Introduction
Les véhicules des morts
ou comment présentifier les défunts dans les pratiques rituelles en Asie
Florence Galmiche
« Chugŏ poaya chŏsŭng’ŭl anda[alchi] ; On ne connaît l’autre monde que quand on meurt. » Ce dicton coréen illustre l’importance de l’incertitude qui entoure le destin des morts en Corée et plus généralement en Asie de l’Est[1]. Le respect, le soin et la crainte à leur égard informent les nombreux rites qui prennent la suite des funérailles, tant du côté des « rites confucéens d’offrandes aux ancêtres » (chesa) que des cérémonies chamaniques (kut), ou des diverses commémorations bouddhiques ou chrétiennes pour l’apaisement des défunts. Basés sur des principes hétérogènes et des traditions rituelles ou religieuses différentes, ces pratiques ont en commun de mettre en œuvre, de manière explicite, la continuité d’un lien entre les vivants et les morts. La forme privilégiée que prend ce lien est l’offrande, en particulier de nourriture[2].
Ces rites peuvent être codifiés avec précision et donner lieu à une vaste exégèse orale ou écrite, mais les personnes qui y participent manifestent généralement une forme de réserve lorsqu’il s’agit de caractériser la présence des morts au moment des offrandes. Dans les milieux bouddhiques en Corée, il n’est pas rare de dire que le riz qui a été offert (aux morts ou aux bouddhas) ne rassasie que peu les vivants quand il est consommé à l’issue de la cérémonie, tant il a perdu en valeur nutritive lors de sa consommation comme offrande. Pour autant, l’observation ethnographique montre que lorsque ces mêmes personnes discutent de la présence des morts, elles le font généralement sur le mode de l’hésitation, de l’hypothèse et de la réfutation réciproque. Les moines eux-mêmes sont généralement prudents quand ils évoquent la relation entre les offrandes et les morts. D’une manière comparable, bien que la cérémonie d’offrande aux ancêtres soit un rite cardinal dans l’éthique confucéenne, les penseurs de cette tradition ne s’accordent pas sur la manière de qualifier la présence des morts ; plus encore, ils évitent le plus souvent de s’engager avec précision dans cette discussion. Dans ce contexte de retenue, voire de scepticisme, Janelli et Yim soulignent que la plupart des villageois qu’ils ont rencontrés préfèrent mettre l’accent sur les fonctions morales et éducatives des cérémonies d’offrandes – concrétiser la piété filiale et l’inculquer aux jeunes générations – plutôt que sur le réconfort qu’elles pourraient apporter aux défunts[3]. Il faut ajouter que des principes de bienséance viennent aussi irriguer cette question, qui ne relève pas seulement d’enjeux de connaissance. Comme l’analyse Boudewijn Walraven pour la Corée du Chosŏn (1392-1897), la présence d’un lien et d’interactions entre vivants et morts est un constat partagé et central, mais les lettrés ou les hommes cultivés rechignent à se préoccuper des détails concrets de ces relations, qui relèvent plutôt du domaine des chamanes au statut social inférieur[4].
Ces cas coréens attirent notre attention sur un fait observable plus généralement en Asie orientale : la présence centrale – et codifiée – des morts dans les activités rituelles d’une société ne s’accompagne pas nécessairement d’une définition ontologique précise et stable pour appréhender cette présence. La mort n’interrompt pas les liens sociaux et les morts demeurent des membres de la société qui peuvent même interagir avec les vivants, mais leur manière d’être présents est différente, difficile à qualifier et peut se manifester avec des degrés d’intensité très divers. On le verra dans ce numéro, il peut s’agir d’incarnations débordantes d’émotions, gestes, paroles, et contacts, comme de messages beaucoup plus ténus, devinés par exemple dans le son d’une cloche. Pour celles et ceux qui effectuent les rites – spécialistes ou non car de nombreux rites sont réalisés à l’échelle domestique par les maîtres et maîtresses de maison – se pose alors la question des moyens et des procédures qui permettent de convoquer les morts, de les faire venir ou d’intensifier leur présence, afin qu’une communication ou qu’un échange avec eux puisse se produire. Un des traits qui caractérisent la présence des morts en Asie, en comparaison de celle des vivants, est la dispersion. Là où la vie suppose que matière, esprits et flux de force vitale soient réunis et tenus ensemble, le moment de la mort est celui d’une disjonction, voire d’un éparpillement.
Face à ce phénomène, des techniques associées à des objets de natures diverses permettent de recomposer temporairement des assemblages d’esprit et de matière, afin que les âmes et la personne des morts puissent donner meilleure prise aux actions des vivants et, dans la plupart des cas, à leur sensorialité. Ces supports, quand ils sont pris dans des procédures rituelles, deviennent des véhicules pour les morts et facilitent ainsi – tout en les régulant, voire les contrôlant – les échanges avec les vivants. Privilégier ici le terme de véhicule à d’autres, également employés dans des contextes comparables, tels que support, contenant, artefact ou medium, permet de faire tenir ensemble plusieurs caractéristiques notables des pratiques étudiées dans ce numéro. Tout d’abord, parler de véhicule fait apparaître explicitement l’importance du mouvement dans la présentification des morts : les morts sont appelés, déplacés, puis souvent envoyés « vers un bon lieu[5] » (choŭn kos-ŭro). Le terme de véhicule permet aussi de souligner que les esprits des morts dont il est question ici ne se confondent jamais avec les artefacts qui aident à leur présentification. Comme le souligne Laurel Kendall dans une discussion des concepts d’animisme pour analyser le chamanisme coréen[6], la relation entre les artefacts de la mudang (chamane) et les esprits est provisoire et marquée par le mouvement, voire l’instabilité. Les objets utilisés pour les rites sont initialement inertes, mais deviennent habités temporairement par des esprits qui y sont conviés et dont la présence est entretenue par la chamane ou la maîtresse de maison. Cette idée que les esprits peuvent entrer ou sortir d’un objet ou d’un lieu se retrouve de manière comparable pour évoquer les relations avec les âmes des morts, y compris dans les autres contextes rituels abordés dans ce numéro. Enfin, la catégorie de véhicule, fréquemment porteuse d’un sens abstrait, permet d’embrasser tout autant des supports matériels que d’autres plus intangibles, tels que le son, le rêve ou le nom par exemple.
À partir de l’étude de différents véhicules des morts, ce numéro d’Extrême-Orient, Extrême-Occident, met en lumière divers modes de présence des morts parmi les vivants dans les pratiques rituelles en Asie orientale. Il se concentre sur les objets, techniques et procédures qui permettent d’intensifier ces présences, mais qui visent aussi, en corollaire, à leur assigner une place voire à les congédier car, on le verra, convoquer les morts et échanger avec eux peut être tout autant un moyen de nourrir leur présence que de la réguler pour résoudre ou éviter des problèmes de hantise. Pour ce faire, les articles de ce numéro décrivent et analysent comment sont choisis, définis ou construits des véhicules permettant de présentifier les morts au sein de cérémonies ou pratiques rituelles, avec une attention particulière pour la manière dont ces objets sont partie prenante de rites dont ils permettent la réalisation et qui les façonnent également en retour.
La perspective de ce numéro se place au croisement de deux problématiques. Il s’inspire d’une part des réflexions sur la présence agissante des morts[7] avec une approche pragmatique des relations qui s’établissent avec les vivants[8]. Toutefois, il s’attache aux cas où la présence des morts n’est pas spontanée, mais s’inscrit dans un travail des vivants passant par la création d’ancrages matériels et de techniques. Il s’appuie donc aussi sur l’attention nourrie depuis plusieurs décennies pour la matérialité et à la sensorialité en contexte religieux, tant en histoire qu’en anthropologie[9], en particulier quand elle permet d’interroger « la place de la matérialité dans les pratiques d’échange avec les invisibles[10] » et comment ces objets sont mêlés à des actions et pratiques qui les définissent mais qu’eux-mêmes conditionnent[11]. Par ce croisement, ce numéro explore les divers effets sur les morts des véhicules déployés par les vivants pour les présentifier. Au-delà des échanges avec eux, comment les formes particulières – plus ou moins matérielles – de ces véhicules interviennent-elles dans les possibilités qu’ont les vivants d’agir sur leurs relations avec les morts ?
À partir d’enquêtes menées en Chine, en Corée, au Japon et dans les îles Mariannes, les six contributions de ce numéro proposent des études anthropologiques ou historiques d’artefacts et de techniques, de véhicules, facilitant les relations entre vivants et morts. La plupart des cas retenus s’inscrivent dans des contextes rituels, voire religieux. Au regard de ce que nous venons d’évoquer sur la distance qui est traditionnellement cultivée dans les milieux lettrés en Asie pour les descriptions du monde des morts jugées trop détaillées ou contraires à l’ordre social, il est significatif que l’ensemble des contributions rassemblées ici décrivent des pratiques socialement périphériques (statues d’ancêtres en Chine, cérémonies chamaniques, légendes, installations bouddhiques de divertissement, etc.). Quatre axes principaux traversent ces travaux et interrogent l’emploi et la finalité des divers véhicules des morts, la place qu’y occupent la matérialité, ainsi que la sensorialité et, enfin, le devenir de ces artefacts. Le « Regard extérieur », proposé par Caroline Callard à la fin du volume, se place en contrepoint à ces terrains et matériaux asiatiques. Regard extérieur à double titre, il présente comment les véhicules des morts chinois ont été vus en Europe au xvie siècle et les jeux de miroirs que cette rencontre a suscité. Il souligne combien les descriptions de rites dédiés aux ancêtres qui ont alors circulé ont éveillé des échos familiers parmi ces humanistes préoccupés par les « pouvoirs de la représentation » et imprégnés de culture antique romaine.
Emploi et finalité des divers véhicules des morts
Intensifier la présence des morts, mais pourquoi ? Les contributions de ce numéro décrivent diverses pratiques qui rendent les morts plus accessibles à la sensorialité des vivants, et ceci dans des buts qui débordent la simple communication entre les deux mondes. Elles soulignent en effet comment les véhicules facilitant la présence des morts permettent aussi de modifier les relations que les vivants entretiennent avec eux. Dans plusieurs légendes chinoises que présente Lei Yang, la mise en valeur de cloches où des défunts font entendre leur voix étend leur réseau social de la sphère de leur famille à celle, plus large, de la communauté. Inversement, un autre récit évoque la réduction au silence d’une de ces cloches comme une tentative pour marginaliser le mort – dangereusement populaire – qui s’y exprimait.
Plus généralement, les cas présentés montrent la proximité entre la convocation des morts et la résolution de problèmes de hantise. Dans les contextes rituels analysés par Laurel Kendall, Ellen Schattschneider et Kim Seong Nae, l’élaboration de véhicules sert avant tout à faire venir les morts pour les fixer temporairement quelque part, de manière à ce qu’ils puissent offrir une plus grande prise à l’action des vivants. Dans les cérémonies décrites par Laurel Kendall, les vêtements deviennent littéralement des moyens de transport pour les âmes : ils peuvent être sortis d’une maison ou brûlés pour congédier les morts qu’ils ont attirés, une fois que des retrouvailles et négociations ont pu se tenir avec les vivants ; ils vont même jusqu’à jouer le rôle d’appâts ou de leurres pour détourner un mort d’un proche, que sa proximité risque de blesser. D’une manière comparable, un bâton d’encens permet de rapatrier une âme depuis les îles Mariannes jusqu’à Okinawa dans un des cas présentés par Ellen Schattschneider. Enfin, de façon plus indirecte, face aux traumatismes du massacre de Cheju analysé par Kim Seong Nae, l’établissement de différents artefacts (pierres tombales, inscription de noms) contribue à normaliser les rites pour des morts jusque-là non reconnus. Les vivants peuvent ainsi passer de la hantise à une relation sur laquelle ils ont une plus grande prise, où les morts sont nourris mais aussi tenus à distance. Les véhicules des morts n’aident donc pas seulement à leur présentification : en suppléant à la matérialité qui fait défaut à leurs âmes, ils les réancrent dans un monde accessible aux vivants et, souvent le temps d’un rite, rendent possible des actions qui les transforment.
Quelle place pour la matérialité ?
Si la recherche de matérialité dans les relations avec les morts est un fil rouge du numéro, il faut toutefois ajouter que cette dernière est à chaque fois problématique. Tout d’abord, les différents articles montrent que le corps, comme matérialité d’un mort, est loin d’avoir la prééminence quand il s’agit d’en assurer la présence. Kim Seong Nae décrit par exemple comment la présence du nom ou de la biographie sur une pierre tombale concurrence la matérialité de la dépouille, dans un contexte où ils ne sont pas situés au même endroit, et provoque un éparpillement de la présence du mort douloureusement ressenti par ses proches. Les différentes contributions de ce numéro montrent par ailleurs que la matérialité corporelle du mort ne domine pas les autres supports de sa présence. Les véhicules des morts, qui viennent leur apporter un ancrage matériel dans le monde des expériences sensibles, soulignent généralement la distance avec les formes corporelles de présence des vivants. En particulier, ils se dispensent le plus souvent d’imiter l’apparence visuelle des vivants. Malgré tout, la recherche dans les rites d’une forme matérielle pour la personne des morts met souvent en jeu la question de leur représentation – au sens d’une imitation – et ses relations avec la présentification. La contribution d’Alain Arrault montre ainsi que la tension entre représentation et présentification, décrite notamment par Jean-Pierre Vernant pour l’Antiquité grecque[12], est cruciale dans l’histoire chinoise. Celle-ci est ponctuée de controverses sur le statut à accorder à la représentation et la mimesis de l’apparence des ancêtres dans le cadre des cérémonies d’offrandes, ou sur les procédés par lesquels une personne décédée sera rendue la plus présente. Alain Arrault décrit comment l’arbitrage entre les statues représentant des ancêtres et les tablettes où figurent leurs noms laisse parfois place à des innovations (pas forcément suivies de postérité), comme par exemple celle d’un lettré qui a choisi d’ajouter sur l’autel les écrits issus de la main de son père. Dans un mouvement inverse, Mary Picone analyse le cas de réalisations en trois dimensions des enfers bouddhiques par des moines-entrepreneurs à des fins d’édification et de divertissement. La matérialité et l’exubérance visuelle de la représentation des morts et des enfers semblent alors prendre le dessus sur tout enjeu de présentification. Beaucoup de visiteurs s’y rendent pour s’amuser, comme ils prendraient place dans le train-fantôme d’un parc d’attraction.
À partir du moment où l’artefact ne représente pas le mort mais vise surtout à convoquer sa présence, l’élaboration d’une présence matérielle d’un mort peut donc prendre une grande diversité de formes : paysage, nom, vêtement, cloche, corps d’une personne vivante, ou encore geste. Elle peut même emprunter des formes sensibles, mais généralement intangibles et invisibles, comme le son. Les différents textes nous invitent donc aussi à interroger les relations entre matérialité, sensorialité et présence. Comment et jusqu’où les vivants ressentent-ils que tel ou tel mort est bien présent ? L’intensité de la présence des morts varie selon les contextes rituels. Dans les cas analysés par Ellen Schattschneider, ces présences se devinent par des rêves ou par le rappel, à travers un geste, la reconstitution (reenactment) du souvenir incorporé d’un mouvement. Dans les légendes étudiées par Lei Yang, la présence devient impalpable. Ce sont des cloches qui émettent des sons particuliers dans lesquels certains ou certaines entendent la voix d’une personne sacrifiée pour la construction même de la cloche, dans une forme de présence que l’auteur qualifie d’« audible mais invisible ». Dans les cérémonies chamaniques décrites par Laurel Kendall, où les chamanes donnent corps aux ancêtres, ceux-ci affichent au contraire leur présence de manière directe et franche, dans la multi sensorialité d’interactions chaleureuses et corporelles, calquées sur celles qu’on entretient entre vivants.
Les devenirs de ces artefacts
Parmi la diversité des artefacts et procédures qui visent à intensifier la présence des morts et à les rendre accessibles à la sensorialité des vivants, aucun ici n’est établi d’une manière définitive. Certains sont détruits à l’issue de la cérémonie, comme les vêtements rituels. D’autres s’inscrivent dans la durée, comme les tablettes et les statues, ou encore les pierres tombales. Tous, cependant, finissent par rencontrer des crises ou, a minima, des réaménagements. Kim Seong Nae montre à ce sujet que le changement politique en Corée du Sud s’est accompagné d’une évolution – souvent difficile – du statut des morts du massacre de Cheju et donc d’une transformation de leur ancrage matériel. Des mémoriaux ont été créés, des exhumations collectives suivies de réinhumations mises en œuvre, des morts anonymes ont été identifiés et parfois les dépouilles de disparus ont été mises au jour. Malgré tout, d’importantes tensions demeurent, notamment en ce qui concerne le manque de reconnaissance de certaines victimes ; et leurs descendants contestent les velléités de contrôle des morts par l’État sous la forme de mémoriaux, en contestant notamment la multiplication – dénoncée comme induisant un éparpillement – des supports de présentification. Ici, cette pluralité de véhicules pour un même mort illustre et accompagne un problème politique, mais elle peut avoir une portée et des conséquences différentes. Dans le cas présenté par Alain Arrault, au contraire, la pluralité de véhicules ne produit pas d’éparpillement : elle correspond à une différence, parfois à une évolution, dans le type de cérémonies auquel ils participent, en particulier entre cultes privés et cultes publics. Si certains morts se voient associés une pluralité d’artefacts facilitant leur présence, d’autres au contraire perdent ces supports, par exemple s’ils sont laissés à l’abandon par les vivants. Ce manque de soins peut être temporaire comme dans un des cas présentés par Ellen Schattschneider, où un fermier est enjoint par des rêves récurrents de s’occuper d’un temple délaissé et des morts qui l’environnent. Le délaissement par les vivants de ce qui avait été utilisé comme véhicule des morts ne signifie d’ailleurs pas que la présence de ces derniers disparaisse de concert, loin s’en faut. Mary Picone souligne que c’est justement quand les représentations de divertissement volontiers kitsch des enfers sont délaissées et tombent en ruine qu’elles suscitent le plus de sentiment de présence, devenant alors les supports hantés d’histoires et de rumeurs de fantômes.
En abordant les relations entre vivants et morts à partir des pratiques, dans leurs dimensions concrètes, les différentes contributions de ce numéro permettent de faire ressortir des similarités ou des questionnements partagés dans la présentification des morts, à l’échelle de l’Asie orientale, par-delà la pluralité des contextes locaux et l’hétérogénéité des systèmes rituels qui sont mobilisés par les acteurs. Elles montrent comment le recours à divers véhicules des morts traverse les distinctions entre les rites dits populaires et ceux qui sont dits lettrés. Surtout, elles mettent en relief qu’au-delà de leurs fonctions de présentification, ces différents véhicules ont des caractéristiques matérielles diverses, qui possèdent chaque fois leur manière propre d’intervenir sur l’interaction entre vivants et morts.
Glossaire
chesa 祭祀
choŭn kos-ŭro 좋은 곳으로
Chugŏ poaya chŏsŭng’ŭl anda[alchi] 죽어 보아야 저승을 안다[알지]
kut 굿
mudang 巫堂
Références
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[1] Ce projet a bénéficié du soutien du projet ANR Cortem « Les corps-témoins. Pour une sociologie politique du traitement des restes humains (ANR-18-CE41-0002) », du laboratoire « Chine Corée, Japon » (CNRS-EHESS-UPCité) et du Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale (CNRS-EPHE-Collège de France-UPCité). Je tiens à remercier également, en plus du comité de rédaction d’Extrême-Orient, Extrême-Occident, les personnes intervenues à différents stades de l’élaboration de ce numéro : Bénédicte Brac de la Perrière, Grégory Delaplace, Nicolas Fischer, Justine Guichard, Marie-Paule Hille, Milena Jakšić, Carolina Kobelinsky et Isabelle Sancho. Ce numéro est dédié à Alexandre Guillemoz (1941-2021), qui a constamment attiré notre attention sur l’importance des objets – des sonnailles aux hache-paille – pour les mudang (chamanes) et les esprits.
[2] Les catholiques sud-coréens ont adopté, avec quelques adaptations, le rite de l’offrande de nourriture aux ancêtres depuis qu’ils y sont autorisés par le Vatican en 1939. Les églises protestantes y demeurent généralement opposées, mais certains protestants le pratiquent, en l’accompagnant de lectures de la Bible et de chants chrétiens.
[3] Janelli & Yim 1982 : 85.
[4] Walraven 1991.
[5] En Corée, cette expression fait généralement référence au Paradis de la Terre pure bouddhique.
[6] Kendall 2021a.
[7] Despret 2015 et 2019 ; Crossland 2017.
[8] Claverie 1990 et 2003; Delaplace 2018 et 2022.
[9] Kendall 2021b; Meyer et al. 2010; Morgan 2010. Une revue scientifique Material Religion a été créée en 2005, ainsi qu’une collection « Bloomsbury Studies in Material Religion » en 2018.
[10] Dittmar et al. 2018 : 13‑14.
[11] Brouillet & Carastro 2018.
[12] Vernant 2007 [1965] et 2007 [1983].