Paris 8 - Université des créations

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Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
Nombre de pages : 216
Langue : français
Paru le : 10/10/2009
EAN : 9782842922344
Première édition
CLIL : 3147 Linguistique, Sciences du langage
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842922344

Version numérique
EAN : 9782842922979

Pour une typologie diachronique et synchronique des langues romanes

N°38/2009

Les langues romanes puisent leur source dans le latin, et se situent ainsi dans un réseau complexe de connexions avec lui.

 Parmi les domaines internes de la langue, la phonologie, la morphosyntaxe et la lexicologie trouvent toute leur place. Ce numéro entend fournir la synthèse critique de l’évolution des différents idiomes roman (histoire et variation) et déterminer les différents facteurs et mécanismes de génèse d’une langue.

Michela Russo
Présentation


Jean-Paul Chauveau
De la nécessité pour l’étymologie de reconstituer l’histoire des sens


Martin Maiden
From Pure Phonology to Pure Morphology. The Reshaping of the Romance Verb

Haike Jacobs
La lénition romane : l’héritage martinétien et sa modélisation formelle

Mario Barra-Jover
Des variantes invisibles à la fragmentation des langues romanes

Éva Buchi
La dérivation en */de-/ et en */dis-/ en protoroman. Contribution à la morphologie constructionnelle de l’ancêtre commun des langues romanes

Michela russo & Fernando sánchez Miret
La diphtongaison romane et la métaphonie : le paradoxe du faible au fort

Jean-Paul CHAUVEAU
De la nécessité pour l’étymologie de reconstituer l’histoire des sens
On reproche souvent à l’étymologie de retracer soigneusement l’évolution des signifiants et de se satisfaire d’approximations pour l’histoire du sémantisme. Cet article examine trois exemples récemment traités en étymologie galloromane où le classement des sens attestés et leur enchaînement à l’intérieur d’une reconstitution de l’histoire sémantique se relèvent décisifs pour déterminer précisément le point de départ de trois mots du français contemporain dont l’étymologie était peu claire, disputée ou inconnue. L’histoire des sens est aussi nécessaire que celle des formes. On atteint l’étymon au point de convergence de la reconstruction sémantique et de la reconstruction formelle, puisque l’étymologie est un signe linguistique, associant un signifiant et un signifié et usité dans une communauté linguistique à une période donnée de son histoire.
Lexicologie historique – étymologie – histoire du sens – gallo-roman   

 


Martin MAIDEN
From Pure Phonology to Pure Morphology. The Reshaping of the Romance Verb
L’article étudie une différence morphologique très importante entre le latin et les langues romanes. Celles-ci se distinguent du latin par l’abondance des alternances du radical, alternances qui se manifestent surtout dans la verbe, où elles sont sensibles à des combinaisons arbitraires de traits de personne, de nombre, de temps et de mode. Bien qu’elles résultent d’effets réguliers du changement phonologique, je soutiendrai que ces alternances ont rapidement perdu leur motivation phonologique, pour devenir “morphomiques” au sens d’Aronoff (1994); c’est-à-dire qu’elles manquent, sur le plan synchronique, de conditionnement soit phonologique soit morphosyntaxique. Ces alternances constituent en effet des schémas paradigmatiques abstraits, d’une importance remarquable pour l’histoire des langues romanes puisqu’elles constituent le modèle pour une série de changements ultérieurs au travers des langues romanes, dont le contenu phonologique se révèle souvent très hétérogène. Cependant, beaucoup de linguistes cherchent à en rendre compte en faisant appel à un conditionnement purement phonologique. Je passerai en revue quelques-unes de ces tentatives d’explication phonologique sur e plan synchronique : tout en défendant la nature “morphomique” des alternances en question, je reconnaîtrai que la frontière entre la “morphomicité” et le conditionnement phonologique est peut-être plus floue qu’on ne l’a reconnu jusqu’à présent
Phonologie – morphologie – langues romanes – latin – flexion verbale – diachronie – allomorphie – morphomes

 

Haike JACOBS
La lénition romane : l’héritage martinétien et sa modélisation formelle

La lénition, tant sur le plan synchronique que sur le plan diachronique (Martinet, 1955 ; Bichakjian, 1977 ; Gurevich, 2004), montre une nette tendance à maintenir des contrastes. Dans cet article, nous allons passer en revue et critiquer des approches qui postulent des contraintes du type *NoMerge ou *Neut, des approches basées sur des contraintes localement conjointes ainsi qu’une analyse basée sur le marquage comparatif. Ensuite, nous allons illustrer comment les données synchroniques romanes peuvent être analysées dans la théorie de l’Optimalité avec des chaînes de candidats et nous montrons que les données romanes en question ne permettent pas à la phonologie de se passer des contraintes de marquage.
Lénition romane – contraintes de marquage – évaluation des dérivations (OT-CC)

 

 

Mario BARRA-JOVER
Des variantes invisibles à la fragmentation des langues romanes
Cet article propose un modèle descriptif de l’émergence des changements phonémiques, morphosyntaxiques et lexico-sémantiques. Il s’agit d’un modèle alternatif dans la mesure où le principe d’économie et l’axiome “deux formes deux fonctions” sont mis en cause. L’alternative proposée (qui plaide pour le polymorphisme ainsi que pour l’indéterminisme des descriptions grammaticales) s’appuie sur la notion de variante invisible : un locuteur donné peut utiliser, pour une fonction donnée, des variantes non contrôlées et non perçues en tant que telles par l’allocutaire. Les variantes invisibles sont, dans cette démarche, considérées comme la source des changements qualitatifs dans l’histoire d’une langue ainsi que de la fragmentation ayant lieu dans un espace langagier donné. Les sauts qualitatifs (changement de grammaire) sont décrits comme l’intériorisation, par induction, de nouvelles règles par les locuteurs ; règles dont dérivent des variantes non reliées entre elles à l’origine. Ce modèle, illustré par quelques exemples concernant certains phonèmes, les clitiques, la subordination, les négatives et les interrogatives, permet de formuler des hypothèses falsifiables à propos des règles innovatrices.
Changement linguistique – variante invisible/visible – saut qualitatif – émergence


Éva BUCHI
La dérivation en */de-/ et en */dis-/ en protoroman. Contribution à la morphologie constructionnelle de l’ancêtre commun des langues romanes
Cet article propose, sur la base des étymons à astérisque du Romanishes Etymologisches Wörterbuch (REW), une modélisation de la préfixation en *:de-:et en */dis-/ du protoroman : bases sélectionnées, classe grammaticale des dérivés, valeur sémantique. Les résultats convergent en partie avec ce que l’on sait de la morphologie constructionelle du latin classique, mais ils montrent aussi l’originalité de l’ancêtre commun des langues romanes au sein du latin global.
Morphologie constructionelle – grammaire comparée-reconstruction – protoroman



Michela RUSSO & Fernando SANCHEZ MIRET
La diphtongaison romane et la métaphonie : le paradoxe du faible au fort
Classiquement, la métaphonie consiste dans l’action de la voyelle désinentielle atone sur la voyelle tonique précédente. Les auteurs remettent en question cette vue et posent que les voyelles désinentielles hautes, -i et -u, ne provoquent pas la diphtongaison de la voyelle tonique dans les langues romanes. L’approche adoptée (phonologie particulaire) permet de montrer, par une ionisation phonologique, que cette évolution peut s’interpréter, de même que tout changement spontané, comme une modification de l’interprétation de la sous-spécification segmentale. Ce processus a suivi la déphonologisation de la quantité vocalique en latin tardif. Dans la méthaphonie, le nombre et le genre se réalisent parasitiquement sur la voyelle tonique. La marque morphologique interne peut être réduite à un élément, qui est interprété par combinaison avec d’autres matériaux vocaliques. Cet élément agit en bloquant une évolution spontanée (la diphtongaison) dans le vocalisme tonique. L’italoroman se situe donc entre deux types morphologiques : concaténatif et non concaténatif ; il se comporte comme les langues sémitiques à morphologies internes ou à “interdigitation”. Cet article montre qe les divers types morphologiques attestés dans les langues peuvent n’être que des modalités de réalisation d’une même organisation sous-jacente. On s’interroge aussi sur les modalités de mise en relation entre une structure abstraite nécessaire (des têtes fonctionnelles ou catégorielles et leur compléments) et sa réalisation phonologique. La syllabation garantit une réalisation linéaire successive des éléments morphologiques, mis elle est en mesure aussi de provoquer leur co-réalisation, dans un format de fusion. de cette manière, le contenu phonique des morphèmes spécifie l’interprétation de la dépendance structurale.
Métaphonie –  action du faible au fort – diphtongaison – marquage interne – ionisation phonologique – interdigitation

Jean-Paul CHAUVEAU
De la nécessité pour l’étymologie de reconstituer l’histoire des sens
Etymologists are often critized because, while meticulously retracing the evolution of the signifiers, they are content with approximations in the field of the history of meaning. This paper examines three recently developed example in Gallo-Romance etymology where classification of the attested meanings and their order of sequence in reconstructing semantic history are decisive for determining the precise point of departure of three contemporary French words of unknown or disputed origin. Semantic history is as important as the history of forms. As etyma are linguistic signs, associating a signifier and a signified, which are used by a linguistic community at a time of its history, they can only be reached at the point of convergence between formal and semantic reconstruction.
Historical lexicology – etymology – semantic history – Gallo-Romance


Martin MAIDEN
From Pure Phonology to Pure Morphology. The Reshaping of the Romance Verb
This study deals with a significant morphological difference between Latin and Romance, namely that the latter has pervasive patterns of root-allomorphy absent from the former. Of particular interest here is the emergence of such allomorphy correlated with arbitrarily intersecting parameters of person, number, tense and mood in the verb. The alternations in question are, initially, the predictable consequences of regular sound changes. I argue that the phonological causation of this allomorphy is rapidly lost, and that the paradigmatic distribution of the resultant alternations is “morphomic” in the sense of Aronoff (1994), lacking both phonological and morphosyntactic  conditioning. These patterns provide an abstract paradigmatic template for wide-ranging and formally heterogeneous subsequent morphological changes across the Romance languages. But many scholars seek to analyse the resultant alternations in synchronically phonological terms, and some of the arguments adduced are powerful. This study reviews attempts to analyse in terms of phonological conditioning what I believe to be “morphomic” alternations. While I defend the “morphomicity” of the phenomena at issue, I also admit that the boundary between “morphomic” and phonological phenomena may be less sharp than has usually been recognized.
Phonology – morphology – Romance – Latin – verbal inflection – diachrony – allomorphy – morphomes – morphomicity

 

Haike JACOBS
La lénition romane : l’héritage martinétien et sa modélisation formelle

Both diachronically and synchronically, lenition shows a clear non-neutralizing tendency (Martinet, 1955 ; Bichakjian, 1977 ; Gurevich, 2004). In this article, we will critically review approaches based on constraints of the type *NoMerge ou *Neut, approaches based on local constraint conjunction and a recent analysis based on comparative markedness. After that, we will illustrate how the tomance facts can be analysed with OT-CC and argue the markedness constraints are a crucial ingredient of phonological theory.
Romance Lenition – markedness constraints – derivation/evaluation (OT-CC)




Mario BARRA-JOVER
Des variantes invisibles à la fragmentation des langues romanes
This article aims at proposing a framework which should describe the way how phonemic, morphosyntactic and lexical-semantic changes emerge. This proposal runs counter to several claims such as the principle of economy, or the axiom “two forms – two functions “. It supports the view that grammatical descriptions contain a certain degree of polymorphism and indeterminism. It is based on the notion “invisible variant” : it is argued that speakers may use, for a given function, random variants which are not perceived as such, being fully well-formed according to the speakers’ grammar. Invisible variants will be shown to be the source of qualitative changes in the history of languages, as well as of fragmentation of linguistic domains. Qualitative steps (i.e grammatical changes) take place when speakers, by induction, acquire new rules, creating new variants which were not previously related. On the basis of a large array of data, concerning phonemes, clitics, subordinates, negative and interrogative clauses, it will be seen how our proposal allows to make falsifiable hypotheses on these new rules.
Linguistic change – invisible/visible variants – qualitative step – emergence



Éva BUCHI
La dérivation en */de-/ et en */dis-/ en protoroman. Contribution à la morphologie constructionnelle de l’ancêtre commun des langues romanes
This paper aims to establishing the rules that govern derivation by *:de-:et en */dis-/ in Proto-Romance (selected bases, syntactical class of derivatives, meaning) on the basis of the etyma marked with an asterisk in Meyerlübke’s Romanishes Etymologisches Wörterbuch. Its results converge partly with what is known about word formation in classical Latin, but they also assign some originality to the common ancestor of the Romance languages within global Latin.
Constructional morphology – Proto-Romance – Comparative Grammar – Reconstruction
 

 



Michela RUSSO & Fernando SANCHEZ MIRET
La diphtongaison romane et la métaphonie : le paradoxe du faible au fort
Traditionally, metaphony is considered triggered by the inflexional unstressed high vowel with the adjustement of the tonic vowel towards the final vowel. The authors call into question this view and retain that the high inflexional vowels -i and -u do not cause the diphthongization of the tonic vowel in Romance languages. The particle phonology approach makes it possible to formulate through a phonological ionization that this evolution can be interpreted, just as any spontaneous change, as a modification of the segmental underspecification. This process took place following the dephonologisation of the vocalic quantity from Late Latin. In Classical Latin quantity was phonologically relevant. Subsequently quantity was automaticcaly determined by the structure of the syllable : the tonic vowels were long in open syllables and short in closed syllables. In the metaphony, the number and the gender are carried out by the tonic vowels and the grammatical marking ensured by the inflexional vowel determines its anticipation on the tonic vowel. In this operation with internal marking, the morphological value can be reduced to an element which lends itself to an interpretation  by combination with other vocalic material. This element is active by blocking a spontaneous evolution (the diphthongization) in tonic vocalism. Italo-Romance is thus located between two morphological types : the concatenative type and the non-concatenative type ; it behaves like Semitic languages with internal morphologies (interdigitation). this article highlights that the various morphological types attested in the languages can only be the two-mode realization of the same subjacent organization. In this article one also asks the question about how to relate an abstract necessary structure (composed by functional heads or category heads and their complements) and its phonological realization. Syllabification guarantees a linear successive realization of the morphological elements, but it is also able to provoke their co-realization in a format of fusion. In this way, the phonic content of the morphemes specifies the interpretation of the structural dependence.
Metaphony – diphthongaison – internal marking – phonological ionization – interdigitation

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Revue Recherches Linguistiques de Vincennes
Nombre de pages : 216
Langue : français
Paru le : 10/10/2009
EAN : 9782842922344
Première édition
CLIL : 3147 Linguistique, Sciences du langage
Illustration(s) : Non
Dimensions (Lxl) : 220×155 mm
Version papier
EAN : 9782842922344

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EAN : 9782842922979

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