Paris 8 - Université des créations

Partager

ajouter au panier

Revue Théorie Littérature Epistémologie
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/11/2002
EAN : 9782842921286
Première édition
CLIL : 3146 Lettres et Sciences du langage
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921286

Nouveaux passages transatlantiques

N°20/2002

L’histoire de la pensée américaine est en partie celle d’un dialogue avec les sources européennes, dialogue dont les modalités vont de l’emprunt direct à la contestation polémique et au fil duquel se construit outre-Atlantique une image parfois surprenante de la tradition théorique et philosophique propre au Vieux Continent.

La France joue un rôle primordial dans ce processus, notamment depuis que la « French theory » en est venue à dominer la réflexion menée aux États-Unis dans tous les domaines liés à la littérature et aux sciences humaines. Ces échanges ne se font pas à sens unique, de nombreux théoriciens français prêtant la plus grande attention à la pensée américaine. L’objet de ce numéro sera de faire le point sur ce dialogue complexe entre France et États-Unis.

Mathieu Duplay, Emmanuelle Ertel
Présentation


Mathieu Duplay
« We Cannot Spend the Day in Explanation »
Emerson / Nietzsche / Deleuze : le temps de la pensée

 

Jagna Oltarzewska
Lacan aux USA : un nouveau départ ?

 

Anthony Larson
Transcendence, Immanence, Capital : territoires de la pensée française dans l’Amérique contemporaine

 

Sylvère Lotringer
La théorie, mode d’emploi

 

Pascal Engel
Petits déjeuners continentaux et goûters analytiques

 

John Peponis, Kenneth Knoespel, Yves Abrioux et al.
La construction spatiale du sens en architecture : un projet transdisciplinaire

Mathieu Duplay : « “We Canot Spend the Day in Explanation”. Emerson/Nietzsche/Deleuze, le temps de la pensée »
Nietzsche, lecteur assidu d’Emerson, est aussi l’un des auteurs de prédilection de Deleuze ; ainsi, un lien de filiation relie ces trois penseurs, comme en témoigne la réapparition de thèmes ou de concepts emersoniens chez les deux autres auteurs. Il n’en est pas moins déplacé de voir en Emerson le fondateur d’une ” tradition ” philosophique dont Nietzsche et Deleuze seraient les continuateurs ; en effet, ils ont justement en commun de refuser de faire école, et tous trois jugent l’imitation incompatible avec la pensée. Le propos de cet article est de rendre compte de la forme particulière d’échange qui s’établit entre eux sans en trahir la spécificité, c’est-à-dire sans recourir à la notion d'” influence “. La solution passe par une réflexion sur la temporalité propre à la pensée, temporalité paradoxale, irréductible à la simple chronologie, et sur la place d’Emerson, non à l’origine de telle ou telle tradition intellectuelle, mais à l’horizon de la philosophie.

Jagna Oltarzewska : « Lacan aux USA : un nouveau départ ? »
Malgré le nombre croissant de publications qui lui sont consacrées aux États-Unis, l’influence de Jacques Lacan se fait peu sentir en dehors des domaines de la théorie littéraire et des cultural studies. Je m’interroge, dans cet article, sur les raisons et les enjeux de cette résistance profonde de la clinique à la psychanalyse lacanienne, et j’examine les facteurs qui ont contribué à produire et à creuser les divergences théoriques.

Anthony Larson : « Transcendance, immanence, capital : territoires de la pensée française dans l’Amérique contemporaine »
L’influence que la pensée française exerce aujourd’hui en Amérique dans le champ des lettres et des sciences humaines est indéniable. Au lieu de retracer les contacts et les échanges qui, au cours des trente-cinq dernières années, ont favorisé cette influence, cet article a pour but d’expliquer comment la pensée française récente a pu avoir un tel impact sur la pensée américaine à un moment historique précis. La réflexion s’appuie sur l’analyse des présupposés théoriques et métaphysiques de la pensée structuraliste et post-structuraliste et sur la relation que ces dernières entretiennent avec notre situation contemporaine au regard du capitalisme. Cette approche, qui s’inspire ouvertement de celle de Deleuze et Guattari, a pour but de montrer qu’à condition d’être correctement posée, la question du ” comment ? ” des échanges intellectuels récents peut changer nos modes de réflexion et d’être, nous éloigner d’une pensée du sujet métaphysique et de la transcendance, et nous amener à prendre en compte l’immanence.

Sylvère Lotringer : « La théorie, mode d’emploi »
La pénétration de la pensée francaise aux Etats-Unis a suivi, pour l’essentiel, l’évolution qu’elle a connue en France, mais selon des rythmes et des modalités différentes. Le structuralisme initial y a été rapidement remplacé par les développements ” post-Structuralistes ” (Derrida, Lacan) qui ont pris un essor spécifique aux Etats-Unis sous le nom de ” déconstruction “. L’étude ci-dessous, toutefois, analyse plus de plus près la réception tardive des Nietzschéens francais (Foucault, Deleuze, Guattari) et la réception plus immédiate des penseurs ” extrapolationistes ” (Baudrillard, Virilio), avec toutes les distorsions culturelles qu’elles impliquent, comme une radiographie de la culture américaine elle-même. Elle s’efforce également de présenter en filigrane les diverses stratégies adoptées par Semiotext(e), une revue et maison d’édition indépendante d’inspiration française créée à New York en 1974, en vue de donner à la pensée française un rôle plus actif en Amérique, évitant les séductions de la mode et de l’institution, les besoins de sécurisation et d’autorité intellectuelle. Se situant délibérément en diagonale par rapport aux milieux universitaires, artistiques et politiques d’outre-atlantique, la collection ironiquement appelée ” Agents de l’Etranger ” a réussi à faire de la théorie elle-même une activité performative, stimulant et questionnant simultanément la culture américaine, mais aussi la culture française.

Pascal Engel : « Petits déjeuners continentaux et goûters analytiques »
Cet article décrit la coupure entre ” analytiques ” et ” continentaux ” qui affecte la philosophie. On essaie d’expliquer ses causes, qui sont à la fois “institutionnelles et historiques. Je soutient l’idée que cette coupure est réelle, et qu’elle correspond à deux manières distinctes et incomptatibles de faire de la philosophie. Aussi regrettable cela soit-il pour les oecuménistes et les nostalgiques d’une philosophie cosmopolite, il y a peu d’espoir de réduire cette fracture. Le mieux que l’on puisse attendre est de la tolérance de part et d’autre, et un peu de sang froid.

Mathieu Duplay : « “We Canot Spend the Day in Explanation“. Emerson/Nietzsche/Deleuze, le temps de la pensée »
An avid reader of Emerson’s writings, Nietzsche is also one of Deleuze’s favorite authors ; thus, Nietzsche and Deleuze may be regarded as Emerson’s intellectual heirs, an impression confirmed by the numerous Emersonian themes and concepts which reappear in their works. Still, it would be inappropriate to describe Emerson as the founder of a philosophical ” tradition ” that also includes Nietzsche and Deleuze ; one of the things they have in common is their refusal to seek disciples, and all three consider imitation to be incompatible with creative thought. The aim of this paper is to describe the unusual form of exchange which takes place between them without betraying its specificity, that is to say without thinking of Emerson’s ” influence ” as a valid explanation. The solution to this problem involves a careful examination of the temporal element inherent in philosophical thinking, hence of a dimension of time that has little in common with ordinary chronology. It also calls for an accurate assessment of Emerson’s true position, not at the origin of a particular tradition of philosophical thought, but close to the horizon of philosophy itself.

Jagna Oltarzewska : « Lacan aux USA : un nouveau départ ? »
Interest in the work of Jacques Lacan appears to be growing exponentially in the US. The object of this article is to examine this recent phenomenon and investigate its theoretical matrix and underpinnings. I argue that the new wave of Lacanian thinking in the US remains largely confined to the fields of literary criticism and, more widely, cultural studies, whilst having little impact on the discipline and practise of US psychoanalysis per se. The historico-theoretical factors underlying this institutional resistance of the clinic to Lacanian theory are subjected to scrutiny.

Anthony Larson : « Transcendance, immanence, capital : territoires de la pensée française dans l’Amérique contemporaine »
The influence of contemporary French thought in the arts and the humanities in the United States is undeniable today. Instead of tracing these influences through the various historical contacts and exchanges that occurred in the past thirty-five years, this article aims to explain how recent French thought could have come to make such a remarkable impact upon its American counterpart at this precise historical moment. This is done through an analysis of the underlying theoretical and metaphysical assumptions in structuralist and post-structuralist thought as they relate to our contemporary historical moment. In the process, this approach, which openly borrows from Deleuze and Guattari, attempts to show that, when properly asked, such an examination of the ” How ? ” of recent intellectual exchanges and influences can change our modes of thinking and being, moving one away from a metaphysically subject-based transcendent thought to one that opens onto immanence itself.

Sylvère Lotringer : « La théorie, mode d’emploi »
The penetration of French Theory in the United States has broadly followed its emergence in France, but in different ways and at a different pace. The short-lived Structuralist phase of the mid-60s (Claude Lévi-Strauss) was immediately replaced by “post-Structuralist” theories (Jacques Derrida, Jacques Lacan), and those took a momentum of their own in the U.S. under the generic name of “deconstruction”. This essay, though, analyzes more closely the delayed impact of the French Nietzscheans in America (Michel Foucault, Gilles Deleuze and Félix Guattari) and the more immediate reception of the French “extrapolationist” thinkers (Jean baudrillard, Paul Virilio), using all the cultural distortions that these involve as an X-ray of American culture itself. It also presents in filigree the various strategies used by a French-inspired magazine and independent press in New York, Semiotext(e), created in 1974, to chart for French Theory a more active course in America, skirting the pitfalls of fashion and institutionalization, the need for security and intellectual authority. Deliberately straddling the various worlds of academe, art and politics, Semiotext(e)’s “Foreign Agents” series managed to turn theory itself into a performative intellectual activity at once stimulating and challenging American and French cultures.

Pascal Engel : « Petits déjeuners continentaux et goûters analytiques »
This paper describes the analytic/continental split that affects contemporary philosophy. An attempt is made to explain its causes, which are both historical and institutional. I argue that the split is a genuine one and that it reflects the difference between two distinct and irrreconcilable conceptions of philosophy. Sadly for ecumenists who hope to reconcile the two sides, and for those who yearn for a cosmopolitan style of philosophy, there is little hope that the gap may one day be bridged. Both sides should try to be tolerant and keep their nerve.

 

ajouter au panier

Revue Théorie Littérature Epistémologie
Nombre de pages : 160
Langue : français
Paru le : 10/11/2002
EAN : 9782842921286
Première édition
CLIL : 3146 Lettres et Sciences du langage
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842921286

Sur le même thème