Artemis Alexiadou, “Statives and Nominalization“
Dans cet article, j’examine les propriétés morpho-syntaxiques des verbes statifs et des nominalisations correspondantes. Je distingue, tout d’abord, deux classes de verbes statifs en grec: (i) les verbes ambigus entre une interprétation stative et une interprétation événementielle, et (ii) les verbes qui se prêtent, sans ambiguïté, à une interprétation uniquement stative. J’entreprends ensuite un examen des nominalisations formées à partir de ces deux classes de verbes. En prenant comme critère le type de modification qu’elles admettent, je montre que les nominalisations de statifs reposent sur une structure interne dépourvue du noeud exprimant la Quantité, responsable de l’héritage de la structure argumentale des verbes correspondants. Pour finir, je propose une structure articulée pour rendre compte à la fois des propriétés verbes statifs et de celles des nominalisations statives.
Boban Arsenijevic, “Semantic ontology of deadjectival Nominalizations”
Cet article présente trois types de nominalisations désadjectivales en Serbo-Croate, qui présentent chacun des propriétés sémantiques differentes, confirmant les distinctions faites dans la littérature entre propriétés, tropes et qualités (Moltmann 2004a, Villalba 2009). Après avoir présenté les différences grammaticales et sémantiques entre les trois types de nominalisations, je remets en question la pertinence linguistique des types ontologiques comme les tropes et les qualités. Je montre tout d’abord qu’il est possible de formuler des analyses viables dans lesquelles les interprétations correspondant aux tropes et aux qualités découlent du statut de propriété en combinaison avec des outils théoriques introduits pour des raisons indépendantes. La conclusion à laquelle j’aboutis est qu’une ontologie plus simple est à la fois plus économique d’un point de vue méthodologique, et plus explicite concernant les relations entre les différents types d’interprétations, qui restent mystérieuses dans une approche où les différences sont encodées en termes de classes ontologiques introduites comme des primitifs de la théorie.
Bernard Fradin, “State-denoting Nominalizations”
Certaines nominalisations, formées morphologiquement sur la base de verbes non-statifs comme emprisonner, sont régulièrement associées à une lecture stative lorsqu’elles apparaissent dans le contexte d’un modifieur ou d’un prédicat de durée. Cet article montre que les nominalisations en question sont toutes construites sur des verbes dont la semantique comporte une relation spatiale. Les autres facteurs entrant en ligne de compte pour déterminer le caractère statif de l’interprétation sont la scalarité et la stativité du verbe. En général, les lexèmes verbaux ayant une échelle fermée dont le standard correspond au maximum ne peuvent pas avoir de nominalisation présentant une lecture stative comme traduction. Néanmoins, les nominalisations étudiées ici, par exemple immersion, occupation sont coonstruites précisément sur des léxèmes verbaux présentant ce type de propriété. L’article se propose d’éclaircir ce mystère et montre comment on peut y arriver dans le cadre qu’il se donne.
Richard Huyghes, “Atelicity and the mass/count distinction : the case of French activity nominalizations”
De nombreux linguistes font un parallèle entre la distinction massif/comptable dans le domaine nominal et la catégorisation aspectuelle dans le domaine verbal. Ce parallèle est établi entre les prédicats verbaux atéliques et les noms massifs d’une part, et les prédicats verbaux téliques et les noms comptables d’autre part, en vertu d’une forme de quantification commune et de la (non-)délimitation référentielle des expressions considérées (cf. Jackendoff 1991). Pour mettre en évidence une telle analogie, certains auteurs comparent les prédications verbales et leurs nominalisations, postulant l’existence d’une correspondance sémantique directe entre elles (cf. Mourelatos 1978). Dans ce travail, je propose un examen plus détaillé de la question de l’héritage aspectuel des nominalisations, et de la corrélation entre le trait massif/comptable et l’(a)télicité. Je me concentre ici sur les noms français dérivés de verbes d’activité (NA), car ceux-ci semblent constituer un cas d’héritage non systématique de l’aspect verbal. J’essaierai de montrer que (i) certains NA sont comptables, alors que d’autres sont massifs ; (ii) tous les NA du français héritent des propriétés aspectuelles de leurs bases verbales ; (iii) la distinction massif/comptable n’est pas corrélée avec l’(a)télicité, mais plutôt avec la description d’occurrences, c’est-à-dire d’entités individuelles dynamiques (événements). La délimitation dans le domaine nominal ne correspond à aucune forme de délimitation verbale, et l’Aktionsart n’a pas la même structure pour les verbes et les noms : des ensembles distincts de traits aspectuels s’appliquent à chaque catégorie, déterminés par leurs spécificités grammaticales respectives.
Marie-Laurence Knittel, “French Event Nominals and number-inflection”
Cet article traite de la distribution du pluriel des noms événementiels complexes en français. Nous montrons en premier lieu que les VP tant téliques qu’atéliques donnent lieu à des nominalisations invariables en nombre, ce qui indique qu’il n’existe pas de corrélation systématique entre l’aspect interne et la pluralisation. Parallèlement, les noms événementiels variables en nombre résultent de la nominalisation de prédicats verbaux aspectuellement vagues ou ambigus. Pour rendre compte de cette dichotomie, nous supposons que les nominalisations non ambigües disposent d’une projection de l’Aspect interne, alors que celles qui sont ambigües ne se caractérisent que par une projection du Nombre. Seules les nominalisations de verbes inaccusatifs disposent de ces deux projections.
Comparant les nominalisations inaccusatives avec les nominalisations de verbes d’activité, nous montrons que la variabilité en nombre est liée à la perfectivité, ce qui révèle que la projection du Nombre introduit l’aspect perfectif dans le domaine nominal.
Florian Schäfer, “ Naturally atomic ER-nominalizations”
Les nominalisations en er- en allemand, tout comme leur correspondant dans d’autres langues, dénotent de façon productive l’argument externe du verbe sur lequel elles sont formées. Je montre, dans cet article, que l’allemand a un type supplémentaire de nominalisations en er- qui ne dénotent pas des entités mais des événements. Ces nominalisations en er- événementielles s’avèrent être restreintes à un type spécifique de base verbale, à savoir les semelfactifs qui ont été caractérisés dans la littérature comme exprimant des événement ‘naturellement atomiques’. De façon cruciale, dans la classe des semelfactifs, la dérivation des nominalisations en er- événementielle est tout à fait productive. Le but de cet article est double: d’une part, de présenter le cas peu connu de ces nominalisations événementielles en er-de l’allemand, et, d’autre part, d’examiner la relation entre le morphème er- qui construit les nominalisations dénotant l’’argument externe et le morphème en er- qui construit des nominalisations événementielles.