Paris 8 - Université des créations

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Collection Esthétiques hors cadre
Nombre de pages : 368
Langue : français
À paraître le : 27/03/2025
EAN : 9782379245121
Première édition
CLIL : 3689 Cinéma
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 220×160 mm
Version papier
EAN : 9782379245121

Pulsions dansantes du cinéma expérimental (1920 – 1970)

Analyse des pratiques artistiques et les formes filmiques qui résultent de l’hybridation avec la danse.
À la découverte d’une autre histoire des formes ciné-chorégraphiques expérimentales, dans laquelle le mouvement inspiré de ou aspirant à la danse se manifeste dans la matière proprement filmique, plutôt que dans les corps à l’écran.

Ce livre propose de revisiter l’histoire du cinéma expérimental, placé sous le signe de la danse, à l’ère du film argentique. Il a pour ambition d’établir l’existence d’une « pulsion dansante » qui dynamise les expérimentations d’une poignée de cinéastes d’avant-garde entre les années 1920 et la fin des années 1960. Cette histoire fait ainsi apparaître un modèle ciné-chorégraphique qui décentre la danse de la représentation des corps à l’écran, pour l’ériger en tant qu’idéal esthétique ou catalyseur d’expériences sensibles.

Auteur·ices : Janicas Bárbara

Introduction                                                                                         

Une vocation cinégraphique commune                       

Jouets optiques et chronophotographie : maîtriser le mouvement                                                                                

Danses serpentines de Loïe Fuller : libérer le corps         

Pour une autre histoire du cinéma sous le signe de la danse                                                                             

Quelques incursions de la danse dans le cinéma          

Quelques états dansants du cinéma expérimental       

L’hypothèse d’un modèle ciné-choré(e)graphique     

Une approche poïétique de la création ciné-chorégraphique                                                                        

Un tournant figural dans les recherches sur la danse et le cinéma                                                                                        


Premier mouvement – La danse comme modèle pour le cinéma d’avant-garde                                                                                  

Le mouvement au cœur des avant-gardes                 

De l’analogie musicale au modèle chorégraphique    

Le cinéma et la danse réunis pour un art total                

Évocations de la danse dans les écrits des cinéastes d’avant-garde                                                                          

Ballets mécaniques et ballets cinégraphiques              

Danses de machines                                                               

Danses de rayons lumineux                                                 

Danses de la nature                                                              


Deuxième mouvement – Expériences du mouvement par procuration                                                                                      

Le mouvement comme matériau graphique              

Un art des mouvements dessinés                                       

L’empathie kinesthésique                                                    

« Faire les images danser sur de la musique »                

Le direct film sous le signe de la danse                        

Danses de couleurs pures                                                    

Danses de lignes métamorphosantes                              

Danses d’éraflures spasmodiques                                     

Le regard dansant de Marie Menken                          

Un cinéma poétique, matérialiste ?                                 

Filmer en mouvement : entre l’action painting et le contact improvisation                                                           

Quelques ciné-poèmes dansés                                         


Troisième mouvement – Pulsions figurales de la ciné-danse  

La ciné-danse, une pratique artistique nouvelle         

Maya Deren et l’acte fondateur de la ciné-danse     

Un bref aperçu de la première vague de choréalisateurs                                                                           Le numéro spécial « Cine-Dance »                                   

Quelques ciné-danses à l’épreuve du figural             

Une ciné-danse embryonnaire                                          

Surimpressions désincarnées                                              

Corporéités intermittentes                                                    


Conclusion                                                                                       

Au-delà et en deçà de la ciné-danse                         

Rémanences et élargissements                                   

Bibliographie                                                                                   

Filmographie                                                                                   

Index                                                                                                 

Le cinéma et la danse partagent la même vocation à créer de nouvelles visions et expériences du mouvement. Partant de cette conviction, ce livre propose de revisiter l’histoire du cinéma expérimental, placé sous le signe de la danse, à l’ère du film argentique. Il a pour ambition d’établir l’existence d’une « pulsion dansante » qui dynamise les expérimentations d’une poignée de cinéastes d’avant-garde, des recherches cinématographiques des années 1920 jusqu’à l’affirmation de la ciné-danse, à la fin des années 1960.

Cette histoire fait apparaître un modèle ciné-chorégraphique qui à la fois préside à l’acte de création des images en mouvement par les cinéastes, et infléchit l’impact sensoriel de leur réception par les spectateurs. Pour ce faire, elle décentre la danse de la représentation des corps à l’écran en la libérant de sa dimension d’objet spectaculaire, ou de prétexte narratif, pour l’ériger en tant qu’idéal esthétique, principe formel, horizon d’action, ou tout simplement catalyseur d’expériences sensibles véhiculées par les images en mouvement.


Bárbara Janicas est docteure en études cinématographiques, rattachée au laboratoire de recherche ESTCA (Esthétique, sciences et technologies du cinéma et de l’audiovisuel) à l’université Paris 8, où elle enseigne également. Membre du comité de rédaction de la revue en ligne Images secondes, elle collabore aussi avec le collectif de critiques de cinéma portugais À pala de Walsh.

Introduction

Cet ouvrage vise à établir l’existence d’une « pulsion dansante » qui dynamise les expérimentations de quelques cinéastes d’avant-garde, des années 1920 jusqu’à la fin des années 1960, avant la conso­lidation de la ciné-danse comme une pratique artistique à part entière. Il investigue plus précisément l’hypothèse d’un modèle ciné-chorégraphique qui préside autant à l’acte de création des images en mouvement par les cinéastes, qu’il se dessine en tant qu’horizon perceptif et sensoriel pour les spectateurs ; un modèle à la fois concep­tuel et phénoménologique sous le signe de la danse, à travers lequel le cinéma est mis face à ses principes fondateurs et réinvente ses moyens d’expression et d’expérimentation du mouvement.

Au fil de ces pages, on cherchera à affirmer la place singu­lière du cinéma expérimental argentique, d’une part, en tant que domaine par excellence d’idéation et d’exploration de la danse dans sa dimension cinégraphique pure, au sens d’une écriture du mouvement par et avec la lumière, et d’autre part, du point de vue de son expérience, dans une sorte de « pas de deux » ou « corps-à-corps » avec le support filmique photosensible. Il s’agira en outre de décentrer le rapport entre la danse et le cinéma de la représentation des corps à l’écran, en libérant le mou­vement dansant de sa dimen­sion d’objet spectaculaire ou de pré­texte narratif, pour l’ériger au rang d’idéal esthétique et formel, d’horizon de la création artis­tique, ou tout simplement de repoussoir ou de catalyseur d’expériences kinesthésiques véhiculées par les images mouvantes.

Cette réflexion part du constat suivant : la façon dont les hybri­­dations entre danse et cinéma sont, aujourd’hui encore, envi­sagées perpétue des conventions caduques de représentation des contenus choré­graphiques à l’écran, et ce parfois même au sein du domaine de la ciné-danse, alors même que celui-ci s’est affirmé, ces dernières décennies, comme un important levier d’exploration et de réinvention des corps dansants par les techniques audiovisuelles. Selon cette pers­pective, le cinéma expérimental à vocation abstraite se trouve souvent écarté des réflexions sur les rapports entre ces deux arts du mouvement ; la raison de cette omission des pra­tiques et des formes filmiques les plus expérimentales au sein des réflexions sur la ciné-danse serait peut-être à trouver du côté de leurs « irrévérence et irréférence1 » consti­tutives, qui cadreraient mal avec une acception conventionnelle de l’art chorégraphique, entendu comme l’art de composer des danses au moyen de pas, de gestes et de poses exécutés par des danseurs humains.

Ainsi se perpétue une définition de la ciné-danse quelque peu restreinte, en ce qu’elle présuppose la présence à l’écran de corps dansants identifiables comme tels par les spectateurs. Or cette définition ne tient pas compte des « pulsions dansantes » qui dynamisent les processus créatifs de certains cinéastes expé­ri­mentaux, pour lesquels la capacité des images mouvantes à susciter des sensations prégnantes proches de l’expérience de la danse est plus importante que le contenu figuratif des images elles-mêmes. Dans cette optique, le dialogue entre le cinéma expérimental et la danse non seulement invite à repenser la définition de l’art choré­graphique en dehors des critères de figuration et de présence du corps auxquels on le consigne d’ordinaire, mais peut également contribuer à éclairer les mécanismes de création, de figuration et d’expérience du mouvement sur lesquels se fondent ces deux arts.

En partant de la conviction que le cinéma et la danse par­tagent la même vocation essentielle à créer de nouvelles visions et expériences du mouvement, on propose de revisiter l’histoire du cinéma expérimental à l’ère du film argentique, placée sous le signe de la danse : des ballets mécaniques et cinégraphiques des années 1920 aux ciné-danses défricheuses des années 1940 à 1960, en passant par les direct films animés à main levée et à bras-le-corps. Afin d’établir un dialogue productif entre des œuvres éclec­tiques, il sera judicieux de mettre en lumière les différentes acceptions que prennent les notions de danse, de mouvement et de rythme, selon les auteurs, les disciplines ou les époques, en les redéfinissant systématiquement à l’aune de chaque objet filmique et de son contexte de création. La réflexion sur les possibilités du médium filmique à exprimer des idées ou des expériences proches de la danse est quant à elle à l’origine de plusieurs questions, énumérées ci-après, auxquelles cette étude va tenter de répondre.

Pourquoi, pour faire face à l’abstraction et à la radicalité du cinéma expérimental, le regard du spectateur se déplace-t-il des objets filmés vers la matière des images, qu’il éprouve parfois comme si c’était quelque chose de l’ordre de la danse, alors qu’aucun danseur n’y est montré ? Est-il possible d’éprouver et/ou de transmettre des expériences sensibles, physiques, du mouvement par le biais du médium filmique ? Si l’on admet qu’il existe un lien effectif entre les pratiques expérimentales de certains cinéastes et leur volonté de partager avec les spectateurs des expériences de la danse véhiculées par les images en mouvement, par quels moyens (techniques, pratiques) et selon quels principes (formels, esthétiques) se concrétise-t-il ? Peut-on utiliser un vocabulaire chorégraphique pour décrire les mouvements de la caméra, les effets de montage ou l’agitation des images à l’écran, de la même façon que l’on décrit les gestes d’un danseur sur scène ? Ces interrogations renvoient en somme à la question de savoir en quoi un film danse-t-il : autrement dit, la danse au cinéma se résume-t-elle aux films qui montrent des danseurs et des chorégraphies conventionnelles, ou peut-on parler d’une pulsion dansante intrinsèque à l’acte de créer – et de voir – des images en mouvement ?

Cet ouvrage s’inscrit dans le paysage limitrophe d’un champ de recherches plus vaste, en développement depuis une vingtaine d’années, lequel s’occupe d’étudier les médiatisations audiovisuelles de l’art chorégraphique et d’analyser les pratiques artistiques et les formes filmiques qui résultent de l’hybridation avec la danse. Des per­son­nalités issues des visual studies anglophones telles que Erin Brannigan et Douglas Rosenberg, ainsi que des chercheurs et cher­cheuses du champ des études filmiques francophones comme Dick Tomasovic, Laurent Guido, Sophie Walon, Marion Carrot, Marisa Hayes et Franck Boulègue, participent à cette mouvance en essor depuis les années 2000 que l’on nomme les screendance studies.

Tandis que le néologisme screendance2, plus courant dans la litté­ra­ture anglophone, fait de l’écran le site où le potentiel d’hybri­dation entre le corps dansant et les images animées est à son paroxysme, le terme « ciné-danse », privilégié en France, permet de repositionner la réflexion sur les approches audiovisuelles de la danse sous le prisme de la généalogie des formes cinéma­to­graphiques, rappelant que ce dialogue inter-arts s’initie et se développe au sein des pratiques filmiques expérimentales. Si le débat sur les origines et les limites de la screendance ou de la ciné-danse n’est toujours pas tranché, les travaux récents font preuve d’une conscience généralisée à l’égard du fait que les approches audiovisuelles de la danse à l’ère du numérique puisent dans les hybridations du corps dansant avec les visions inédites du mouvement qui étaient déjà en germe dans les réalisations sur support argentique de certains cinéastes expérimentaux de la première moitié du xxe siècle. Il semble en outre évident que les screendance studies peuvent bénéficier d’un repositionnement critique et d’un éclairage théorique qui prennent en considération l’héritage des expérimentations cinématographiques sur support argentique.

  1. 1. Dominique Noguez, Éloge du cinéma expérimental, Paris, Centre Pompi­dou, 1979, p. 42.
  2. 2. Selon son principal théoricien, Douglas Rosenberg, la screendance dé­signe la catégorie des œuvres de danse spécifiquement conçues pour être présentées sur un écran de tout type (salle de cinéma, télévision, ordi­na­teur, smartphone, etc.). Le critère définitoire n’est pas le support ou les techniques de création, mais plutôt le dispositif de réception, l’accent mis sur la composante « écranique » étant sans doute une marque de la multiplication des écrans dans la société et l’art contemporains.

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Collection Esthétiques hors cadre
Nombre de pages : 368
Langue : français
À paraître le : 27/03/2025
EAN : 9782379245121
Première édition
CLIL : 3689 Cinéma
Illustration(s) : Oui
Dimensions (Lxl) : 220×160 mm
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EAN : 9782379245121

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