, at the end of the 15th century, a definition of Judaism as a “crime that nevertheless is not punishable” and, in 16th century, the ghettoization of the Italian Jews.

  • Citizenship, exclusion, Italy, Jews, precariousness


Alessandra Veronese – Université de Pise

Jewish Presence and Sociability in Late Medieval Italy

This contribution aims to shed light on some of the issues surrounding the contractualisation of the Jewish presence in the centre-north during the last centuries of the Middle Ages. In particular, using normative texts as a starting point, we attempt to analyze the discrepancy between theoretical aspects and the reality of the Jewish presence. The Jews of central and northern Italy, unlike those of Rome and southern Italy, whose presence was long-standing, represented a substantial novelty. Their arrival therefore had to be negotiated on relatively new terms, which gave rise to some unprecedented situations. The documents presented here are intended to offer a few examples of how the Jews managed to integrate into the Christian world, not only in economic terms, but also through social relations that the authorities almost never managed to interrupt completely, at least until the first decades of the sixteenth century.

  • Italy, Jews, Perugia, sociability, Treviso, usury, Volterra


Florian Besson – Université Toulouse 2 Le Mirail (UMR Framespa)

Did Godfrey of Bouillon find the Grail? The First Crusade and Albert of Aachen’s “suspended vase”

In his Historia of the First Crusade, Albert of Aachen describes a relic placed in the heart of the Templum Salomonis, in Jerusalem, discovered by the crusaders during the capture of the Holy City: a golden vase containing the blood of Christ. A Grail before the term existed! This relic speaks volume about how the chronicler imagines the Holy Land and the First Crusade.

  • Albert of Aix, crusade, Godefroy of Bouillon, Grail, imaginary, Orient, relics


Margot Laprade – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Lamop, UMR 8589)

Cum Sarra tua: conuersio and marital consortium in Gaul (Fourth-Seventh Century)

In Late Antiquity and in the Merovingian period, the sources describe numerous couples who chose, together, to convert to religious life–the conuersio–before the man enters the clergy. This episode appears to be a privileged moment in order to study the marital consortium between two spouses who must comply with strict sexual continence without separating. The role of the wife, as supporter and companion of her husband in this change of life, appears to be central, particularly in the Saints’ lives, which emphasise the ideal of a united couple and a loyal wife. Through the observation of future bishops’ conuersio with their wives in Gaul between the fourth and seventh centuries, this article aims to study the modalities of this phenomenon and to show the construction of a conjugal ideal by Merovingian authors.

  • Bishop, continence, conversion, couple, marital consortium


Théophile Duchêne – Doctorant en géographie, université d’Angers (ESO UMR 6590)

Rabies in the Medieval West through Scholarly Texts (Eleventh-Fifteenth Centuries)

Because of a negative perception of medical methods in the medieval West, historians have given very little attention to the history of rabies in this geographical area, on the pretext that doctors and surgeons only practised on the basis of know-how derived from medical treatises inherited from Antiquity, then those in Arabic from the twelfth century onwards. Although the scholars of this region were largely dependent on the latter for their knowledge of the rabies-hydrophobia pairing, the fact remains that this disease was widespread and that, despite the absence of an effective treatment, its violence was given considerable consideration in medical and surgical treatises. The aim of this article is to provide an initial overview of how this disease was perceived, diagnosed and finally treated. It is based firstly on scholarly texts, and in the second part outlines a study of some of its cultural aspects, in particular the repercussions on the imaginary world of canines.

  • Dogs, history, hydrophobia, medicine, rabies

Introduction

Appartenir à la cité, faire communauté


Claude Denjean- Université de Perpignan Via Domitia (UMR 5136, Framespa)

Pierre Savy – Université Gustave-Eiffel (EA 3350, ACP)

Claire Soussen – Université du Littoral-Côte-d’Opale (UR 4030, HLLI)


Loin de concevoir a priori cité et communauté comme antithétiques ou exclusives, ce dossier se propose d’examiner la façon dont les juifs – pensés ici, aussi, comme des acteurs politiques – ont pu, en Occident, durant un « long Moyen Âge » qui commence avec l’Antiquité tardive, conjuguer ces deux niveaux d’inclusion politique : tout à la fois appartenir à la cité et constituer, au sein de la société majoritaire, une communauté ; et comment ils ont su jouer de cette double inclusion pour définir les conditions d’un modus vivendi qui leur permettait simultanément de mener une vie juive et de s’affirmer dans la société.

Ce dossier résulte de la rencontre intitulée « Appartenir à la cité, faire communauté. L’inclusion politique des juifs au Moyen Âge », que nous avons organisée au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, à Paris, le 7 juin 2022. Notre ambition était de faire œuvre de savant mais aussi, indissociablement, de contribuer au débat citoyen, depuis cette place de savant précisément, et en usant de notre position experte dans le domaine où elle est reconnue, et seulement dans ce domaine : donc, proposer une réflexion sur les sources des mondes anciens et médiévaux. Faire œuvre de pédagogie, non pas pour redresser ou diriger d’une manière quelconque les opinions des citoyens, mais en les incitant au contraire à penser par eux-mêmes, tout en distinguant leurs opinions (respectables) des réflexions et des discussions qui permettent d’établir une vérité scientifique (toujours en marche). Nous n’avons aucune vérité à imposer, mais des vérités historiques à proposer, construites selon les procédures idoines, datées et sans doute à réexaminer bientôt.

Le choix d’étudier les périodes ancienne et médiévale permet de porter un regard éloigné sur une question actuelle ; l’ampleur de l’arc chronologique et de l’aire spatiale examinés interdit toute essentialisation et tout désir de figer l’analyse des modalités d’inclusion politique des juifs. Elle ouvre, au contraire, sur une diversité de situations. Notre propos vise par ailleurs à proposer une approche interne et externe de la question étudiée : du point de vue des documents produits par les juifs et du point de vue de ceux que produisent les pouvoirs. L’enquête ne peut se concevoir de façon unilatérale ou univoque. L’inclusion politique des juifs est le résultat d’un accord, dont les termes et les conditions varient selon les lieux et les époques, mais qui, pour être appréhendé dans sa totalité, doit être examiné en fonction des diverses parties qui en sont les acteurs.

Les juifs constituent des groupes aux identités plurielles, emboîtées et évolutives, qui, en partie au moins, répondent aux principes formulés par la tradition juive pour tenir compte des réalités politiques postexiliques. Les juifs en diaspora, conscients de leur situation d’infériorité politique et juridique, sont en effet soumis à des injonctions, sinon contradictoires, du moins diverses : subsister en tant que groupe religieux particulier et minoritaire et, en même temps, exister pleinement dans leur terre d’accueil. Mais, plutôt que de nous placer dans les courants historiographiques qui ont insisté, à juste titre, sur cette situation, nous avons choisi de considérer les acteurs dans l’exercice quotidien de leurs appartenances et de leurs citoyennetés.

Notre démarche repose, entre autres, sur une observation attentive de la chronologie. Loin de conduire à une conception du temps comme immobile, envisager un phénomène dans la longue durée permet d’examiner l’évolution de la définition et de la place des juifs, à la fois membres de la société politique et groupe distinct, à l’intérieur de corps politiques englobants. Nous ne considérons pas ici premièrement les structures, statiques et résistantes, mais plutôt les changements dans les sociétés tardo-antiques, médiévales et prémodernes. Nous mettons en valeur les césures et les adaptations qui finissent par créer de nouveaux mondes. Des travaux récents sur les juifs dans l’Empire romain préchrétien, qui réinterrogent notamment la nature du particularisme juif (les juifs étant considérés et se pensant comme gens, natio, ou adeptes d’une religio particulière, selon que les sources les qualifient de « juifs » ou de « Judéens »), fournissent des éléments stimulants pour la réflexion concernant les périodes ultérieures. La place accordée aux juifs dans les États du Moyen Âge occidental n’est pas la même selon le type d’État et selon les stades de maturation politique auxquels on les saisit. La nature et la structure des États impériaux supposent la gestion de la diversité alors que les monarchies, qui s’affirment à partir de la fin du xiie siècle, se construisent sur fond d’uniformisation. Mais la distinction doit être affinée encore : par comparaison aux formes autocratiques non royales (aux principautés), il semble que les formes monarchiques investies d’une dimension sacrée et d’une mission chrétienne entraînent un rapport différent à la présence juive. Car on ne doit pas ignorer l’apparition des villes et des ensembles étatiques régionaux : ces institutions et ces régimes sont aussi porteurs de cultures et de valeurs politiques singulières.

On a entrepris de réfléchir assez haut dans le temps, en interrogeant d’abord le passage du paganisme au christianisme ; puis la progressive christianisation de l’Empire romain, une phase au cours de laquelle, dans un empire multiethnique, les juifs ne sont qu’un groupe ethnique parmi d’autres ; suivie d’une phase où, conformément à la vocation universelle du christianisme, les autres confessions ne peuvent plus subsister ou, du moins, plus de la même manière. Pour finir, du puzzle confessionnel initial, ne subsistent plus que le christianisme, en position hégémonique, et le judaïsme, réprouvé mais maintenu malgré tout, en particulier comme peuple témoin.

À l’époque médiévale, on observe l’apparition progressive d’une conception nouvelle de la nation et de la souveraineté en toile de fond des mutations politiques. Parmi les moments importants ponctuant ces évolutions, on retient la publication en 212 de l’édit de Caracalla, qui fait de tous les habitants de l’empire des citoyens romains ; et, plus tard, autour du xie siècle, le grand moment de réforme de l’Église qui insiste sur la séparation entre clercs et laïcs, entre chrétiens et non-chrétiens, pour affirmer la supériorité du pouvoir spirituel, et qui, en même temps, donne paradoxalement tout son rôle au bras laïc pour lutter contre l’infidèle et l’hérétique.

En termes de méthode, notre approche est ici empirique, appuyée très concrètement et précisément sur une documentation de première main. Les articles constituant le dossier interrogent à partir de ces sources les modalités d’inclusion politique des juifs à travers les marqueurs forts que sont, entre autres exemples, la fiscalité, le serment, la participation aux rites collectifs tels que les processions civiques et les entrées princières, et dont il est possible d’offrir diverses interprétations, en matière d’insertion et d’inclusion, de distinction ou d’irréductibilité. On a accordé une attention toute particulière à ce qui peut s’apparenter à la conclusion de véritables contrats politiques entre les juifs et les pouvoirs, depuis l’exemple allemand, dont le privilège de Rüdiger accordé aux juifs qui viendraient s’installer à Spire (1084) constitue l’une des premières occurrences, jusqu’aux cas italiens si particuliers des condotte, qui résultent de la négociation entre les parties en vue de l’établissement d’un contrat d’installation limité dans le temps mais renouvelable ad libitum.

L’espace considéré est aussi vaste que l’arc chronologique, les exemples sont puisés dans les royaumes de France et d’Angleterre, dans la Couronne d’Aragon, ainsi que dans les villes d’Empire et d’Italie. Quant à l’échelle d’analyse, elle varie également, du micro au macro, de la maison dans la rue à la province ou à l’État. Les articles synthétiques de Giacomo Todeschini, sur l’inclusion ambiguë des juifs d’Italie, d’Amélie Sagasser, sur la contractualisation de la présence des juifs dans les villes germaniques, et de Claude Denjean et Claire Soussen, sur le roi et « ses » juifs dans les monarchies occidentales, trouvent leur pendant dans les études de cas présentées par Marie Dejoux, Manon Banoun et Romain Saguer, qui relisent les sources de l’implantation des juifs pour examiner les formes vécues de leur appartenance à la cité, ainsi que dans celle d’Alessandra Veronese, qui examine la sociabilité des juifs de l’Italie centro-septentrionale. Nous ne prétendons pas avoir traité la question de l’insertion des juifs de façon exhaustive, mais espérons que ce dossier aura ouvert des pistes de réflexion fécondes – en particulier grâce à l’apport de l’archéologie et de la relecture des sources juridiques – pour de futures recherches, la dialectique opposant l’appartenance à la cité aux affinités communautaires n’étant pas près de s’éteindre.

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Revue Médiévales. Langue Textes Histoire
Nombre de pages : 212
Langue : français
Paru le : 04/11/2024
EAN : 9782379244704
Première édition
CLIL : 3386 Moyen Age
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 240×160 mm
Version papier
EAN : 9782379244704

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